Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/1034

Cette page n’a pas encore été corrigée
1933
193
BRIQUE

Ja partie la plus dure du travail : des chefs de corvée, armés d’un bâton, surveillent les uns et les autres.

Ces deux scènes, l’ancienne et la moderne, nous font comprendre à quels durs travaux le pharaon persécuteur avait condamné les Hébreux, en les employant à la confection des briques. Exod., i, 14 ; Judith, v, 10. Pour aggraver leur peine, il prescrivit de ne plus leur donner la paille nécessaire à la fabrication. Exod., v, 7. Les Hébreux se voyaient donc obligés d’aller eux-mêmes ramasser le chaume qui restait sur pied dans les champs après la moisson, et cependant, malgré ce surcroît de travail, on exigeait d’eux la même quantité de briques. Ils allaient par toute la région, coupant même des roseaux, qa$, en

[[File: [Image à insérer] |300px]]
617. — Brique de Ramsès II. xix" dynastie. Thèbes.

Aujourd’hui au Musée de Berlin.

D’après Lepsius, Derifemdler, Abtû. iii, Bl. 172.

guise de paille, fébén. Exod., v, 7, 12. Et quand ils n’avaient pas fourni la tâche excessive qui leur était prescrite, on les battait de verges, jL 14. Devant ces exigences tyranniques, les Hébreux font entendre la même plainte, ꝟ. 16, qu’un Égyptien de la xrxe dynastie : « Je n’ai personne pour m’aider à faire des briques, point de paille. » Mais on leur répond, $. 18, comme les maîtres de corvée du tombeau de Rekmara : « Travaillez sans relâche. »

Ces briques fabriquées par les Hébreux étaient employées à la construction des magasins et des remparts de Pithom et de Ramsès. Exod., i, 11. Les fouilles récentes ont pleinement justifié le récit de Moïse : les murs de Pithom sont bâtis en larges briques reliées avec du mortier ; et ces briques sont les unes composées de paille ou de fragments de roseaux ; les autres sont faites de simple limon, sans aucun mélange. Cf. Discours de M. Ed. Naville, dans Egypt Exploration Fund, Report of first gênerai meeting, 1883 ; F. Vigouroux, Bible et découvertes modernes, 5e édit., p. 248-274. Les briques trouvées à Pithom ont 44 centimètres de long sur 24 centimètres de large et 12 d’épaisseur. Le module que les Égyptiens « adoptaient généralement est de m 22 X m Il X m 14 pour les briques de taille moyenne, m 38 X 0°> 18 X m 14

pour les briques de grande taille ; mais on rencontre assez souvent dans les ruines des modules moindres ou plus forts ». G. Maspero, Archéologie égyptienne, in-8°, (1887), p. 8.

Comme sur les bords de l’Euphrate, les briques de la" vallée du Nil sont marquées au coin du souverain, quand elles sortent des ateliers royaux. Les briques de Pithom portent le cartouche de Ramsès II, avec son nom d’intronisation, Ra-ouser-ma, Sotep-en-ra (fig. 617). On en a trouvé également au nom de Thotmès III, etc. Lepsius, Benkmàler, Abth. iii, Bl. 7, 25 bis, 26, 39-, reproduit un certain nombre de ces briques avec cartouches royaux. La brique « des usines privées a sur le plat un ou plusieurs signes conventionnels tracés à l’encre rouge, l’empreinte des doigts du mouleur, le cachet d’un fabricant. Le plus grand nombre n’a point de marque qui les distingue ». G. Maspero, Archéologie égyptienne, p. 8. Voir Perrot, Histoire de l’art, t. i, ’p. 105-107, 202, 490, 505-506. Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, édit. Birch, t. i, p. 342-345.

3° Palestine. — La pierre abonde en ce pays, excepté dans les plaines : on l’employa pour le temple, les palais, les remparts des villes fortifiées et les habitations particulières. Mais dans les campagnes et dans plus d’une ville beaucoup de maisons étaient construites en briques, Quatre murs de briques crues avec un plafond en poutres de sycomore recouvertes de terre battue étaient plus faciles à bâtir que des murs de pierres, mais aussi ils étaient moins durables. Is., rx, 9. Nous trouvons d’autres preuves de l’usage des briques dans la mention de fours à briques, II Reg., xii, 31, et d’autels idolâtriques, dressés à la hâte avec quelques briques placées les unes sur les autres. Is., lxv, 3. Aujourd’hui encore, les fellahs habitent en certains endroits, comme à Sébastiyéh (ancienne Samarie), dans des huttes de terre. M. Vigouroux, en avril 1894, a vu au petit village d’Et-Tiréh, dans la plaine de Saroh, fabriquer des briques pour ; construire des cabanes. Le procédé était le même qu’en Egypte, mais les dimensions des briques étaient plus grandes et la façon plus grossière. De jeunes filles coupaient la terre par tranches, la jetaient dans un trou où elles la pétrissaient avec les pieds, en y jetant de l’eau, et de la paille ; puis de petits enfants portaient la terre ainsi pétrie à des femmes qui la mettaient dans de grands moules, et laissaient les briques à la place où elles les avaient moulées pour sécher au soleil. Et-Tirêh est bâti en entier avec des briques de ce genre. — La Vulgate a traduit par « muraille de briques » le Qîrhârését de l’hébreu, Is., xvi, 7, 11, mais c’est le nom d’une ville moabite.

II. Brique d’ornementation. — Comme les Chaldéens n’avaient pas d’autres pierres que la brique, ils s’ingénièrent à en tirer tout le parti possible pour la décoration de leurs palais et de leurs temples. Pour cela ils imaginèrent de les émailler. La peinture à fresque sur une sorte de stuc, appliqué à la muraille en briques, ne leur paraissait pas assez solide et assez résistante, surtout contre l’action de l’humidité et de la pluie ; mais en fixant les couleurs et les dessins au moyen de l’émail, on avait une décoration presque aussi inaltérable que la brique elle-même. On prenait des briques d’une pâte plus tendre, Place, Ninive et l’Assyrie, t. i, p. 233, et on étendait dessus, avant de la passer au four, une couche épaisse de matière colorée et vitrifiable. Par l’action du feu, la couleur adhérait intimement à l’argile et ne faisait, pour ainsi dire, qu’un avec elle (voir Émail), en sorte que maintenant encore elles gardent tout leur brillant. Les artistes chaldéens reproduisaient ainsi toutes sortes de sujets : des plantes, des animaux, des génies, des personnages, des scènes, comme chasses, batailles, sièges, etc. Les tons sont assez variés ; le plus souvent le fond est bleu, et les sujets se détachent en jaune ou en