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I L L Illustration. Ce mot se dit aussi quelquefois en ma- tière de dévotion , & on y joint ordinairement quel que épithète pour en déterminer la signification. Il signifie donc une sorte de lumière que Dieu répand dans l’esprit, & devient synonyme avec illumination. Ces illuminations divines ne l’empêchoient pas de consulter les Religieux de S. Dominique. Boun. ILLUSTRE, adj. m. & f. &<. f. Qui est élevé au-dessus des autres par son mérite, par quelque qualité excellen- te : Illustris. Plutarque a écrit les vies des illustres Capitaines Grecs & Romains. La Maison de Bourbon est la plus illustre de l’Europe. Bocage a écrit les vies des Dames illustres. Cicéron a été le plus illustre des Orateurs, & Virgile le plus illustre des Poëtes. Ce Peintre & cet Ouvrier sont illustres dans leur Art. L’illustre Corsaire est un Héros dans le Pulexandre. Les Rois d’Egypte ont été ceux qui ont laissé de plus illustres marques de leur grandeur. On trouve d’illustres scélérats ; mais il ne fut jamais d’illustres avares. S. EvR. Pardonnez à l’éclat d’une illustre fortune, Ce reste de fierté qui craint d’être importune. Racine. I L L

’ Corneille dans la Tragédie de Pompée , voulant traduire {cfcqu: prohat moricns de Lucain , il prouve en mourant qu il eft Pompée ( exprcllion limple & noble ) dit que fon dernier foupir eft un loupir illuf- tre : exprcllion qui n’clt pas tolérable. M. de Voltaire obierve que cette épithète à’illuflre gâte prefque tous les vers où elle entre , parce qu elle ne fert qu’a remplir les vers , qu’elle eft vague, qu’elle n’ajoute rien au lens. Le mot A’ illujlrc , aind que ceux Iz fameux , célè- bre , renommé , marque la réputation : mais ils ont tous leurs nuances particulières qui les dilhnguent. ■ Le mot à’ illujlrc , dit M. l’Abbé Girard , exprime la léputation qui eft fondée fur un mérite appuyé de dignité & d’éclat , qui fait non-feulement connoître , mais qui fait encore eftimer le (ujet & le place dans le grand. Les Princes brillent pendant leur vie , mais ils ne fjnt lUuftres dans la poftérité que par les monu- mens de grandeur , de (agelïe &z de bonté qu’ils lail- ’feiit après çux. l’^oye-^ les autres mots. D’après cela , on voit que ce n’eft pas parler avec beaucoup de pu- reté , que de dire que Cicéron étoit le plus illujlrc des Orateurs , ôc Virgile le plus illujlrc des Po’étes. L’un était grand Poëte , l’autre grand Orateur : ils étoient des Auteurs célèbres , non pas des Auteurs illufircs. On voit encore que le mot A’illuftre ne peut fe prendre qu’en bonne part. Ainii l’on ne doit pas dire avec quelques écrivains , illujlrc fcélérat; mais fameux Icélérat. F’oYe:^ Fameux. M. l’Abbé Girard obferve encore que fameux j cé- lèbre Se renommé, le difent des perlonnes &c des chofes; mais qiiillujlre ne s’applique qu’aux per- fonneSj du moins quand on veut être tcrupuleux fur Je choix des termes. Ainfi, cette plirale que nous avons lailfé (ubfifter dans le premier article , de même que les autres que nous condamnons , n’eft pas exaflc. Les Rois d’Egypte ont été ceux qui ont laijjé de plus illufire s marques de leur grandeur. Je lais bien qu’on en trouve des exemples dans de bons Auteurs , prin- l^ipalement en Poéhe ; mais c’ell: toujours un abus du terme. Le mot de marque , d’ailleurs , eft mauvais en cet endroit On ne laille point de marques de la gran deur après foi, on laiife des monumens. It.lustre , étoit autrefois dans l’Empire Romain un titre que l’on donnoit aux gens d’un certain rang. Illujlris , inlujlris. On donna d’abord le titre à’illujlre aux Che- valiers les plus diftingués qui avoient droit de porter le latus clavus. Enfuite on appela illufircs ceux qui tenoient le premier rang entre ceux que l’on appeloit konorati ; c’eftàdire , aux Préfets du Prétoire, aux Préfets de Rome , aux Tréforiers , aux Maîtres des •■ foldats, aux Maîtres des Offices, aux Comtes des af faites privées, aux Comtes des domeftiques , &c. com- me l’ont fouvent montré Brillbiinet, Pancirolle, le Tome V, P. Sirmond &: Jean Selden, De titul. honor. H yavoit de diftérens degrés aux ordres j>armi les ïllujlrcs. Se comme on diftingue en Elpagne des Grands de la première , de la féconde clalle , il y avoit audi des ïllujlrcs qu’on nommoit Grands, Ma/ores Ïllujlrcs ; Se d’autres qu’on nommoit petits , ïllujlrcs Minores ; par exemple , le Préfet du Prétoire étoit d’un rang au-dellus du Maître des Offices , quoiqu’ils tullènt tous deux Illufircs. I^oye^ M. Cujas, L. ult. de Dignitat. C. L. 12. La Novelle de Valentinien, tit. de honoraùs , diftingua jufqu’à cinq degrés à’illuj- cres , entre lelquels les premiers de tous lont appelés Illufircs adminijlratcurs. Voyez encore M. Cujas, L. I. de Pnmicerio & Sccundiccrio è" Notanis , CL. 10. aulli bien que le Lcxicon de Droit de Calvin. Les Grecs ont aulfi dit lAAajf/os , comme on le peut voir dans Suicer. i^Nos Rois de la première , & même de la féconde race , fe trouvoient honores du titre A’ Illufire. Vir il- lujlris ou illuftcr : c’étoit le titre qu’ils prenoient dans leurs Chartres , Se celui qu’ils regardoient comme le plus diftingue. /oyf^ les Diplômes rapportés par Doublet dans fon Hift. de S. Denis , par le P. Mabil- lon dans la Diplomatique, & Ducange. Ce titre ne commença que depuis tiue Clovis I reçut de l’Empe- reur Anartale les honneurs confulaires , auxquels le titre A’illujlre étoit attaché. Dans la luire les Maires du Palais qui avoient uiurpé l’autorité royale , s’arro- gèrent auill la même qualiiication , qui fut dédaignée par Chailemagne devenu Empereur , 6c abandonnée, aux grands Seigneuts. Enfin elle a celle d’être en ufige. Illustre. Titre porté par quelques Eglifes diftinguées. On dit ’ illujlrc Églife & Abbaye des Dames Cha- noinelies de Pourfay en Lorraine, ILLUSTRE PONTIFE. Foye^ Pontife. ILLUSTRER, v. a. Rendre une chofe illuftre, lui don- ner du luftre & de l’éclat. Illufirare. Il ne faut qu’un grand homme pour ’dlufirer une mailon. Illufirer une hiftoire par des médailles. Spon. UCT Les grandes charges illuftrent les frmilles. C’efi par-là que Molière illuftrantyê^ écrits y Peut-être defion art eût emporté le prix. BoiL. CtCF ILLUSTRÉ, ÉE. part. Maifon, Famille illufirée. Ville illufirée par le fang des Martyrs. ILLUSTRISSIME, adj. m. & f. Qui eft très illuftre. C’eft un titre d’honneur qu’on donne aux Evêques. Illuf- trifihnus. Vlllitfirifilme Se Révérendilîîme Archevê- que de Paris. Il eft tiré de l’Italien illufirijfimo. L-orl- que le Cardinal du Perron revint de Rome après la négociation de Vcnife , il en apporta Villujlrifiïme Cardiiialj Se la Seigneurie illufiriffime ; mais perlon- ne n’en voulut. Balzac Ce que dit là Balzac étoit vrai de fon temps , mais le mot A’illufirijfimc a été re- çu depuis. Coftar écrivant à M. de Lingendes , nom- mé à l’Évécbé de Sarlat , lui dit : J’avois dépit de ne vous pouvoir traiter A’Illufirifiime. §C?" A la Cour de Rome , on donne le titre de Sei- gneurie illufir’jjlme aux Nonces , aux Evêques Se prin- cipaux Prélats Romains. Le Décret des Papes j par lequel il fut ordonné qu’à l’avenir les Cardinaux fe- roient traités A’Eminence , eft feulement du 10 Janvier • 1650. Ce qui obligea les Cardinaux de rejetter alors unanimement la qualité èé Illufiaiffime , dont ils s’c- toient contentés julques là. Remarques J’ur la Satyre Ménippée. ILLUTATION. f. f. Illutatio. C’eft l’aéfion d’enduire quelque partie du corps de boue que l’on a foin de renouveilcr iorfqu’elle eft fcche, à delîein d’échauf- fer, de delfécher Se de difcutcr. On fe fert pour cet effet du limon que l’on trouve au fond des fources minérales. Diélionnaire de James. ILLYRICAINS. f m. pi. Hérétiques qui fuivent les er- reurs qui ont été publiées dans le fcizième lîécle, par Mat-cliias Francov/itz , que l’on furnomma Illyricus , à caufe qu’il étoit d’Albone en Ulyrie. Ce Matthias embrafîa la Doctrine de Luther. Il rcjetroit entiére- K