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BRI

Grecs faisoient principalement de trois sortes de briques ; l’une qu’ils appeloient δίδωρον ; c’est-à-dire, de deux palmes ; l’autre τετραδώρον ; de quatre palmes ; & la troisième πεντάδωρον ; de cinq palmes. Ils en faisaient encore d’autres qui n’avoient de grandeur que la moitié de chacune de ces trois sortes, & les joignoient ensemble pour rendre leurs ouvrages plus solides & plus agréables à la vue ; par là diversité des grandeurs & des figures de ces différentes briques. Félibien.

Ménage dérive ce mot de brica, dont les Auteurs de la basse latinité se sont servis dans le même sens, qui a été fait de imbricare ; pour dire, couvrir de tuiles. D’autres le dérivent de fabrica, parce que c’est une pièce qu’on taille & qu’on fabrique.

L’huile de brique est une huile d’olive dont on empreint des briques ; & qu’on fait ensuite distiller. On fait rougir des morceaux de brique entre les charbons ardens, & on les éteint en les jetant dans une terrine remplie à demi d’huile d’olive. On les sépare ensuite, & ayant pulvérisé grossiérement la brique imbue d’huile ; on la met dans une cornue, qu’on place dans le fourneau de réverbère ; & par le moyen du feu, on en tire une huile que les Apothicaires appellent oleum de lateribus, & les Chymistes, huile des Philosophes. On s’en sert pour résoudre les tumeurs de la rate, pour la paralysie & pour l’asthme.

On appelle de l’étain en brique, une sorte d’étain qui vient d’Allemagne, en petits morceaux, ou lingots de huit à dix livres, qui ont la figure d’une brique.

Brique, se dit encore de certains pains, ou morceaux de savon sec & jaspé.

☞ BRICQUEBEC. Perite ville de France en Normandie, à trois ou quatre lieues de Cherbourg.

BRIQUET. s. m. Espèce de couplet où la charnière ne paroît pas, comme aux autres couplets, où elle forme un demi-cylindre des deux côtés.

Briquet. s. m. Fusil ou instrument, petite pièce d’acier dont on frappe un caillou, pour en tirer du feu : ce qui s’appelle battre le briquet.

Briquet. Terme de manufacture de tabac. Sorte de petit tabac dont le filage n’a guère plus de cinq lignes de diamètre.

BRIQUETAGE. s. m. Amas de briques, ouvrage de brique. Opus lateritium. Dans Marsal en Lorraine & aux environs, en fouillant à une certaine profondeur de terre, on trouve ce que l’on appelle communément Briquetage. D’Artezé. Ce qui forme ce briquetage est un assemblage de briques ou morceaux de terre cuite, rougeâtre ; comme sont les briques cuites au four. Tous ces morceaux de terre cuite n’ont pas été moulés, on leur a donné avec les mains telle figure qu’on a voulu ; les uns sont en cylindre, d’autres en espèce de cône, ou de parallélepipède, ou de quelque figure informe. On en voit plusieurs où l’empreinte de la main est parfaitement marquée ; on en remarque aussi quelques-uns dont la terre a été entortillée & pressée d’un brin de bois. Les plus gros morceaux de ce briquetage ont environ dix ou onze pouces de pourtour. Les autres morceaux d’une moindre grosseur, sont de toutes sortes de dimenfions, & il y en a qui sont très-petits. Tous ces morceaux, avec la cendre & les autres parcelles qui se trouvent dans les fours à briques, & jetés confusément sur les marais, sans mortier ni chaux, & sans aucune matière, forment un corps ou massif de briques que l’on a appelé briquetage, sur lequel est bâtie la ville de Marsal. Id. Ce briquetage est un ouvrage des Romains, mais on ne sauroit dire en quel temps il a été fait. Il s’étend au-delà de Marsal, dans la campagne. Voyez M. D’Artézé, Recherches sur le briquetage de Marsal.

Briquetage. Imitation de la brique, qui se fait avec du plâtre & de l’ocre rouge. Brique contrefaite. Tous les devans des maisons de Versailles sont de briquetage.

BRIQUETER. v. a. C’est contrefaire la brique sur le plâtre, avec une impression de couleur d’ocre rouge & y marquer les joints avec un crochet. Lateres imitari. Devant de maison briqueté.

BRIQUETÉ, ÉE, part. & adj. Qui est fait de brique, ou disposé en façon de brique. Lateritius.

Briqueté, ée. Terme de Médecine, qui se dit de l’urine qui prend une couleur de brique, de rouge sale. Rubeus, rubescens, latéritio colore, lateritius, a, um. Son urine étoit claire, & couloit en abondance durant tout l’accès, & elle devenoit trouble & briquetée après qu’il étoit cessé. Demours, Acad. d’Ed, I. p 333. Les hydropiques à qui les urines restent rouges, briquetées, & en petite quantité après la ponction, laissent peu d’espérance. Duverney, fils, Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 179.

BRIQUETERIE. s. f. Lieu où l’on fait la brique. Figlina, Lateraria ; & l’art de la fabriquer, ars lateraria.

BRIQUETIER. s. m. Ouvrier qui fait ; ou qui vend de la brique. Figulus.

BRIS. s. m. Terme de Palais, Rupture faite avec violence ☞ d’une chose fermée, ou de ce qui en fait la clôture. Bris de scellé, bris de prison. Fractura. Le bris des prisons rend un accusé coupable, & sert de conviction. Par la disposition du Droit, ceux qui avoient brisé leur prison, étoient punis comme criminels. Mais en France la peine du bris de prison est arbitraire, & se règle par la qualité de l’évasion. De Lange. En ce cas on fait le procès à l’accusé par défaut & contumace. Voyez l’Ordonnance de 1670. Le bris de prison est un crime dans la personne même de celui qui se trouveroit avoir été emprisonné sans cause légitime, parce que la violence n’est point permise, & qu’il faut tenir sa liberté de la Justice. Les complices du bris de prison sont punis encore plus sévèrement que le prisonnier qui cherche à s’évader. La peine de ce crime est arbitraire, parce qu’il est toujours accompagné de circonstances qui le rendent plus ou moins grave. Il y a un article dans la dépense du compte des menus plaisirs du Roi, pour le bris qui se fait dans les voyages de la Cour.

☞ Le bris de scellé se poursuit extraordinairement.

Ce mot vient du grec βρίζω, impetum facio, ou du vieux mot brisare, qui se trouve dans quelques loix en la même signification.

Bris, se dit aussi des vaisseaux qui viennent échouer, ou se rompre sur les rochers ou les bancs qui sont sur les côtes. Quassatarum navium labefactatio, laceratio. C’étoit le droit de s’emparer des effets des malheureux que la tempête faisoit échouer sur les côtes. Lobin. Hist. de Brét. T. I, p. 203. Tous les effets d’un vaisseau brisé ou échoué sur les côtes, & le vaisseau même, étoient au Duc de Bretagne, & ceux qui sauvoient ces effets dévoient se contenter d’un salaire convenable, à moins qu’ils ne se fussent mis en mer pour cela ; car alors il leur étoit dû le tiers de ce que l’on sauvoit. Id. p. 848.

Le droit de bris des vaisseaux, qu’un titre de l’an 1155 appelle en latin laganum, appartient au Seigneur du lieu où se fait le bris : c’est le droit le plus injuste & le plus universel qui soit au monde. D’Argentré, Hist. de Brét. L. I, p. 102, dit qu’il y a lettres parmi les chartres, par lesquelles les Princes de Bretagne avoient droit de prendre ce droit jusqu’à la Rochelle & à Bourdeaux, & déclaration des Rois de France & d’Angleterre au profit des Ducs. Au Royaume d’Achem, & par toutes les Indes, le bris appartient au Roi. Les anciens Gaulois usoient de ce droit, parce au’ils réputoient tous les étrangers pour leurs ennemis, & en faisoient même de sanglans sacrifices à leurs Dieux. Les Romains abrogèrent cet usage : mais sur le déclin de l’Empire il fut rétabli à caufe de l’incursion des nations, & sur-tout des Normands qui ravageoient les rivages de la Gaule. Enfin les Ducs de Bretagne, du temps de S. Louis, &