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COQ

chées à sa coquille. Les Lapidaires scient les coques de perles, & de deux coques qu’ils ont l’adresse de joindre, ils en font une seule perle. Il faut être bien connoisseur pour s’appercevoir de l’artifice.

Coque de Ver à Soie, C’est l’envelope où le ver se renferme quand il veut filer. Cette coque étant achevée, le ver se change en féve, & de féve en papillon : ensuite il perce sa coque pour en sortir. Bombycis folliculus.

On dit proverbialement & par reproche, qu’un jeune garçon ne fait que sortir de la coque ; pour dire, que ce n’est encore qu’un enfant. Ac. Fr.

Coque, en termes de Marine, est un faux pli qui se fait à une corde qui est trop torse. Ruga.

Coque, en termes de Serrurier. Ce sont des pièces de fer qui servent à conduire le pêne d’une serrure, & dans lesquelles entre l’auberon.

Coque de Levant, sont de petits fruits ou baies grosses comme de gros pois, de couleur obscure. Elles contiennent chacune une semence jaunâtre, friable, dont la force se dissipe en vieillissant. On s’en sert comme de la staphisaigre pour faire mourir les poux. ☞ On en jette aussi dans la rivière pour enivrer les poissons & les prendre ensuite plus facilement.

COQUEFREDOUILLE. s. m. mot bas & burlesque ; pour signifier, selon Cotgrave, pauvre here, misérable, malotru, ou, selon l’Auteur du Dictionnaire Comique, sot, fat, sans esprit.

L’Espagnol, ce Coquefredouille,
Va toujours à l’école, & perd toujours bredouille. Desh.

L’Auteur de la Fulminante, page 56, s’est servi de ce terme, en parlant des démêlés des Rois Philippe Auguste & le Bel avec les Papes. C’étoit, dit-il, un temps où la Religion Catholique étoit florissante, mais la France portoit des hommes mâles, & non des coquefredouilles embéguinés. Le Dictionnaire de Rimes de Richelet, pag. 511, où ce mot est mal écrit Coquefredouille, l’explique par irrisor, moqueur, railleur ; mais ce n’est pas là le sens de coquefredouille.

COQUELICOT, COQUELICOC, ou COQUELICOQ. s. m. Le premier est le meilleur & celui que l’Académie a préféré. Espèce de pavot sauvage qui croît dans les blés, & dont la fleur est rouge. Erraticum papaver. On l’appelle aussi ponceau. Voy. Pavot. On fait une eau distillée & un syrop de fleurs de coquelicot.

COQUELINER, v. n. terme d’Oisellerie, pour exprimer le chant du coq. L’on dit du coq coqueliner. Faultrier.

COQUELOURE. s. f. Pulsatilla. Plante qui a du rapport avec l’Anémone, & qui n’en diffère que par ses semences, qui sont terminées par une queue barbue. Il y a plusieurs espèces de coquelourde ; la plus commune est celle qu’on nomme Pulsatilla folio crassiore & majori flore. C. B. Sa racine est grosse comme le doigt, longue, noirâtre, branchue, fibreuse, amère & âcre au goût. Elle donne des feuilles découpées fort menu, soûtenues par des queues assez longues ; du milieu de ces feuilles naît une tige lisse, arrondie un peu, velue, haute de cinq à six pouces environ, & garnie quelquefois de trois feuilles aussi finement incisées que celles du bas, & disposées en manière de collet. Elle est terminée par une fleur bleuâtre ou pourpre, à six pétales velues, rangées comme celles de l’Anémone. Le pistil est chargé de quantité de semences ramassées en tête & terminées par une queue barbue ; & il est environné d’un grand nombre d’étamines violettes qui portent des sommets jaunâtres. Cette coquelourde fleurit au printemps, & elle croît dans plusieurs endroits du Royaume. Les autres espèces de coquelourde diffèrent de celle-ci par la couleur de leurs fleurs & par leurs feuilles.

COQUELOURDE est encore le non que donnent les fleuristes à une plante appelée Lychus Coronnia Sativa, &c.

☞ COQUELUCHE. s. f. vieux mot qui signifioit capuchon. On dit figurément & par allusion à la coqueluche dont on se coëffoit, qu’une personne est la coqueluche de la Cour, du beau monde, de la ville ; pour dire, qu’elle est fort en vogue, & extrêmement à la mode. Ac. Fr. C’est dans ce sens que la Bruyère a dit au chapitre de la Société, page 164, des éditions 9 & 10, & page 193 du premier tome de l’édition de M. Cosse : « Si à votre âge vous êtes si vif & si impétueux, quel nom Théobalde, falloit-il vous donner dans votre jeunesse, & lorsque vous étiez la coqueluche ou l’entêtement de certaines femmes qui ne juroient que par vous & sur votre parole ? » Quelques-uns prétendent que c’est Boursault qui est masqué ici sous le nom de Théobalde. Il avoit beaucoup d’esprit & de vivacité. Boileau déclare à la fin de la remarque sur le vers 64 de sa neuvième Epitre, que de tous les Auteurs qu’il a critiqués, Boursault est, à son sens, celui qui a le plus de mérite. D’autres croient que le Théobalde de la Bruyère est Benserade, qui a été effectivement la coqueluche de la Cour pendant plus de quarante ans, & qui défendoit ses ouvrages avec un tel entêtement, que ceux même qu’il consultoit, ne pouvoient lui dire leur pensée, sans s’exposer de sa part à d’étranges emportemens. Voy. l’Histoire de l’Académie, Françoise, in-12, 1730, tome 2, p. 167 & 168.

Coqueluche, maladie contagieuse & maligne, qui régna en 1510, 1558 & 1577. Cucullaris morbus. C’étoit une fluxion sur la poitrine, accompagnée de mal de tête, qui fit mourir beaucoup de monde, Mézeray dit que sous Charles VI, en 1414, un étrange rhûme, qu’on nomme coqueluche, tourmenta toutes sortes de personnes, & leur rendit la voix si enrouée, que le Barreau & les Collèges en furent muets. Un Médecin nommé Valeriola, dans l’Apendice de ses lieux communs, dit que ce nom lui fut donné par le peuple, parce que ceux qui en étoient attaqués portoient une coqueluche, ou capuchon de Moine, pour se tenir chaudement. Ménage & Monet sont du même avis. Un autre Médecin, appelé le Bon, a écrit que cette maladie a été ainsi nommée à cause du remède qu’on y apporta, qui fut le loch de codion, fait avec les têtes de pavot, qui sont appelées codion, ou têtes de coquelicot. On l’a aussi appelée quinte. Cette maladie se fait sentir de temps en temps, elle fit de grands ravages en 1723 & en 1733.

COQUELUCHER. v. n. Ce mot se disoit autrefois pour dire, être attaqué, travaillé, tourmenté de la coqueluche. Cucullo morbo laborare.

Pareillement m’avertis, si tous ceux
De ton quartier ont été si tousseux,
Comme deçà on va coqueluchant.

COQUELUCHON. s. m. Capuchon de Moine fait de grosse bure. Cucullus. Les uns sont en pointe, & les autres en rond.

Coqueluchon se dit encore d’une espèce de capuchon, dont les Pénitens (Confrérie fort en vogue dans les provinces au-delà de la Loire) se couvrent le visage & la tête. Il est formé d’un morceau de toile carré, de la couleur du reste de leur habit, plié en diagonale, dont deux des côtés sont cousus ensemble. Comme il leur couvre tout-à-fait le visage, on y pratique deux trous vis-à-vis les yeux, pour qu’ils voient à se conduire.

D. de Vert dérive coqueluchon de cucullio, ou cucullus, & ceux-là du mot Grec Koukoullion, & de Kuklos, κύκλος, un cercle, parce que le capuce, ou capuchon, ou coqueluchon, forme en effet