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ACTES DES APÔTRES — ACTES APOCRYPHES DES APÔTRES

Acta Apostolorum, et Liber retractationis in Actus Apostolorum ; Théophylacte (xie siècle), In Acta Apostolorum.

Commentaires modernes.

Catholiques : Érasme, Adnotationes, Bâle, 1516 ; Vatable, Adnotationes, Paris, 1515 ; Gagnæus, Scholia in Actus Apostolorum, Paris, 1552 ; Arias Montanus, Elucidationes in Acta Apostolorum, Anvers, 1575 ; Lorinus, S. J., In Acta Apostolorum commentaria, Lyon, 1605 ; Gaspard Sanchez, S. J., Commentera in Actus Apostolorum, Lyon, 1616 ; Fromond, Actus Apostolorum… illustrati, Louvain, 1654.

Protestants : Van Limborgh, Rotterdam, 1711 ; Pearce, Londres, 1777.

Commentaires récents.

Catholiques : Beelen, Commentarius in Acta Apostolorum, 2e édit., Louvain, 1864 ; Patrizi, In Actus Apostolorum commentarii, Rome, 1867 ; Bisping, Exegetisches Handbuch, Munster, 1871 ; Crampon, Les Actes des Apôtres, 1872 ; Crelier, Les Actes des Apôtres, dans la sainte Bible de Lethielleux, Paris, 1883.

Protestants : J. G. Rosenmüller, Scholia in Novum Testamentum, 1821-1835 ; Baur, Paulus der Apostel, 1867 ; Baumgarten, Apostelgeschichte, Halle, 1852 ; Lekebusch, Die Composition und Entstehung der Apostelgeschichte, Gotha, 1854.

J. Corluy.

ACTES APOCRYPHES DES APÔTRES. Sous les noms divers de πράξεις, actus, acta, περίοδοι ou « voyages », martyria, passiones, etc., on a retrouvé les restes ou les traces de documents prétendant nous raconter les missions apostoliques. Originaires pour la plupart de milieux asiatiques ou phrygiens, à une époque où les communautés chrétiennes de ces régions étaient infestées de gnosticisme et de manichéisme, ils ont été de bonne heure exclus de l’usage catholique ou expurgés. Voir Abdias 6. Le pape saint Léon écrivait, en 447 : « Il faut veiller, et c’est surtout au zèle des prêtres que nous en faisons un devoir, à ce que les livres falsifiés et en désaccord avec la sincère vérité ne soient point lus parmi les catholiques. Mais les Écritures apocryphes, qui, sous le couvert du nom des Apôtres, contiennent le germe de tant d’erreurs, non seulement doivent être interdites, mais complètement supprimées et brûlées. Si, en effet, elles renferment quelques pieux éléments, jamais elles ne sont exemptes de venin, et le charme de leurs fables a cet effet caché de séduire par le merveilleux du récit pour mieux envelopper le lecteur dans les rets de leurs hérésies. » Epist. xv, 15, t. liv, col. 688. Le peu qui nous reste de cette littérature, négligé des hagiologues du xviie et du xviiie siècle, n’a été recueilli et étudié convenablement que de nos jours. Mais on a vu alors que ces pièces apocryphes et fabuleuses constituent une contribution d’une haute valeur à l’histoire des trois premiers siècles. La critique, qui a beaucoup démoli, reconstruit aussi : ce chapitre de l’histoire littéraire chrétienne sera l’une de ses plus ingénieuses et durables reconstructions. On la doit aux publications de J. C. Thilo, C. Tischendorf, W. Wright, auxquels il faut ajouter MM. Malan, Zahn, Usener, Bonnet, Guidi et les Bollandistes, mais très particulièrement aux recherches de M, Lipsius, professeur de théologie à l’université d’Iéna, dont le travail, Die apokryphen Apostelgeschichten und Apostellegenden, ein Beitrag zur altchristlichen Literaturgeschichten, Brunswick, 1883-1890, encore qu’on y trouve trop de traces des idées rationalistes démodées de l’école de Tubingue, ne laisse pas d’être le gros œuvre de cette reconstitution. Le présent article a pour objet d’inventorier les Acta anciens que nous possédons sur les Apôtres, et de résumer aussi brièvement que possible les résultats acquis sur l’origine de ces Acta.

I. Acta S. Johannis.

Des fragments grecs (tous nos Acta anciens ont été originairement grecs) des Acta de l’apôtre saint Jean, publiés par Thilo, Fragmenta Actuum S. Johannis a Leucio Charino conscriptorum, Halle, 1847 ; puis de nouveau par Tischendorf, Acta Apostolorum apocrypha, Leipzig, 1851, p. 266-276. ont été reproduits par M. Th. Zahn dans une monographie de valeur, Acta Joannis, Erlangen, 1882, p. 219-252. De ces Acta primitifs, on possède une sorte d’adaptation ou remaniement attribué à Prochorus, disciple de saint Jean, cf. Act., vi, 5, publié en latin, pour la première fois, par de la Bigne (1575), dans sa Bibliotheca maxima Patrum ; en grec, pour la première fois, par M. Zahn, op. cit., p. 3-165 : ce pseudo-Prochorus est une œuvre catholique des environs de l’an 500, et vraisemblablement d’origine palestinienne. Zahn, p. lx ; Lipsius, l. 1, p. 406. Ajoutons un autre remaniement, celui-ci latin et décoré du nom de Méliton ; nous en parlerons à l’article Méliton. À en juger par les quatre fragments grecs que nous possédons et par le récit de mort ou μετάστασις Ἰωάννου, qui a dû en faire partie, Zahn, p. 238 et suiv., les Acta Johannis anciens étaient une œuvre d’origine gnostique. M. Zahn, p. cxlv, les date des environs de l’an 130 ; M. Lipsius, t. i, p. 515, les attribue à la seconde moitié du iie siècle.

Pour donner un spécimen de cette littérature, je citerai un hymne gnostique, incorporé dans les Acta Johannis, Zahn, p. 220-221 : « Gloire à toi, Père ! — Et nous qui l’entendions, nous répondions : Amen. — Gloire à toi, Verbe ! Gloire à toi, Grâce ! — Amen. — Gloire à toi, Esprit ! Gloire à toi, Saint ! Gloire à ta gloire ! — Amen. — Nous te louons, ô Père ; nous te rendons grâce (εὐχααριστοῦμεν), ô Lumière en qui l’ombre n’habite point ! — Amen. — De celui de qui nous rendons grâce (ἐφ ᾧ ἐὐχααριστοῦμεν), je parle : être sauvé je veux, et sauver je veux. — Amen. — Être délivré je veux, et délivrer je veux. — Amen. — … Manger je veux, et être nourri je veux. — Amen. — … La Grâce est notre chorège (χορεύει) : chanter (αὐλῆσαι) je veux : dansez en chœur (ὀρχήσασθε) tous ! — Amen. » On dirait un hymne orphique. Et ceci, que nous ne possédons qu’en latin :

Lucerna sum tibi, ille qui me vides.
Janua sum tibi, quicumque me puisas.
Qui vides quod ago, taco opéra mea.
Verbo illusi cuncta, et non sum illusus in totum.

De cet hymne d’une si singulière poésie, rapprochez les très belles prières eucharistiques que la Metastasis met dans la bouche de saint Jean présidant à la fraction du pain au moment de mourir. Zahn, p. 243 : « Et ayant demandé du pain, il rendit grâces en disant : Quelle louange, quelle offrande, quelle action de grâces dans cette fraction du pain t’offrirons-nous, sinon toi seul ? Nous glorifions ton nom prononcé par le Père, nous glorifions ton nom prononcé par le Fils, nous glorifions la résurrection, à nous révélée par toi. Nous glorifions, de toi, la semence, la parole, la grâce, l’ineffable pierre précieuse,… le diadème, et le Fils de l’homme pournous annoncé, et la vérité, et la paix, et la gnose, et la liberté, et le don de se réfugier en toi ! Car tu es seul Seigneur, et la racine de l’immortalité, et la source de l’incorruptibilité, et l’assiette des siècles ! »

II. Acta S. Andreæ.

Un important fragment grec nous en est parvenu sous le titre de Acta SS. Andreæ et Mathiæ in civitate Anthropophagorum, publié pour la première fois par Thilo, Acta SS. apostolorum Andreæ et Mathiæ, Halle, 1847, et à nouveau par Tischendorf, Acta Apostolorum apocrypha, p. 132-166. M. Wright a publié une version syriaque du même morceau dans ses Apocryphal Acts of the Apostles, Londres, 1871, t. ii. Il ne faut pas confondre ces Acta anciens avec l’Epistola encyclica presbyterorum et diaconorum Achaiæ de martyrio S. Andreæ, publiée en dernier lieu, en grec, par Tischendorf, op. cit., p. 105-131, et qui, tout en dépendant partiellement de nos Acta, est une œuvre catholique des environs de la fin du ive siècle. Nos Acta, qui ont eu une grande circulation chez les catholiques, ont été cependant à l’origine une œuvre gnostique, et l’on y relève encore quelques traces de gnosticisme. D’après M. Lipsius, t. i, p. 603, ils seraient de la seconde moitié du iie siècle.

III. Acta S. Thomæ.

Une partie du texte grec de