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judicium Ecclesiæ maturetur ; in locis vero jam definitis potest privatus doctor æque prodesse, si eos vel enucleatius apud fidelium plebem et ingeniosius apud doctos edisserat, vel insignius evincat ab adversariis. Quapropter præcipuum sanctumque sit catholico interpreti, ut illa Scripturæ testimonia, quorum sensus authentice declaratus est, aut per sacros auctores, Spiritu Sancto afflante, uti multis in locis Novi Testamenti, aut per Ecclesiam, eodem Sancto adsistente Spiritu, sive solemni judicio, sive ordinario et universalim magisterio [1], eadem ipse ratione interpretetur ; atque ex adjumentis disciplina ? suæ convincat, eam solam interpretatiônem, ad sanae hermeneuticæ leges, posse recte probari. In ceteris analogia fidei sequenda est, et doctrina catholica, qualis ex auctoritate Ecclesiæ accepta, tamquam summa norma est adhibenda : nanti, quum et Sacrorum Librorum et doctrinæ apud Ecclesiam depositæ idem sit auctor Deus, profecto fieri nequit, ut sensus ex illis, qui ab hac quoquo modo discrepet, legitima interpretatione eruatur. Ex quo apparet, eam interpretationem ut ineptam et falsam rejiciendam, quæ vel inspiratos auctores inter se quodammodo pugnantes faciat, vel doctrinæ Ecclesiæ adversetur.

Hujus igitur disciplinas magister hac etiam laude floreat oportet, ut omnem theologiam egregie teneat, atque in commentariis versatus sit SS. Patrum Doctorumque et interpretum optimorum. Id sane inculcat Hieronymus[2], multumque Augustinus, qui, justa cum querela, « Si unaqueeque disciplina, inquit, quamquam vilis et facilis, ut percipi possit, doctorem aut magistrum requirit, quid temerariae superbiae plenius, quam divinorum sacramentorum libros ab interpretibus suis nolle cognoscere[3] !  » Id ipsum sensere et exemplo confirmavere ceteri Patres, qui « divinarum Scripturarum intelligentiam, non ex propria præsumptione, sed ex majorum scriptis et auctoritate


réclament les érudits, plus décisive l’apologie qui doit les venger des attaques de l’impiété. Que l’interprète catholique regarde donc comme un devoir sacré et qu’il ait à cœur de se conformer à l’interprétation traditionnelle des textes, dont le sens authentique a été défini par les écrivains sacrés, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, comme on le voit en plusieurs endroits du Nouveau Testament, ou par l'Église avec l’assistance du même Esprit, tantôt sous Ici forme d’un jugement solennel, tantôt par son enseignement ordinaire et universel, et qu’il se serve des ressources de son érudition pour montrer que cette interprétation traditionnelle est la seule qu’autorisent les lois d’une saine herméneutique.

Dans les autres endroits, il faut suivre les analogies de la foi, et employer comme règle suprême la doctrine catholique, telle qu’on la tient de l’autorité de l'Église. En effet, Dieu étant à la fois l’auteur des Livres Saints et de la doctrine déposée dans l'Église, il est tout à fait impossible de tirer de ceux-là, par une interprétation légitime, un sens qui soit en quelque manière en opposition avec celle-ci. Il s’ensuit que l’on doit rejeter, comme fausse et non avenue, toute interprétation qui impliquerait quelque contradiction entre les auteurs inspirés, ou qui serait en opposition avec la doctrine de l'Église.

C’est pourquoi celui qui enseigne cette science doit avoir aussi le mérite de posséder à fond l’ensemble de la théologie ; et les commentaires des Saints Pères, des docteurs et des meilleurs interprètes doivent lui être familiers. C’est ce que nous répète souvent saint Jérôme, ce sur quoi insiste particulièrement saint Augustin, qui se plaint, à juste titre, dans les termes suivants : « Si toutes les sciences, et jusqu'à celles qui ont le moins de valeur et offrent le moins de difficultés, ont besoin, pour être bien saisies, d’un professeur ou d’un maître, peut-on imaginer une conduite plus téméraire et plus orgueilleuse que de vouloir comprendre, en dehors de leurs interprètes, les livres qui traitent des divins mystères ! » Tels furent aussi les sentiments et la pratique des autres Pères, qui, « pour arriver à l’intelligence des divines Écritures, s’en rapportèrent non à leur propre manière de voir, mais aux écrits et à l’autorité de leurs prédécesseurs dans la foi, qui eux-mêmes tenaient très certainement de la tradition apostolique leur règle d’interprétation. »

  1. Conc. Vat., sess. III, cap. iii, De fide.
  2. Ibid., 6, 7.
  3. Ad Honorat., De utilit. cred., xvii, 35.