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AMALÉCITE — AMAMA


dans l’histoire le cours de cette malédiction, que reprend sous une autre forme Bulaam, Num., xxiv, 20, et que répète le Deutéronome, xxv, 17-19, en recommandant à Israël d’accomplir cette menace : prescription bien étrange, surtout au milieu des dispositions législatives qui l’entourent, si le Deutéronome n’avait été composé qu’à l’époque de Josias, quand Amalec n’existait plus depuis bien longtemps, comme nous le verrons. L’allusion est d’autant plus remarquable, qu’en traits rapides elle caractérise exactement l’attaque de ces hordes pillardes du désert. Au contraire, dans les développements d’un âge postérieur, dans la prière du grand prêtre Éliachim, on se représente l’armée d’Amalec avec des chars et des cavaliers, comme celle des grands peuples, Assyriens ou Chaldéens, avec lesquels on s’était trouvé depuis en contact. Judith, IV, 13 (Vulgate ; le grec ne renferme pas ce développement ; remarquons que ce n’est pas l’auteur du livre qui parie, mais le grand prêtre).

L’année suivante, après avoir quitté le Sinaï, les Hébreux se rapprochèrent des’confins de la Terre Promise et du territoire des Amalécites qui étaient dans le Négeb. Num., xm, 30. Découragés d’abord par le rapport des explorateurs, ils murmurèrent et voulurent retourner en Egypte. Num., xiv, 4. Comme punition, ils reçurent l’ordre de revenir sur leurs pas. y. 25. Alors, — curieux exemple d’une multitude qui ne sait trop ce qu’elle veut, — ils ne voient plus que les inconvénients de ce retour en arrière, et, impatients d’atteindre le but parle plus court chemin, ils attaquent, malgré Dieu et Moïse, les premiers ennemis qu’ils ont devant eux, les Amalécites et les Chanancens ; mais ils sont battus et poursuivis jusqu’à Horma. y. 40-45. Ce dernier verset paraît en contradiction avec le y. 25, si on ne remarque pas que le y. 25 se rapporte d’une façon générale à toute la région habitée par l’Amalécite et le Chananéen, plateau qui se présente comme un endroit abaissé, une plaine, ’êrnéq, relativement au massif montagneux du sud de la Palestine, tandis que le y. 45 parle plus spécialement de la crête de hauteurs ( « cette montagne, » comme il y a dans l’hébreu ; cꝟ. 40-44) qui séparait Israël de ses ennemis, et qu’il essaya de franchir sans l’ordre de Dieu. Au Deutéronome, i, 44, où l’hébreu lit aussi sur cette montagne, au lieu de l’expression trop générale in montibus, « sur les montagnes, » de la Vulgate, le même fait est rappelé, mais sans nommer l’Amalécite, et en donnant à la population chananéenne qui habitait de ce côté son nom particulier d’Àmorrhéen. Cf. Gen., xiv, 7. Le samaritain (Deut., i, 44, texte et version) répète, comme dans les Nombres : « L’Amalécite et le Chananéen qui habitait cette montagne. »

Les Hébreux durent renoncer à entrer dans la Palestine par le sud ; l’heure où se réaliseraient les menaces contre Amalec était par là même différée après la conquête de la Terre Promise ; elle se fit même attendre plusieurs siècles. A l’époque des Juges, deux fois Amalec fut un de ces instruments dont Dieu se servait pour châtier son peuple prévaricateur, Jud., x, 12 ; cependant, dans les deux cas, il n’apparaît qu’au second plan, et sous la conduite d’un plus puissant envahisseur : la première fois, sous celle des Moabites, Jud., iii, 13 ; la deuxième, uni aux Madianites. Jud., vi, 1, 3, 33 ; vii, 12. Avec ces derniers, pendant sept ans, il prit part aux fructueuses razzias que ces nomades allaient faire en Israël chaque printemps, après les semailles ; il fut battu aussi avec eux par Gédéon. Voir Gédéon.

Quand, par l’établissement de la royauté, Israël se trouva de nouveau réuni sous un seul chef, il fut capable d’exécuter la menace qui pesait dès les temps anciens sur Amalec. Saùl reçut de Samuel l’ordre de l’accomplir. Nous avons dans I Reg., xv (déjà, par anticipation, xiv, 48), le récit de la campagne et de la victoire complète de Saûl, et aussi celui de sa faute, qui eut pour lui de si graves conséquences : Saùl épargna le roi Agag et le peuple, ce qu il y eut de meilleur dans les troupeaux et dans les

richesses d’Amalec. Cependant les Amalécites ne se relevèrent pas de ce coup. Quelques années après, ils ne peuvent se défendre contre les razzias que David organise contre eux pour plaire à Achis, roi de Geth, chez qui il s’était réfugié. I Reg., xxvii, 8-12. Ce n’est que par ruse, en profitant de l’absence de David et de ses partisans, que pour se venger ils s’emparent de Siceleg, la ville donnée par Achis à David, la pillent, la brûlent, et s’en vont emmenant captives toutes les femmes. I Reg., xxx ; II Reg., i, 1. Mais David, revenu à temps, et guidé par un esclave égyptien malade, que les Amalécites avaient abandonné, atteint la bande des pillards au moment où, sans défiance, ils se livraient à la bonne chère avec le butin enlevé. Il en lit un grand carnage : quatre cents jeunes gens réussirent seuls à s’enfuir sur des chameaux, I Reg., xxx, 17 ; les prisonnières, les enfants et les richesses emportées furent recouvrés, y. 18-19.

Dans ce même temps, il devait y avoir quelques familles d’Amalec vivant en paix, et campant parmi Jes Israélites du nord, comme celle de l’Amalécite qui, se trouvant sur la colline de Gelboé au moment de la mort de Saùl, le dépouilla de ses insignes royaux et vint les apporter à David. II Reg., i, 2, 8-13. — La mention d’Amalec parmi les ennemis vaincus et spoliés par David, II Reg., viii, 12 ; I Par., xviii, 11, suppose- 1- elle une nouvelle campagne, ou fait-elle allusion aux anciennes ? Il est difficile de répondre. Dans tous les cas, à partir de ce moment, l’histoire ne parle plus d’Amalec, sinon en passant, dans la généalogie de la tribu de Siméon, I Par., iv, 42-43, où nous voyons qu’au temps d’Ézéchias (d’après le y. 41), cinq cents Siméonites s’avancèrent dans les montagnes de Séir, y tuèrent « ce qui restait des Amalécites », et habitèrent à leur place. Dès lors il n’est plus question d’Amalec ; son souvenir semble même perdu ; la littérature prophétique, qui date en grande partie de cette époque (vine et vu siècles avant J.-C), si riche en indications ou allusions sur les anciens voisins et ennemis d’Israël, ne prononce pas même le nom d’Amalec. Les conquérants assyriens du même temps, qui ont rencontré et mentionné dans leurs inscriptions presque tous les peuples de l’est et du sud de la Palestine, n’en parlent pas non plus. Ce fait a une grande importance pour la critique biblique, car il prouve que les traditions relatives à Amalec, si concordantes entre elles malgré la diversité des documents et des livres où elles nous arrivent, se sont formées et fixées avant l’époque des plus anciens prophètes qui nous ont laissé des écrits, c’est-à-dire avant le milieu du vin a siècle. J. Thomas.

AMAM (hébreu : ’Amâm ; Septante : r-^v), ville méridionale de la tribu de Juda, mentionnée entre Carioth et Hesron, Sama et Molada. Jos., xv, 26. Eusèbe, Onotnasticon, Gœttingue, 1870, au mot’Ap.£|j., et S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 870, la citent, mais sans en déterminer la position. Elle est restée inconnue jusqu’ici. Parmi les villes qui la précèdent et la suivent dans le texte sacré, deux surtout, dont l’identification semble très probable, sinon certaine, peuvent d’une façon générale délimiter l’espace où il la faudrait chercher. C’est, au nord, Carioth (unie à Hesron dans l’hébreu), que Robinson propose de voir dans Khirbet el-Kurijéleïn, et, au sud, Molada, que le même savant assimile à Klùrbet el-Milh. Cf. Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 101 et 201. Voir la carte de la tribu de Juda. A. Legexdre.

    1. AMAMA Sixtin##

AMAMA Sixtin, orientaliste protestant hollandais, né à Franeker, le 15 octobre 1593, mort dans cette ville, le 9 novembre 1629. Il fut professeur d’hébreu à l’université de Franeker, et publia V Antibarbarus biblicus sex Ubris, in-4o, Franeker, 1628 ; 2e édit., iu-4°, 1656. Le barbare contre lequel s’élève Amama, c’est Mersenne et en général celui qui n’attache pas, d’après lui, assez d’impor-