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XYS — Y

on vient de parler ne prouve rien, & prouveroit plutôt que le Xystarque seroit le même que le Gymnasiarque ; on y voit que le même homme est Pontifex totius Xysti, & perpetuus Xystarcha ; or c’étoit le Gymnasiarque qui étoit le Pontife dans le Gymnase, ainsi que l’Académicien qui en parle ici l’avoue, & que nous l’avons rapporté au mot Gymnasiarque. Au reste, si le Xystarque n’étoit pas précisément le même que le Gymnasiarque, il lui étoit peu inférieur, & il tenoit dans le Gymnase un rang très-honorable, puisqu’Ammien Marcellin au commencement de son vingt-unième Livre, fait mention de la pourpre & de la couronne du Xystarque, ce qui marque assez que cet Officier présidoit aux jeux. Ac. d. B. L. ibid. Voyez encore Wandale, Dissert. De Gymnasiarchis.

XYSTE. s. m. Nom d’homme. Xystus. Plusieurs aujourd’hui disent Sixte par transposition. S. Xyste, l’unique Pape de ce nom, que plusieurs appellent maintenant Sixte, & qu’ils font par conséquent le second de ce dernier nom, étoit Athénien. Chastel. Hag. Bailet 6e d’Août. S. Xyste gouverna l’Eglise depuis l’an 257, qu’il succéda à saint Etienne, jusqu’en l’an 258, qu’il fut martyrisé.

☞ XYSTE. s. m. Terme d’Architecture. C’étoit chez les Grecs, une partie du Gymnase, un portique couvert ou à découvert, où les Athlètes s’exerçoient à la course ou à la lutte. Xystus, Xyston. Chez les Romains les Xistes n’étoient autre chose que des allées d’arbres qui servoient à la promenade ; ce mot vient du grec ξυστός, qui signifie la même chose, formé de ξύειν, qui signifie polir, raser, frotter.

XYSTIQUE. s. m. Nom que l’on donnoit à Rome aux Gladiateurs, qui l’hyver se battoient sous des portiques, & non pas en plein air. Xystikus. Voyez Suétone, vie d’Auguste, C. 45.

Y

Y. S. m. Vingt-quatrième lettre de l’Alphabet François, qui n’a que le même son de l’i voyelle ; mais qu’on a conservée dans les mots Grecs pour marquer leur origine, & répondre à leur ύψιλον. Bien de gens commencent à abolir l’y grec, & mettent des i simples où nos ancêtres mettoient des y grecs. M. Bayle dans son Dictionnaire critique, a laissé l’y grec où il l’a trouvé, mais il range l’y grec avec l’i. Quelques-uns ont approuvé cette liberté ou cette nouveauté, parce que la prononciation étant la même, & notre orthographe n’étant pas fixée, cela épargne, disent-ils, la peine de chercher le même article en deux endroits, ce qui n’arrive que trop souvent dans les autres Dictionnaires. Elle nous paroît trop contraire à l’usage, & trop favorable à l’ignorance, pour la suivre. Il y en a qui assurent que l’y ne s’est introduit dans certains mots qui sont purement François, ou qui n’ont point d’u dans le Grec, ou d’y dans le Latin, comme payer, paysan, pays, que parce qu’on fait sentir deux ii dans la prononciation de ces mots, qu’on les écrivoit autrefois, comme on fait encore aujourd’hui dans les Pays-Bas, & que pour les distinguer d’un u marqué de deux points, on alongeoit le second i, & qu’on le formoit ainsi ij.

Les Romains l’employoient pour l’u qui leur manquoit ; parce qu’ils prononçoient leur u ordinaire, comme la diphthongue ou ; & ύψιλον Grec comme notre u François. Dans les mots qui sont communs, on se dispense maintenant de suivre cette orthographe régulière, qui vouloit qu’on mît des y à tous les mots qui avoient un upsilon dans le Grec, d’où ils étoient dérivés. On les conserve encore dans les diphthongues ; quoique notre y Grec ait perdu le son qu’il avoit dans la langue d’où nous l’avons emprunté, quelques-uns s’en servent encore pour les mots qui finissent en i ; parce que les Copistes ont trouvé que sa queue étoit commode pour faire des traits qui peuvent orner les marges, & le bas des pages. Il est pourtant absolument inutile, & ce n’est que pour observer la vieille orthographe, qu’on écrit, Roy, loy, & à la fin des mots, j’ay, j’allay, & dans les noms propres, Vitry, Choisy, &c. Il n’y a point de raison de préférer l’y Grec à un i simple : excepté dans les mots où il y a le son d’un double i comme égayer, moyen, &c. Car dans ceux-ci l’y n’est pas un upsilon, mais un double ii, que les Copistes ont joints ensemble. Et il est clair qu’il faut un double ii dans ces sortes de mots ; leur prononciation le montre. En effet, ces mots & autres semblables, comme citoyen, employer, royal, pays, &c se prononcent comme s’il y avoit citoi-ien, emploi-ier, roi-ial, pai-is, &c. c’est alors un caractère double, qui équivaut à deux i, dont le premier finit une syllabe, & le second en commence une autre. C’est donc mal-à-propos que quelques Auteurs écrivent moïen, citoïen, avec un ï tréma. On l’emploie encore dans ceux qui viennent du Grec, afin de garder la marque de leur origine : on l’employoit autrefois dans ceux qui commencent par un i ; comme, yeux yvoire ; &c. Mais il est fort ridicule d’employer l’y Grec hors de ce cas-là : ce que font ceux qui le mettent par-tout, & principalement à tous les mots qui paroissent avoir une origine Grecque, quoiqu’ils n’en aient point en Grec, tels qu’est Eclipse, &c.

Y, étoit, selon Pythagore, un symbole de la vie, à cause que le pied représentoit l’enfance, & que la fourche signifioit les deux chemins du vice & de la vertu, où l’on entroit ayant atteint l’âge de raison.

Y, est aussi une lettre numérale qui signifie 150, ou, selon Baronius, 159, suivant ce vers :

Y dat centenos & quinquaginta novenos.

Si l’on met un titre au-dessus, Y, signifie 150 mille.

Cette lettre est le caractère dont on distingue la monnoie fabriquée à Bourges.

Y. Adverbe relatif qui marque le lieu, & signifie en cet endroit-là. Ibi, eò, istac, illac. Je n’y vais pas. Allons-y de compagnie. Il y fait bon. Je m’y trouverai. Quand l’y est mis immédiatement après la seconde personne singulière de l’impératif, cette seconde personne s’écrit & se prononce avec une s à la fin : comme vas-y, donnes-y tes soins ; recueilles-y des fruits. L’Acad. Il faut dire ; menez-y moi, & non pas menez-m’y ; cela sonne trop mal. Conduisez-nous-y, est moins mal : mais je ne voudrois pas l’écrire. Vau. C’est une construction vicieuse que d’employer le relatif y, lorsqu’il se rapporte à un verbe sous-entendu ; par exemple, il fit fortifier les lieux qui y avoient plus de disposition. Quoique le relatif y accourcisse-là le discours, il vaudroit mieux prendre un autre tour.

Y, est aussi relatif à la chose dont on a parlé. Is, ea, id. Sont-ce là toutes vos raisons ? je n’aurai pas de peine à y répondre. Celle-là est forte, je m’y rends. Qu’y peut-il faire ?

Y, est quelquefois une espèce de particule explétive, comme quand on dit, il y a des gens : y a-t-il quelque chose pour votre service ?