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BRO

Pont-neuf, vis-à-vis la place Dauphine. C’est un présent que la République de Venise fit à Henri IV.

BRONZER. v. a. Peindre en couleur de bronze avec de la limaille de bronze. Æris colore inficere, imbuere.

Bronzer, chez les Arquebusiers & autres ouvriers en fer, c’est faire prendre au canon d’un fusil, par exemple, une couleur d’eau, en le frotant, lorsqu’il l’ont fait chauffer à un certain point, avec la pierre sanguine, jusqu’à ce qu’il ait pris la couleur.

Bronzer, chez les Parfumeurs, c’est teindre en noir des gants & des souliers pour un deuil.

BRONZÉ, ÉE, part. & adj. On appelle du marroquin bronzé, celui qui n’est point grenu, qui est passé en noir, & qu’on emploie pour faire des souliers de deuil. Æris colore infectus. Souliers bronzés, gants bronzés.

BROQUART. s. m. Terme de Vénerie, qui se dit d’un jeune cerf, & généralement des bêtes fauves d’un an. Cervulus bimulus. On écrit aussi Brocard.

BROQUE. s. m. Terme de Jardinage. Tête d’un rejeton d’un chou frisé. Surculi caput. Si l’on étête des choux, ils repoussent non-seulement du couronnement, comme les arbres, mais encore de leur tige, de haut de bas, à l’endroit de l’aisselle de toutes leurs feuilles caduques, autant de têtes qu’ils ont perdu de feuilles dans tout cet intervalle. Si la première pousse se casse au collet, alors les repouces foisonnent sur-tout au couronnement, & chaque rejeton forme à part sa tête, grosse comme le poing ou plus. On appelle ces têtes dans les choux frisés, des broques, de l’italien broccoli. Dod. Acad des Sc. 1700, p. 149, 150. Le vingt-quatrième Janvier j’ai compté vingt-sept fleurs dans une broque qui n’avoit que dix-sept feuilles. Id. p. 151. La broque grainée portoit tant en cinq tiges principales que latérales, 136, tant gousses que fleurs. Toutes les huit broques ensemble estimées sur le pied de la plus avancée, 1088. Id. p. 152. Un chou frisé étêté avoit poussé trente-six rejetons en broques. Voyez encore Broccoli.

BROQUETTE. s. f. Petit clou à tête dont on se sert pour attacher des garnitures de lit, de chaises, & autres petits ouvrages. clavulus. Ce mot venoit de broche.

BROSSAILLES, plus ordinairement BROUSSAILLES. s. f. Fruteta, frutecta, fruticeta, dumeta. Méchant bois qui ne profite point, touffes de buissons, genèts, épines, bruyères, &c. Un pays de brossailles est difficile à passer. Le lion voulant chasser avec l’âne le cacha dans les brossailles. Port-R. Ce n’étoient que de petits sentiers pleins de brossailles. Vaug. Ignace perça les brossailles qui fermoient les avenues de la caverne. Bouhours.

On dit dans la basse latinité bruscia & brozia, d’où Du Cange dérive ce mot.

On appelle aussi brossailles, ces menus bois de fagots rompus & déliés qui restent dans un grenier où l’on a entassé beaucoup de menus bois. Virgulta. Il n’a a plus que des brossailles dans ce bucher. On le dit aussi de ce qui reste du menu bois qu’on abandonne dans les forêts après qu’on y a fait des fagots. Ils amasserent des brossailles pour faire du feu. Ablanc.

On dit de quelqu’un, qu’il est dans les brossailles ; pour dire, qu’il est gris ou ivre. Dict. Com.

☞ BROSSE. s. f. se dit en général de tout instrument à poil, à laiton, ou à fil d’archal, servant à nettoyer, ou autres usages semblables.

Brosse à tête, assemblage de petites verges de jonc délié qui sert à décrasser la tête. Scopula.

C’est aussi un assemblage de plusieurs soies de pourceau ou de sanglier, liées & engagées dans plusieurs trous d’un ais percé à ce dessein, qui sert à nettoyer les habits, à froter les planchers, & à panser les chevaux, &c. On en fait aussi de petites qui servent aux Peintres, aux Doreurs, aux Vitriers, aux ouvriers en stuc, &c. La brosse des Peintres, est un pinceau dont tous les poils sont égaux, & ne se terminent pas en pointe, comme les pinceaux ordinaires, servant pour coucher ou pour étendre des couleurs. Il y a des brosses de toutes sortes de grosseur, mais en général les plus petites brosses sont plus grosses que les gros pinceaux. Elles se font de poil de porc. C’est une très-bonne pratique de peindre avec la brosse : on peint avec plus de fermeté. Les premières couleurs s’appliquent avec la brosse, parce que la pratique en est plus expéditive. Dict. de Peint. & d’Arch. Les Imprimeurs se servent aussi de grandes brosses faites de poil de sanglier pour laver les formes avec de la lessive, quand elles sont tirées.

☞ Il y a encore plusieurs sortes de brosses : brosses de carrosses pour nettoyer le dehors & le dedans du carrosse. Brosses à cheval ; pour étriller les chevaux & leur polir le poil. Brosses à dent, pour nettoyer les dents. Brosses à lustrer, chez les gainiers, pour lustrer leurs ouvrages en noir, ou en d’autres couleurs : chez les Chapeliers, pour lustrer les chapeaux. Brosses à peigne, pour nettoyer les peignes. Brosses de Tisserand, pour mouiller leur brin sur le métier. Brosses à Chirurgiens pour froter le corps de ceux qui ont des rhumatismes, pour faire transpirer l’humeur qui cause la douleur.

Brosses, au pl. se dit des bruyères ou broussailles des terres incultes où il vient des plantes sauvages, du menu bois ou arbustes peu élevés, ou de méchantes tailles qui sont au bord de la forêt. Densum virgetum.

Brosse. La seconde & la troisième paire de jambe de l’abeille ont une partie que l’on appelle la brosse. Cette partie est carrée, sa surface extérieure est rase & lisse ; sa face intérieure est plus chargée de poils que nos brosses ; ils y sont rangés de même.

BROSSER. v. a. Froter avec des brosses la tête, les habits, les meubles, &c. Tergere, detergere.

Brosser les lettres. Terme d’Imprimeur, c’est en ôter l’encre avec de l’eau & de la lessive.

Brosser un cheval, le froter avec la brosse, pour ôter la poussière de dessus son corps.

Brosser, signifie aussi, courir à travers les bois & les pays de bruyères & de broussailles. Sylvas pererrare, pervagari. Brosser à travers les buissons. Vaug. Quint. L. 6. Il travaille sans cesse à brosser les forêts. Théoph. Voyez aussi Salnove.

BROSSÉ, ÉE. part.

BROSSIER. s. m. Ouvrier qui fait des brosses.

Brossier (Marthe) Filme de Jacques, Brossier, Tisserand de Romorantin, étant âgée de 20 ans en 1598, fut tourmentée d’un mal qui lui causoit des contorsions étranges & lui faisoit faire des mouvemens extraordinaires : de sorte que le peuple s’imagina qu’elle étoit possédée. Son pere courut le pays avec elle, sous prétexte de la mener à des pélerinages & de chercher des exorcistes qui la pussent délivrer. L’Official d’Orleans la chassa de ce diocèse : l’Evêque d’Angers en fit autant. Brossier amena sa fille à Paris ; & les Capucins commencerent à l’exorciser dans l’Eglise de Sainte Geneviéve. Le Cardinal de Gondi, Evêque de Paris, convoqua une assemblée d’Ecclesiastiques dans cette Abbaye, & par leur avis, il choisit cinq fameux Medecins pour examiner ce qui en étoit. Après plusieurs épreuves, trois jugerent qu’il n’y avoit point de possession, & comme dit M. de Thou, qu’il n’y avoit rien de diabolique dans son fait, mais beaucoup de fraude & un peu de maladie. Unanimi ab iis Medicis consensu, Episcopo rogante, responsum est, nihil a spiritu, multa ficta, pauca à morbo esse. Un quatrième dit qu’il falloit attendre trois mois pour connoître ce mal. Duret fut le seul qui soutint qu’elle étoit possédée. D’autres Médecins furent appelés, qui furent du même avis. Le peuple couroit en foule, comme pour entendre quelqu’Oracle sur les affaires du temps.