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selon la coutume des anciens Comédiens. Avant Thespis, la Comédie n’étoit qu’un tissu de contes bouffons ; & les Comédiens qu’il promenoit sur des charrettes ne disoient que des injures, ou divertissoient le spectateur par quelque raillerie grossière, ou par quelque chanson obscène. Eschyle les habilla plus honnêtement, leur chaussa le brodequin, & les fit monter sur un théâtre, au lieu de charrette. ☞ Nos premiers Comédiens ont été les Troubadours, nommés aussi Trouveurs & Jongleurs. Voyez ces mots. Aux Jongleurs succédèrent les confrères de la Passion. Voyez Comédie.

A l’Opéra, on dit, Acteurs, Actrices, Danseurs, &c.

Le Concile d’Arles en 315 déclare que les Comédiens & les gens de théâtre seront excommuniés tant qu’ils demeureront dans cette profession.

☞ La condition des Comédiens étoit infâme chez les Romains, & honorable chez les Grecs. Qu’est-elle chez nous ? On pense d’eux comme les Romains, on vit avec eux comme les Grecs.

L’incommodité d’être obligé de pleurer & de rire, lorsque l’on a envie de faire toute autre chose, diminue beaucoup le plaisir qu’ont les Comédies, d’être quelquefois Empereurs & Impératrices. Scarron, Rom. com.

On dit figurément d’un hypocrite, d’un homme qui sait bien se contrefaire & déguiser ses sentimens, que c’est un bon Comédien. Simulator.

On dit d’une femme qui n’étant par fort régulière, a un extérieur modeste, & fait la prude, je n’ai jamais vû une si grande Comédienne. Bouh. On dit proprement qu’une femme est grande Comédienne, quand elle paroît ce qu’elle n’est pas. On dit la même chose d’un homme. Tous les successeurs de Zénon & de Diogène ne sont que des Comédiens, & ne se font valoir que par leurs barbes & leurs manteaux. Maug.

Ne vous fiez pas à ceux qui n’aiment la vertu que pour la réputation qu’elle donne : ce sont des Comédiens qui changent d’habits selon les rôles différens qu’ils ont à jouer. Bell. La plûpart des Courtisans sont de grands Comédiens.

COMENGES. Voyez Cominges.

☞ COMÉNOLITARI, (le) contrée de la Grèce moderne, la même que les anciens ont connue sous le nom de Macédoine. Selon M. De Lisle le Coménolitari comprend, ce qu’on appelle aujourd’hui. 1o La Janna, qui est la Thessalie : 2o. La Veria, qui est composée des Provinces qui étoient autrefois au cœur de la Mécédoine : 3o. La Jamboli, c’est-à-dire la partie qui en est au nord oriental, où étoient l’Amphaxitide, la Paraxie, la Chalcitique, la Mygdonie & la Bisaltie.

COMESSATION. s. f. Repas, festin. Ce terme n’est plus en usage.

☞ COMESTIBLE, adj. m .& f. bon à manger, qui sert de nourriture aux hommes : car l’usage n’a pas reçu ce mot relativement aux animaux. On le dit même rarement dans l’usage ordinaire. Denrées comestibles. Comestibilis.

☞ COMÈTE. s. f. Corps céleste de la nature des planètes, qui paroît soudainement & disparoît de même, avec une traînée de lumière, à laquelle on donne tantôt le nom de chevelure, tantôt le nom de barbe, & tantôt celui de queue. On a douté pendant long temps si ce mot étoit masculin ou féminin. Ménage dit que de son temps cette question fut fort agitée à la Cour, durant l’apparition d’une comète, & que quelqu’un dit plaisamment qu’il falloit lui regarder sous la queue pour savoit si elle étoit mâle ou femelle. Aujourd’hui l’usage général fait ce mot féminin, & il ne seroit pas moins ridicule de dire le comète, que le lune ou la soleil.

Comète. Les Péripatéticiens, après Aristote, prétendoient que les comètes n’étoient que des vapeurs & des exhalaisons élevées jusqu’à la région supérieure de l’atmosphère terrestre, & enflammées par l’action des vents contraires : mais tout le monde sait que les comètes paroissent plusieurs mois de suite ; qu’elles sont beaucoup plus éloignées de la terre que la lune, & qu’elles ont un mouvement périodique autour du soleil, aussi bien réglé que celui des planètes ordinaires. On ne peut dont pas, suivant les règles de la saine Physique, supposer que les comètes ne sont autre chose qu’un amas de vapeurs & d’exhalaisons. Le système de Descartes, quoique plus ingénieux, n’est pas plus conforme aux loix de la Physique ni aux Observations astronomiques. Les comètes, dit-il, ont d’abord été autant de soleils, placés au centre d’un tourbillon particulier ; mais ces soleils s’étant couverts de taches & de croûtes, ont à la fin entièrement perdu leur lumière, & ont été métamorphosés en planètes. Be pouvant plus alors conserver leur tourbillon, elles en ont été dépouillées par quelque voisin ambitieux & plus fort. Errantes & vagabondes, les comètes vont de tourbillon en tourbillon, & ne nous paroissent visibles que lorsqu’elles entrent pour quelque temps dans celui du soleil.

☞ Descartes, par une suite nécessaire des principes de la Cosmogonie, nous propose un vrai roman, au lieu d’un système physique. 1o. Le système des tourbillons simple est aujourd’hui décrié. Voyez Tourbillon. 2o. La supposition que des corps lumineux peuvent s’encroûter & devenir opaques, & trop l’air d’une fable, & est trop contraire aux loix de la Physique. Enfin Descartes suppose que les comètes, qui n’ont d’elles-mêmes aucun mouvement, & qui ne sont emportées par aucun tourbillon particulier, se trouvent des mois entiers dans le tourbillon solaire avec un mouvement souvent contraire, souvent même directement opposé à celui de ce tourbillon, puisque le tourbillon solaire se meut d’orient en occident, & que parmi les comètes les unes se meuvent du midi au nord, les autres du nord au midi, &c. Or tout cela est contraire aux loix de la Physique. Voyez encore Tourbillon.

☞ Les comètes, suivant la doctrine de Newton, créées au commencement du monde, comme les autres planètes, tirent leur lumière du soleil, & parcourent dans le vide autour de cet astre, des éclipses fort excentriques & faisant de forts grands angles avec l’écliptique. Elles persévèrent dans leur mouvement, aussi-bien quand elles vont contre le cours des planètes ordinaires, que lorsqu’elles se meuvent du même côté ; & leurs queues sont des vapeurs fort subtiles qui s’exhalent de la tête ou noyau de la comète échauffée par la chaleur du soleil.

☞ Les comètes ne décrivent pas autour du soleil des orbites circulaires, puisqu’elles se trouvent tantôt plus tantôt moins éloignées de cet astre.

☞ Les comètes décrivent autour du soleil de vraies ellipses, puisque nous les voyons reparoître après un certain nombre d’années.

☞ Les comètes parcourent des ellipses fort excentriques, puisqu’elles ne sont visibles que lorsqu’elles sont près de leur périhélie, & que la vîtesse qu’elles ont alors est incomparablement plus grande que celle qu’elles ont à leur aphélie.

☞ La même comète nous paroît tantôt avec une queue, caudatus, tantôt avec une barbe, barbatus, tantôt avec une chevelure, crinitus, parce que dit M. de Mairan, les comètes passant aussi près du globe du soleil, se chargent d’une partie de l’atmosphère solaire qu’elles traversent. Si la comète suit le soleil, elle doit nous paroître avec une queue ; parce que les rayons de lumière qui sont envoyés avec une vîtesse inconcevable, ont assez de force pour jeter derrière la comète la plus grande partie de son atmosphère qui se trouve entr’elle & le soleil. Si la comète précède le soleil, elle doit paroître avec une barbe, parce que les mêmes rayons de lumière, envoyés sur la comète, chassent la plus grande par-