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ANNONCIATION


-159.

Plan de la Santa Casa de Lorette.

ABGD Murs de la Santa Casa. E Fenêtre de l’ange. F Sainte-Camine. G Autel.

succès ; les éditions elles traductions se multiplièrent. Sur ses affirmations s’appuient les défenseurs modernes de la translation miraculeuse, comme A. Caillau, Histoire critique de Notre-Dame de Lorette, in-12, Paris, 1843 ; Milochau, De l’authenticité de la maison de Lorette, in-12, Tournai, 1881, et La sainte maison de Lorette, in-12, Tournai, 1881 ; Grillot, Sainte maison de Lorette. in-8o, Paris, 1873 ; Gosselin, Instructions sur les principales fêtes de l'Église, Paris, 1861, 3 in-12, t. iii, p. 387-462.

Telle qu’on la voit actuellement, la Santa Casa (fig. 159) est une chambre de 9 m 53 de long sur 4 m 17 de large et 4 m 30 de haut. Les murs ont une épaisseur de 38 centimètres ; ils sont bâtis en pierres taillées, inégales, liées ensemble avec du ciment. La couleur rougeàtre de ces pierres leur donne un aspect qui, au premier abord, rappelle la brique. Primitivement, la sainte maison n’avait qu’une seule porte assez large, située sur la façade nord : elle est maintenant murée : la poutre de sapin qui servait d’architrave a été conservée comme un souvenir de l’ancienne disposition. Trois autres portes ont été alors percées pour faciliter le service de la sainte chapelle et la circulation des pèlerins. Une petite ouverture, haute d’un mètre environ, pratiquée à l’ouest, est appelée fenêtre de l’Ange. À l’est, dans le fond, se voit un renfoncement de l m 38 de hauteur sur 76 centimètres de largeur et 16 centimètres de profondeur : il a reçu le nom de Sainte-Camine, parce qu’on le prenait pour une antiq’ue cheminée ou foyer. Mais on sait qu’en Orient les maisons n’avaient pas de cheminée. Ce renfoncement, pour les défenseurs de la tradition, serait plutôt une ancienne porte, qui aurait été fermée dans la moitié de l'épaisseur du mur, à l'époque où cette chambre vénérable fut transformée en sanctuaire ? Audessus de la Sainte-Camine est placée une statue de la Vierge en bois de cèdre ; en face, le riche autel actuel

le siège de Jérusalem par les croisés, elle fut saccagée, i mais non détruite : car Sœvulf, en 1103, l’admire encore. Un archevêché fut érigé à Nazareth, et la maison du prélat fut adossée au mur septentrional de la basilique. Les croisés firent même à celle-ci des travaux d’embellissement, dont on voit quelques vestiges dans la cour du couvent. En 1213, saint François d’Assise ; en 1251, saint Louis, allèrent y prier ; mais, peu de temps après, en 1263, elle fut renversée par le sultan Bibars-Bondokhar et ses hordes sauvages.

D’après une tradition, dont les premières traces n’apparaissent qu’en 1525, la maison de la Vierge, qui y était renfermée comme dans un vaste reliquaire, serait restée debout. En 1291 pour la conserver à son Église, Dieu fait un grand miracle ; les anges la détachent de ses fondements et la transportent à Tersacte en Dalmatie, puis à Lorette en Italie. C’est le fond du récit publié par l’historien principal de Lorette, Horace Torsellini, S. J. qui fit paraître son volume, Laurelanse historiée libri quinque, en 1597. Il eut un immense

Nord

H Ancienne porte murée. IJ Portes de la chapelle. K Porte donnant accès à la Sainte-Camine.

renferme l’ancien, en pierres de taille, d’une très grande simplicité : la statue et l’autel primitif auraient été transportés de Nazareth avec la sainte maison.

Après la translation, selon le même récit, les fondements de la Santa Casa restèrent visibles à Nazareth. On aurait envoyé en 1291, en 1295 et en 1297, des députés de Dalmatie et d’Italie pour les mesurer, étudier la nature des pierres et se convaincre de leur parfaite conformité avec celles de la sainte demeure. Les Franciscains revinrent, dès 1300, s'établir à Nazareth ; pendant les siècles suivants, expulsés deux fois, ils revinrent sans se décourager, attendant toujours le moment propice à la réédification du sanctuaire. Les pèlerins continuaient de venir vénérer, au milieu des ruines, l’emplacement de la sainte maison et la grotte qui y était attenante. En 1336, Guillaume Baldinsel rapporte

A Grotte.

B Pièce à voûte d’arêtes.

C Chapelle de l’ange.

D Escalier conduisant dans

l'église actuelle. E Arrière-grotte. F Escalier descendant de

la sacristie. H Escalier conduisant a.

l’arrière-grotte E, et

à l’escalier F. R Rocher. ^ - v ^^

S Substructions modernes Π^/, .*

du chœur de l'église. *-' '* (La teinte noire désigne les constructions et les colonnes antiques, la teinte grise les constructions récentes.)

160. — Plan de la crypte de l'église de l’Annonciation à Nazareth. D’après M. de Vogué.

que de la grande et magnifique église, presque entièrement détruite, « il reste cependant une petite place centrale, recouverte et gardée avec le plus grand soin par les Sarrasins. On assure que c’est là, ajoute-t-il, près d’un endroit marqué par une colonne de marbre, que s’est accompli le mystère de la conception divine. » Baldinsel, Hodœporicon ad Terrain Sanctam, dans H. Canisius, Antiquse lecliones, in-4o, Ingoldstadt, 1604, t. v, part. 2, p. 136. Enfin, en 1620, Thomas de Novare, gardien des saints lieux, obtint de l'émir Fakhr-eddin la restitution de l’emplacement du sanctuaire et la permission de le reconstruire. Avant de l'élever, il voulut vérifier si les dimensions de la Sanla Casa cadraient bien avec la place qu’elle occupait à Nazareth ; il eut la joie de le constater. De plus, dit Quaresmius (Elucidatio Terrée. Sanclse, in-f°, Venise, 1881, t. ii, 1. VII, p. 620), on trouva toutes les substructions de la basilique primitive. De même, « il y a quelques années (voir Guérin, Galilée, t. i, p. 86), les Franciscains, en pratiquant des fouilles dans leur jardin, ont retrouvé plusieurs colonnes de granit et des arasements de gros murs ayant appartenu à cette ancienne basilique. » Il n’j a donc pas de doute, le couvent des R. P. Franciscains renferme bien l’emplacement de la basilique élevée au IVe siècle.

L'église élevée, en 1620, sur les ruines delà basilique antique, fut bientôt saccagée et livrée aux flammes (1638). Ce ne fut qu’en 1730 que l'édifice fut restauré et subit les remaniements considérables qui en ont fait le sanctuaire actuel. Il a vingt et un mètres de long sur quinze de large, et est dirigé, non plus de l’ouest à l’est,