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CON

prendre les Ordres dans l’année. Lors de la création des Présidiaux, l’on ne pensa point à y mettre des Clercs. Le Clergé s’en plaignit ; ses remontrances réitérées donnèrent lieu aux Edits de création de deux Conseillers-clercs en chaque Présidial, du mois d’Août 1573, & Décembre 1635.

☞ On appelle Conseiller d’honneur, celui qui sans être, ni avoir été titulaire d’un office de Conseiller, a entrée & voix délibérative dans une Cour Souveraine, une séance distinguée au dessus de tous ses Conseillers titulaires. Les Conseillers d’honneur ne rapportent point, & n’ont aucune part aux épices.

☞ Le Conseiller d’honneur né, est celui à la dignité duquel le titre & la fonction de Conseiller d’honneur sont attachés. Il y en a d’autres qui ne le sont qu’en vertu d’un brevet du Prince. L’Archevêque de Paris est Conseiller né au Parlement. Speciali quodam muneris & officii jure Senator.

Conseiller honoraire, celui qui après 20 ans d’exercice, vend sa charge, & obtient des lettres de vétérance qui lui donnent entrée, séance & voix délibérative dans la compagnie, sans pouvoir cependant rapporter ni participer aux émolumens. Senator honorarius.

Conseiller. C’est aussi un titre qu’on donne à dix Seigneurs Vénitiens, qui, conjointement avec le Doge, représentent le Corps de la République de Venise. On les appelle Conseillers de la Seigneurie.

Conseiller Pensionnaire. C’est ainsi qu’on appelle, dans la plupart des villes de Flandre & des Pays-bas, un gradué qui fait le rapport des procès & donne son avis aux Echevins & Officiers municipaux qui, dans ce pays, jugent les affaites en première instance. Le Conseiller Pensionnaire n’a que la voix consultative, & les Juges peuvent prononcer contre son avis.

Conseillers, en termes de commerce, s’entend des Marchands établis dans les villes où les diverses nations de l’Europe ont des Consuls, & qui sont choisis pour les assister de leurs conseils.

On dit à ceux qui se mêlent de donner conseil sans qu’on le leur demande, que les Conseillers n’ont point de gages.

On dit, en termes burlesques & précieux, le Conseiller des graces ; pour dire, un miroir. Mol. On l’appelle aussi le conseiller muet dont les Dames se servent. La Font.

CONSEILLER, v. a. donner conseil. Voyez Conseil. Consilium dare alicui, aliquem consilio juvare. Nous ne nous contentons pas d’ordinaire de conseiller nos amis, nous prétendons les régler. S. Réal. Il y a encore plus de gens qui conseillent, que de gens disposés à suivre ses conseils qu’on leur donne. Ab. Il est dangereux de conseiller les Grands. Vaug. Si ta religion est bonne, elle ne t’auroit pas conseillé une méchante action, dit le Maréchal de Matignon à un Protestant convaincu d’avoir voulu l’assassiner. Cail. Alcibiade crut que conduit & conseillé par l’amour, il pouvoit tout entreprendre. Vill.

Aimez qu’on vous conseille, & non pas qu’on vous loue.

Conseiller (Se) à quelqu’un, expression un peu surannée ; pour dire, prendre ou suivre les conseils de quelqu’un. Aliquem in consilium advocare, in consilio habere.

Conseillé, ée. part. Consilio adjutus, fretus.

CONSEILLERE. s. f. se dit dans les Communautés de filles, de celles qui composent le Conseil de la Supérieure, comme chez les Miramiones. Quand on est reçue, on passe un contrat entre celle qui est reçue, la Supérieure & ses Conseilleres. P. Hélyot, T. VIII, p. 231.

CONSENS. s. m. terme de Banquier, & de Chancellerie Romaine. Le jour du consens est le jour que la résignation d’un Bénéfice est admise en Cour de Rome, & que le correspondant du Banquier a rempli, & signé la procuration qui lui a été envoyée avec le serment accoutumé, dont il est fait mention sur les dos du titre qu’on expédie en conséquence. Dies quo transcripta in alterum Beneficii Ecclesiastici possessio admissa est.

☞ Le consens, consensus, est proprement la note qui est délivrée à la Chancellerie Romaine, portant qu’un tel Procureur constitué par la procuration ad resignandum, a l’expédition de la présente signature, & que l’original de la procuration est demeuré à la Chancellerie ou à la Chambre Apostolique. Formalité introduite pour obvier aux fraudes occasionnées par les petites dates.

CONSENTANT, ANTE. adj. terme de pratique. Qui agrée une chose, qui consent. Consentiens. Les contrats ne se sont point, les mariages ne se célèbrent point, que les parties n’en soient consentantes. J’ai joui dix ans de cette terre, un tel le voyant & consentant, j’ai ma prescription acquise contre lui par la Coutume.

☞ CONSENTEMENT. s. m. Acte par lequel on agrée & l’on permet ce que les autres veulent. Voyez Consentir. Le consentement se demande aux personnes intéressées ; la permission au supérieur ; l’agrément à celui qui a inspection sur la chose dont il s’agit. Consensus, consensio.

☞ En style de Palais, le consentement est le concours mutuel de la volonté des parties sur un fait dont elles ont connoissance & qu’elles approuvent. Un testament ou un contrat de mariage fait par un consentement extorqué de force, est nul. L’élection de ce Magistrat s’est faite du consentement de toute l’Assemblée. Unanimi omnium consensu, omnibus assentientibus. Point de contrat sans le consentement des parties. Les Moines ne sortent qu’avec la permission du Supérieur. Pour acquérir une charge à la Cour, il faut l’agrément du Roi.

Consentement se dit aussi en logique & en morale pour acquiescement. Assensus. L’ame ne peut refuser son consentement à tout ce qui paroît revêtu du caractère de l’évidence. On doit peu estimer le consentement téméraire d’une multitude, qui suit plutôt ses intérêts que ses lumières dans le choix des opinions.

☞ Le consentement est exprès ou tacite, ou présume ou supposé. Le consentement universel de l’Eglise est une preuve de la vérité de notre foi.

Consentement, terme de Médecine. Voyez Sympathie.

☞ CONSENTES. s. m. pl. terme de Mythologie. Les Romains appeloient ainsi des Dieux du premier ordre, mais dont les noms étoient cachés & inconnus. Consentes. Les inscriptions nous apprennent que parmi les consentes il y avoit non-seulement des Dieux, mais aussi des Déesses. Varron dans Arnobe, L. III, dit que ce nom venoit des Etruriens, qui les appeloient aussi complices ; mais on est partagé sur la raison qui leur fit donner ce nom, & sur son origine & sa signification. Quelques-uns veulent que consentes soit la même chose que consentientes, & qu’ils ont été ainsi nommés, parce qu’ils étoient toujours d’accord dans ce qu’ils promettoient tous de concert. D’autres prétendent que consentes est la même chose que consulentes, & que la raison qui leur fit donner ce nom, est qu’ils étoient les Conseillers de Jupiter. Varron le dit en effet dans Arnobe ; mais il apporte une autre raison de ce nom, c’est, dit-il, qu’ils naissoient & qu’ils mouroient ensemble, quòd unà orientur, & occidant unà. Junius croit que ce nom vient de l’ancien verbe conso, consis, qui signifioit la même chose que consulo. Il y avoit douze Divinités consentes, six Dieux & six Déesses, & Varron dit qu’ils avoient peu de pitié, miserationis parcissimæ. On dit communément que ces Dieux consentes étoient ceux qu’Ennius a renfermés dans ces deux vers,

Juno, Vesta, Minerva, Ceres, Diana, Venus, Mars,
Mercurius, Jovis, Neptunus, Vulcanus, Apollo ;