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ANCIENS — ANCRE

probabilité, à titre d’anciens. Il est à croire qu’ils ne furent convoqués ni l’un ni l’autre à la séance dans laquelle Notre-Seigneur fut condamné à mort. Ils n’auraient pas manqué de faire entendre une protestation dont l'Évangile eût gardé le souvenir.

Dans les Actes et les Épîtres. — Le Nouveau Testament réservait à la dignité d’ancien des destinées plus glorieuses. L'Église, dès sa naissance, a des πρεσϐύτερους, seniores ou majores natu. Act, xi, 30 ; xv, 4, 6 ; xx, 17, etc. Mais ce sont des chefs spirituels remplissant les fonctions sacrées : ils prennent part au concile de Jérusalem et promulguent le décret avec les Apôtres, Act., xv, 23, 41, ils administrent les sacrements, Jac, v, 14, dirigent les églises particulières, Tit., 1, 5, etc. En un mot, ce sont des prêtres, par conséquent des ministres sacrés dont les fonctions sont bien différentes de celles des anciens. Voir Prêtres.

Dans l’Apocalypse. — Vingt-quatre vieillards ou « anciens » occupent des trônes dans le ciel autour du trône de l’Agneau, Apoc, iv, 4 ; xix, 4. Ils se prosternent devant lui, et offrent dans des coupes d’or les prières des saints, v, 8. L’un d’eux parle à saint Jean pour lui expliquer ce qu’il a sous les yeux, v, 5 ; vii, 13. La cité céleste est conçue par l'écrivain sacré à l’image de la cité terrestre. Il est donc naturel que le Roi du ciel ait autour de lui des anciens. Ces anciens sont des πρεσϐύτεροι, à la fois vieillards et prêtres, comme l’indiquent la place qu’ils occupent et les fonctions qu’ils remplissent. Ils représentent en général la totalité des élus, et plus spécialement les douze patriarches, chefs des douze tribus de l’ancien peuple, et les douze Apôtres, chefs du peuple nouveau. Apoc. xxi, 12-14.

H. Lesêtre.

4. ANCIEN TESTAMENT, nom donné, par opposition au Nouveau Testament : 1° à l’ancienne loi et à l’histoire du peuple de Dieu avant la venue du Messie ; 2° aux livres inspirés et canoniques antérieurs à Jésus-Christ. Voir Testament 1.

1. ANCILLON Jean-Pierre-Frédéric, pasteur protestant français à Berlin, né dans cette ville, le 30 avril 1766, mort le 10 avril 1837. Il descendait de David Ancillon (1617-1692), qui était pasteur de Metz, d’où il était originaire, lors de la révocation de l'édit de Nantes, et qui se réfugia alors à Francfort (1685) et puis à Berlin. Les fils de David occupèrent une place importante parmi les réfugiés français en Prusse. Jean-Pierre-Frédéric, son arrière-petit-fils, fut nommé professeur à l’académie militaire de Berlin, après avoir terminé ses études théologiques. Il fut en même temps prédicateur à l'église française protestante de cette ville. Le succès de ses sermons attira sur lui l’attention du roi de Prusse, qui, en 1806, lui confia l'éducation du prince royal. En 1825, il devint ministre des affaires étrangères, et conserva cette dignité jusqu'à sa mort, en 1837. Il était aussi membre de l’académie des sciences de Berlin. Parmi ses ouvrages, nous n’avons à signaler que son Discours sur la question : Quels sont, outre l’inspiration, les caractères qui assurent aux Livres Saints la supériorité sur les livres profanes ? in-8°, Berlin, 1782, ouvrage estimé, quoique un peu superficiel. Voir Haag, La France protestante, t. i, p. 90 ; Mignet, Notice historique sur la vie et les travaux d’Ancillon, dans les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, 1850, t. VI, p. 59-85.

2. ANCILLON Louis-Frédéric, petit-fils de David et père de Jean-Pierre-Frédéric, prédicateur protestant français à Berlin, né dans cette ville, le 30 avril 1767, mort en 1814, a laissé entre autres écrits : Tentamen in Psalmo sexagesimo octavo denuo vertendo, in-8°, Berlin, 1797. Voir Barbier, Dictionnaire des anonymes, au titre Tentamen ; Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopädie, au mot Ancillon.

ANCRE (ἄγϰυρα, anchora). On appelle ainsi l’instrument de fer, à un ou plusieurs crochets, qu’on laisse tomber, à l’aide d’un câble, au fond de l’eau, pour retenir les navires. Les Hébreux ne furent jamais un peuple de navigateurs ; cependant les choses de la mer occupent une certaine place dans leur littérature, et si l’Ancien Testament ne mentionne nulle part les ancres, c’est moins peut-être parce que l’occasion ne s’en est pas présentée, que parce que cet instrument n'était pas encore inventé. Dans Homère il n’est question que des εὔναί, c’est-à-dire de ces pierres qui par leur poids servaient à fixer les navires. Longtemps aussi les Phéniciens employèrent de simples objets pesants dans le même but. L’ancre a une seule dent d’abord, cf. Pollux, i, 9, puis à deux bras (ἀμφίστομος), paraît être une invention des Grecs. Dans l’hébreu postbiblique, il n’y a pas non plus de nom sémitique pour l’ancre ; le ʿuggin de la Mischnâ, Bababathra, v, 1, comme le ʿuqinos et ʿuqinâ de la version syriaque, ne sont que des transcriptions du grec ô'yxr], oyxivo ; , crochet. Dans le Nouveau Testament il est fait mention de l’ancre en deux passages : dans l’un, au sens propre, Act., xxvii, 29, 30, 40, et dans l’autre, au figuré, Hebr., vi, 19.

[Image à insérer]

137. — Ancre Jetée de l’aplustre.
D’après un bas-relief du musée du Capitale, a Home.


I. Le passage des Actes nous reporte au moment le plus critique du naufrage de saint Paul dans son voyage de Césarée à Rome ; on est à la quatorzième nuit depuis que le navire, perdu dans la tempête, va à la dérive dans l’Adria, sans que l’on puisse se reconnaître. Tout à coup, sans doute avertis par le bruit de quelques brisants, qu’une oreille exercée sait distinguer du mugissement ordinaire de la tempête, « les matelots, vers le milieu de la nuit, crurent (ὕπενόσυν) qu’ils approchaient de quelque terre. Ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses, et un peu plus loin quinze. Alors craignant de donner contre quelque écueil, ils jetèrent de la poupe quatre ancres, et ils souhaitaient que le jour se fît. » Act., xxvii, 27-29. Les ancres jetées de la poupe, sans autre explication, voilà un des nombreux traits qui dans ce récit décèlent le témoin oculaire. Un auteur qui aurait écrit d’imagination s’en serait tenu à la donnée ordinaire : anchora de prorā jacitur, Virgile, Æn., III, 277 ; il ne s’en écarterait pas au moins sans en indiquer la raison. La situation seule justifie cette manœuvre. La sonde avait montré que le fond se relevait brusquement ; en jetant les ancres de l’arrière, on empêchait aussitôt le vaisseau d’aller plus avant. En outre, « mouiller au moyen des ancres de l’avant, dit un homme habitué à la mer, c’eût été forcer le navire à venir présenter l’avant au vent, et ce mouvement tournant qu’on