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ANCESSI — ANCIENS

guistique dans les Actes de la Société philologique : Études de grammaire comparée. L’S causatif et le thème M dans les langues de Sem et de Cham, t. iii, 1873-1874, p. 51-148 ; La loi fondamentale de la formation bilitère ; les adformantes dans les langues sémitiques, ibid., 1874, t. iv, p. 1-72 ; Le thème M dans les langues de Sem et de Cham, ïbid., p. 95-144.

F. Vigouroux.

1. ANCIEN DES JOURS, nom donné à Dieu par Daniel, vii, 9. « Je regardais, dit le prophète dans une de ses visions, jusqu'à ce que des trônes furent placés, et l’Ancien des jours (chaldéen : ʿAṭiq yômin, Septante : Παλαιὸς ἡμερῶν ; Vulgate : Antiquus dierum) s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige et les cheveux de sa tête comme de la laine mondée, » c’est-à-dire sans doute semblables aux cheveux des grands personnages chaldéens, qui étaient bien peignés et frisés comme de la laine (fig. 136).


136. — Roi assyrien. D’après Botta, Monument de Ninive, pl. 105.

« L’Ancien des jours » est nommé encore Dan., vii, 13, 22. Le titre que le prophète donne à Dieu dans cette vision où il nous montre la fragilité et la caducité des plus grands empires du monde, convient parfaitement au Maître « éternel » qui règne sans commencement ni fin. Assis sur son trône, il assiste à toutes les révolutions qui bouleversent la terre ; il confie son pouvoir au « Fils de l’homme », le Messie, et il prononce sans appel des jugements auxquels les plus puissants monarques eux-mêmes doivent se soumettre. Dan., vii, 13-14, 22, 26. La description graphique de Daniel peint si bien le Père éternel, que l’art chrétien s’en est emparé pour représenter la première personne de la Sainte Trinité.

2. ANCIENNE (PORTE). Hébreu : šaʿar yešânâh ; Septante :πύλη ἰασαναΐ ; Vulgate : porta vetus, II Esdr., iii, 6 ; porta Antiqua, II Esdr., xii, 38 (hébreu, 39). Porte de la ville de Jérusalem qui fut construite, du temps de Néhémie, par Joîada, fils de Phasca, et par Mosollam, fils de Besodia. II Esdr., iii, 6. Elle est appelée Ancienne, sans doute parce qu’il y avait eu autrefois une porte de la ville à l’endroit où elle fut reconstruite. Plusieurs l’identifient avec la porte qui est appelée « Porte de Benjamin », Jer., xxxvii, 12 ; xxxviii, 7 ; Zach., xiv, 10. La porte Ancienne est nommée une seconde fois, II Esdr., xii, 38 (39), dans la description de la procession solennelle qui fut faite à l’occasion de la dédicace des murs de Jérusalem. Cette porte était située au nord de la ville. Voir Jérusalem.

3. ANCIENS (hébreu : zeqênîm, vieillards ; Septante : πρεσϐύτεροι ; Vulgate : seniores ou majores natu). Ce mot n’implique pas seulement l’idée de grand âge. Cf. Vieillards. Il s’applique, dans la Bible, à une classe de personnages investis d’une autorité plus ou moins étendue, suivant les époques. En ce sens, le titre d’ancien est d’origine patriarcale : l’aïeul était le chef naturel de la famille qui se développait autour de lui. Quand plusieurs familles patriarcales furent amenées à se réunir, les chefs de ces familles formèrent un conseil d’anciens. Les intérêts communs étaient ainsi mis sous la sauvegarde de la sagesse, de l’expérience, de la maturité des vieillards, et les décisions de ces derniers étaient acceptées avec respect. « Bientôt cependant, surtout lorsque le contact avec d’autres sociétés civiles eut amené des luttes pour la prééminence ou pour la possession des territoires, ce ne furent plus les vieillards qui durent être jugés les plus aptes à gérer les affaires publiques. On dut leur préférer des hommes d’un âge mûr, mais n’ayant rien perdu de la vigueur qu’on regardait comme offrant plus de garanties pour le maintien et le développement de la prospérité sociale. Le terme primitif ne fut pas moins conservé, surtout sous la forme collective γερουσί, πρεσϐύτιϰον, en latin senatus, pour désigner soit l’assemblée des chefs qui administraient la cité, soit un conseil officiel dont ils avaient à prendre l’avis dans les affaires d’une grande gravité. » De Smedt, Congrès scientifique des catholiques, 1889, t. ii, p. 303. Sous le nom d’anciens, l’idée d’autorité se substitua donc assez vite à celle de vieillesse. Ce titre désigne déjà une fonction chez les Égyptiens, Gen., xxiv, 2 ; L, 7 ; chez les Moabites et les Madianites, Num., xxii, 4, 7, etc.

I. Histoire des anciens dans l’Ancien Testament. — 1° Depuis l'époque patriarcale jusqu'à l'époque des rois. — Sous le gouvernement des pharaons, les Hébreux avaient conservé et développé leur organisation patriarcale. Dans la terre de Gessen, ils avaient des anciens qui exerçaient l’autorité sur le peuple, et auprès desquels le Seigneur envoya Moïse, quand il lui imposa sa mission. Exod., iii, 16 ; iv, 29 ; xii, 21. La tradition juive croyait que ce corps d’anciens était officiellement constitué ; c’est pourquoi les Septante emploient dans les deux premiers passages le mot γερουσία, « sénat. » Au désert, les anciens furent comme les représentants du peuple et les intermédiaires entre Moïse et la multitude. Ils sont appelés pour être témoins des miracles, Exod., xvii, 6, interviennent dans certains sacrifices, Levit., iv, 15, et sont comme un moyen de communication entre Moïse et les tribus. Exod., xix, 7. Cependant ils ne paraissent point exercer une grande autorité, car tous les différends sont portés devant Moïse, au point de l’accabler. C’est alors que sur le conseil de Jéthro, son beau-père, le législateur établit des juges à la tête de mille, de cent, de cinquante et de dix chefs de famille, pour rendre la justice dans les cas ordinaires. Beaucoup de ces juges furent naturellement choisis parmi les anciens. Ceux-ci subsistèrent cependant avec leur nom et leurs attributions d’autrefois ; ainsi, sur le point de remonter au Sinaï, Moïse ordonne que soixante-dix anciens accompagnent Aaron et ses fils sur le flanc de la montagne, et s’y mettent en adoration. Exod., xxiv, 1.

C’est un peu plus tard seulement que le Seigneur commande à Moïse de rassembler soixante-dix hommes parmi