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VER–VER

temps : Je me serai imaginé. Point d’impératif. Prétérit infinitif : S’être imaginé. Participe présent, actif : S’étant imaginé.

Telle est la nouvelle idée sur laquelle M. l’Abbé Dangeau nous présente les conjugaisons des verbes. C’est le fruit d’un grand nombre de Réflexions également savantes & judicieuses sur cette partie de notre Grammaire. Qu’il nous soit permis de proposer quelques points, en quoi il nous semble qu’on pourroit les perfectionner encore, & y mettre plus de simplicité, plus d’analogie, plus d’ordre.

1o. Il semble que l’imparfait renfermant l’idée du Présent & du Prétérit, il faudroit le mettre immédiatement après ces deux temps, & ne l’en pas séparer en plaçant le futur entre deux ; mais c’est une minutie. M. l'Abbé Dangeau a eu sa raison, il a voulu mettre de suite tous les temps simples. Celui-ci participe de deux temps.

2o. Ceci est plus important. M. l’Abbé Dargeau exclut de ses verbes toute l’espèce des verbes passifs, aux participes près, entre lesquels il en reconnoît de passifs comme d’actifs. En conséquence de ce retranchement, il donne cinq sections au verbe actif, dont la première est simple ; les deux suivantes, composées du verbe auxiliaire Avoir, & les deux dernières, composées du verbe auxiliaire Être. Or il paroît qu’en ceci il y a de l’erreur & de la confusion. Car 1°. Il est certain que dans les cinq sections du verbe actif de l’illustre Académicien, dont nous venons d’exposer le système, le verbe a deux rapports très-réels, mais très-différens aussi à son nominatif. Dans les trois premières sections, la personne signifiée par le nominatif fait une action, qui est reçue par un autre, ou sur un autre. Dans les deux dernières le nominatif souffre ou reçoit une action faite par un autre. Or faire une action qu’un autre souffre ou reçoive, & souffrir ou recevoir une action qu’un autre fait, sont deux choses fort différentes, & qui doivent faire distinguer deux espèces de verbes ; & il paroît que notre habile Académicien doit en convenir lui-même, comme la suite le va montrer. Car en second lieu, il ne distingue deux espèces de verbes neutres, des neutres actifs & des neutres passifs, que parce qu’il y en a qui forment leurs parties, ou leurs secondes sections par le moyen du verbe auxiliaire Avoir, par exemple, J’ai dormi, nous avons couru ; & qu’il y en d’autres qui forment leurs parties composées par le moyen du verbe auxiliaire être, par exemple, les verbes venir, arriver ; car on dit, Je suis venu, & non pas, J’ai venu. Ils sont arrivés, & non pas, ils ont arrivé. Et comme ces verbes neutres le servent de l’auxiliaire être, qui marque ordinairement le passif, il les nomme neutres passifs. Puisque le verbe auxiliaire être marque le passif, les deux dernières sections du verbe actif de M. l’Abbé Dangeau sont passives, & le doivent autant être que les verbes neutres passifs. 3°. En faisant un verbe passif de ces deux sections, il y a plus d’analogie, plus de rapport entre les actifs & les neutres. Car les actifs répondent aux neutres actifs, & les passifs aux neutres passifs ; leurs variations, leurs conjugaisons se ressemblent, & par-là elles s’aideront mutuellement l’une l’autre, & seront plus aisées & plus faciles à retenir ; ce ne seront que les mêmes règles pour les unes & pour les autres, & il y aura plus d’unité.

Un troisième point regarde la disposition des sections des Tables. Les verbes auxiliaires avoir & être sont mêlés & entrelacés alternativement entre les cinq sections du verbe actif. Cela fait de l’embarras & de la confusion. Il paroîtroit mieux de les en séparer, & de commencer par la conjugaison de ces deux verbes, comme font tous les autres Grammairiens.

Ainsi nous voudrions distinguer en général quatre espèces de verbes, des verbes actifs, des verbes passifs, des neutres & des pronominaux. Les actifs seroient les trois premières sections du verbe actif de M. l’Abbé Dangeau ; les passifs seroient les deux dernières sections du même verbe actif. Les autres, comme ils sont marqués par cet excellent Auteur. Nous commencerions par la conjugaison du verbe auxiliaire avoir, dont nous mettrions les deux sections tout de suite. Après le verbe auxiliaire être suivroit de même. Puis le verbe actif, dont les trois sections seroient de suite ; puis le verbe passif & ses deux sections de même ; & enfin les autres avec les destinations & dans l’ordre qu’ils sont dans les Tables de M. l’Abbé Dangeau. Au reste en faisant ces légers changemens, nous n’ajoutons, nous ne retranchons rien, & proprement nous ne changeons rien au système de cet illustre Académicien.

On dit familièrement de quelqu’un qui décide avec hauteur, qui parle avec présomption, qu’il a le verbe haut ; &, dans cette phrase, le verbe, se prend pour la parole, la voix. Acad. Fr.

VERBÉRATION. s. f. Terme de Physique dont on se sert pour exprimer la cause du son, qui ne provient que de la verbération de l’air choqué & frappé en plusieurs manières qui font les sons différens. Percussio aeris, verberatio.

VERBEUX, EUSE. adj. Du Latin verbosus. Abondant en paroles inutiles, rempli de verbiage. Pantalon-Phœbus, dit l’Auteur de son Éloge, p. 178. versifioit copieusement, & il ne manquoit à son style verbeux que du goût, de la grâce & du sel. Vous remarquerez que Pantalon, chargé seul du rôle de plusieurs Écrivains modernes, représente ici le P. D. C. M. de Fénélon a employé ce terme dans sa lettre à l’Académie Françoise. Notre langue, dit cet excellent Écrivain, étoit encore un peu informe & verbeuse. Mais on a eu tort de dire que c’étoit lui qui l’avoit créé. Montagne s’en étoit servi avant lui, dans le 1er liv. de ses Essais. ch. 39. A bienvienner, dit-il, à prendre congé, à remercier, à saluer, à présenter mon service, & tels complimens verbeux des loix cérémonieuses de notre civilité, je ne cognois personne si fortement stérile de langage que moi. Bienvienner signifie féliciter quelqu’un sur son heureuse arrivée. C’étoit un mot très-commode : cependant on l’a laissé perdre sans en mettre un autre à la place. L’Académie Françoise & tous les bons Écrivains devroient s’opposer à cet abus. M. Coste, note 25.

Certain Valois
Dit quelque part que femmes sont verbeuses.

C’est Henri de Valois. V le Valefiana, p. 96. M. des Forges Maillart sous le nom de Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, p. 829. du Merc. d’Avril 1731.

VERBÉRIE, ou VERBÉRIES. Nom propre d’un bourg de l’île de France, situé sur l’Oise, entre Senlis & Compiègne. Verberiœ, Vermeriœ. Maty. Verbérie étoit autrefois une Maison Royale en Valois, sur la rivière d’Oise au Diocèse de Soissons. Vermeria. Il y a quatre Conciles de Verbérie. Le premier en 752, le second en 853, le troisième dix ans après en 863, le quatrième en 869.

VERBIAGE. s. m. Abondance de paroles vides de sens, qui ne disent rien, qui contiennent peu de sens. Voce rerum inopes. Ce livre est rempli de verbiage. C’est un verbiage continuel.

VERBIAGER. v. n. Employer beaucoup de paroles pour dire peu de chose. Il n’est d’usage que dans le style familier.

VERBIAGEUR, euse. s. m. & f. Qui emploie beaucoup de paroles pour dire peu de choses. Il n’est d’usage que dans le style familier.

VERBOQUET. s. m. (Richelet prétend que verbouquet est le plus usité.) Terme de Maçonnerie, qui se dit d’un contrelien ou cordeau ; d’une manière d’attacher les colonnes, ou les pièces de bois, au gros cable de l’engin, avec un moindre cordage, & à double nœud, pour les élever plus commodément, & empêcher qu’elles ne tournent ou qu’elles ne touchent à quelque faillie ou échafaut lorsqu’on les monte. Funiculus arrectarius. Cette colonne est trop grosse, il la faut lier en verboquet pour la poser.

VERBOSITÉ, s. f. Terme de discours familier qui exprime le caractère ou le défaut de l’homme verbeux. Inanis verborum copia. Verbositas, en style d’Ecriture-Sainte. La verbosité d’un Avocat, d’un mémoire.

VERBOURG.