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conditorem rectoremque rerum omnium, eumdem esse Scripturarum auctorem : nihil propterea ex rerum natura, nihil ex historiæ monumentis colligi posse quod cum Scripturis rêvera pugnet. Si quid ergo tale videatur, id sedulo submovendum, tum adhibito prudenti theologorum et interpretum judicio, quidnam verius verisimiliusve habeat Scripturæ locus, de quo disceptetur, tum diligentius expensa argumentorum vi, quæ contra adducantur. Neque ideo cessandum, si qua in contrarium species etiam tum resideat ; nam, quoniam verum vero adversari haudquaquam potest, certum sit aut in sacrorum interpretationem verborum, aut in alteram disputationis partem errorem incurrisse : neutrum vero si necdum satis appareat, cunctandum interea de sententia. Permulta enim ex omni doctrinarum genere sunt diu multumque contra Scripturam jactata, quae nunc, utpote inania, penitus obsolevere : item non pauca de quibusdam Scripturæ locis (non proprie ad fidei morumque pertinentibus regulam) sunt quondam interpretando proposita, in quibus rectius postea vidit acrior quædam investigatio. Nempe opinionum commenta delet dies : sed « veritas manet et invalescit in æternum[1] ». Quare, sicut nemo sibi arrogaverit ut omnem recte intelligat Scripturam, in qua se ipse plura nescire quam scire fassus est Augustinus[2], ita, si quid inciderit difficilius quam explicari possit, quisque eam sumet cautionem temperationemque ejusdem Doctoris : « Melius est vel premi incognitos sed utilibus signis, quam inutiliter ea interpretando, a jugo servitutis eductam cervicem laqueis erroris inserere[3]. »

Consilia et jussa Nostra si probe verecundeque erunt secuti qui subsidiaria hæc studia profitentur, si et scribendo et docendo studiorum fructus dirigant ad hostes veritatis redarguendos, ad fidei damna in juventute præcavenda, tum demum lætari


partant, que rien, ni dans la nature, ni dans les monuments de l’histoire, ne peut vraiment contredire les Écritures. Que si quelque contradiction de ce genre nous semble apparaître, écartons-la avec soin, soit en demandant au sage jugement des théologiens et des interprètes le sens plus vrai ou plus vraisemblable du passage en question, soit en soumettant à un examen plus attentif la valeur des arguments qu’on oppose à l’encontre. Et il ne faudrait pas s’arrêter, lors même que les contradictions apparentes persisteraient : comme le vrai ne peut jamais être opposé au vrai, que l’on tienne pour certain que l’erreur a dû s’introduire, soit dans l’interprétation du texte sacré, soit dans quelque autre partie de la discussion : et si, ni d’un côté ni de l’autre, cela ne peut encore assez se constater, il faut, en attendant, suspendre son jugement.

Combien d’objections, en effet, dont les divers ordres de sciences ont fait longtemps grand bruit contre les Écritures, et qui, reconnues sans valeur, sont aujourd’hui tombées dans l’oubli ! De même, au sujet de certains passages des Écritures (qui ne touchaient pas directement, il est vrai, à la règle de la foi et des mœurs), combien d’interprétations que l’on proposait, et qu’un examen plus attentif a dû réformer dans la suite ! Le temps, en effet, emporte les erreurs de l’opinion ; mais « la vérité demeure et se fortifie éternellement ». Personne ne peut avoir la prétention de comprendre parfaitement un livre, dans lequel saint Augustin lui-même avoue qu’il ignorait beaucoup plus de choses qu’il n’en savait ; c’est pourquoi s’il se présente des difficultés que l’on ne peut résoudre, que chacun s’approprie le sage procédé du même docteur : « Mieux vaut se courber sous des signes, utiles toujours lors même qu’on les ignore, que de s’exposer, par des interprétations inutiles, à embarrasser dans les filets de l’erreur une tête affranchie du joug de la servitude. »

Qu’ils suivent avec respect et droiture Nos conseils et Nos recommandations, ceux qui s’occupent de ces sciences subsidiaires ; qu’ils s’efforcent, dans leurs écrits et leur enseignement, d’employer les résultats de leurs études à réfuter les ennemis de la vérité et à empêcher chez les jeunes gens la perte de la foi : ils pourront alors se féliciter d’avoir dignement mis leur travail au service des Saintes Lettres et d’avoir

  1. III Esdr., iv, 38.
  2. Ad Januar. ep. lv, 21.
  3. De doct. chr. iii, 9, 13.