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☞ COMBUSTION, qui signifie proprement l’action de brûler, mais qui n’est pas en usage, se dit en chimie, & en physique, pour exprimer la décomposition des corps inflammables exposés à l’action du feu dans des vaisseaux ouverts, ou à l’air libre, en sorte que les corps brûlent réellement ; ce qui n’arrive point dans les vaisseaux fermés, où la production de la flamme n’a jamais lieu.

☞ Les anciens Astrologues disoient qu’une planète est en combustion, lorsqu’elle n’est pas éloignée du Soleil de plus de 8 degrés 30 minutes. On ne se sert plus de ce mot.

Combustion signifie commencement, division, dissention, grand désordre qui s’excite tout d’un coup dans une assemblée, dans un Etat. Turba, seditio, dissensio. Pendant la Ligue toute la France étoit en combustion. Toute la Cour étoit en combustion dans la querelle de ce favori. Les mauvais rapports mettent les familles, les meilleurs amis en combustion.

☞ COMCHÉ. Ville d’Asie, au royaume de Perse, sur la route d’Ispahan à Ormus.

COME. s. m. C’est la même chose que COMITÉ. Voyez ce mot.

COSME, Ville du Duché de Milan en Italie. Comum. Elle est capitale du Comasc, située sur le bord méridional du lac qui porte son nom. Côme est une ville fort ancienne. Justin Liv. XX. Ch. 5. prétend qu’elle a été fondée par les anciens Gaulois, qui se rendirent maîtres de la partie occidentale de l’Italie, qui fut appelée de leur nom Gaule Cisalpine. Dans la suite C. Sernion y conduisit une Colonie, & l’ayant rétablir, les Romains la nommèrent Novocomum ; c’est-à-dire, Nouveau Côme. César y envoya aussi 5000 habitans, parmi lesquels il y en avoit 500 des premières familles de Gréce. Côme a été la patrie du Poëte Cæcilius, de Pline le jeune, de Paul Jove, & d’Innocent XI. Côme est encore aujourd’hui une assez grande Ville, bien peuplée, & riche, à cause de son commerce. Il y a un Evêché suffragant du Patriarche d’Aquilée. Voyez Strabon Liv. IV. & Liv. V. Ammien Marcelin Livre XI. Tite Liv. XXXIII, Ch. 22. Leandre Alberti. Descript. Ital. Cluvier, Ital. Antiq. p. 248.

Le Lac de Côme, Comensis, ou Comacenus lacus, Larius, lacus, est le plus grand lac de toute l’Italie. Il est dans le Comasc, contrée du Duché de Milan, aux confins des Suisses & des Grisons. Il est en quelque sorte divisé en trois golfes, dont l’un tourne vers le nord, & reçoit la rivière d’Adda ; l’autre vers le Sud-Est, par lequel la même rivière sort de ce lac ; & le troisième vers le Sud-Ouest.

☞ COMÉDIE, s. f. notre langue n’avoit autrefois qu’un terme pour exprimer toutes sortes d’œuvres dramatiques que l’on appeloit du nom commun de Comédies. Ces pieuses représentations des mystères de notre religion, qui depuis Charles V ont été en usage en France pendant environ 150 ans, se nommoient des comédies, quoiqu’elles ne fussent rien moins que comiques pour leurs dévots spectateurs.

☞ Du temps de Corneille, & même long temps après, les tragédies ont porté le nom de comédies. On disoit la Comédie du Cid, la Comédie de Cinna, la Comédie de Phédre. Madame de Sévigné se sert de cette expression. On dit encore aujourd’hui j’ai été à la Comédie, quoiqu’on ait été voir une Tragédie. Il semble donc que le terme de Comédie soit générique dans notre langue & convienne à toutes sortes de représentations théâtrales.

La fin du règne de Charles V vit naître les commencemens des pièces de Théatre en France sous le nom de Chant-Royal. Voyez au mot Chant ce que c’étoit. Il se forma plusieurs sociétés qui faisoient de ces pièces à l’envi ; l’une desquelles commença à mêler dans ces pièces différens événemens, ou épisodes, qu’ils distribuèrent en actes, en scènes, & en autant de différens personnages, qu’il étoit nécessaire pour la représentation. Leur premier essai se fit au bourg S. Maur. Ils prirent pour sujet la passion de N. S. Le Prévôt de Paris en fut averti, & leur défendit de continuer. Ils se pourvurent à la Cou ; & pour se la rendre plus favorable, ils érigèrent leur société en confrérie, sous le titre des Confreres de la Passion de N. S. Le Roi voulut voir quelques-unes de leurs pièces, elles lui plurent, & cela leur procura des lettres du 4e Décembre 1401 pour leur établissement à Paris. M. de la Mare les rapporte dans son Traité de Pol. L. III, T. III, C. 9. Ces Confrères de la Passion avoient fondé dans la Chapelle de la Sainte Trinité le servie de leur Confrérie. Dans la maison dont dépendoit cette Chapelle, & qui avoit été bâtie & fondée hors la porte de Paris du côté de S. Denys, par deux Gentils-hommes Allemans frères utérins, pour recevoir les Pélerins & les Pauvres Voyageurs qui arrivoient trop tard pour entrer dans la Ville, dont les portes se fermoient alors, il y avoit une grande salle que les Confreres de la Passion louèrent ; ils y firent construire un Théatre, & y représentèrent leurs jeux, qu’ils nommoient simplement Moralités. François I confirma tous leurs privilèges par lettres patentes du mois de Janvier 1518, & ces pièces sérieurs durèrent près d’un siècle & demi. On s’en ennuya. Les Joueurs y mêlèrent quelques farces tirées de sujets profanes & burlesques, qui firent plaisir au Peuple, & qu’on nomma Les Jeux des pois piles, apparemment par allusion à quelque scène qui s’y représenta. Ce mêlange de Morale, ou de Religion & de bouffonnerie, déplut dans la suite aux gens sages. La maison de la Trinité fut de nouveau convertie en Hôpital, suivant sa fondation ; ainsi les Confreres de la passion furent obligés de la quitter. Comme ils avoient fait des gains considérables, ils se trouvèrent en état d’acheter l’ancien hôtel des Ducs de Bourgogne, qui n’étoit plus qu’une masure. Ils y firent bâtir une nouvelle salle, un théatre, &c. Le Parlement, par Arrêt du 19 Nov. 1548, leur permit de s’y établir, à condition de n’y jouer que des sujets profanes, licites & honnêtes, & leur fit de très-expresses défenses d’y représenter aucun mystère de la Passion ni autres mystères sacrés : il les confirma dans tous leurs privilèges & fit défense à tous autres, qu’aux Confreres de la Passion, de jouer ni représenter aucuns jeux, tant dans la ville, fauxbourgs, que banlieue de Paris, sinon sous le nom & au profit de la Confrérie. Ce qui fut confirmé par Lettres patentes d’Henri II, du mois de Mars 1559, & de Charles IX, du mois de Novembre 1563.

Les Confreres de la Passion, qui avoient seuls le Privilège, cessèrent de monter eux-mêmes sur le théâtre. Les pièces ne convenoient plus au titre religieux qui caractérisoit leur compagnie. Une troupe de Comédiens se forma pour la première fois, & prit à loyer le Privilège & l’hôtel de Bourgogne. Les Confreres s’y réservèrent seulement deux loges, pour eux & pour leurs amis ; c’étoient les plus proches du théatre, distinguées par des barreaux, & on les nommoit les loges des Maîtres. La farce de Patelin y fut jouée avec succès sous Henri II. Etienne Jodelle fut le premier qui prit des sujets sérieux, & qui fit deux Tragédies, c’étoit sous Charles IX & Henri III. Sa Cléopatre & Fion furent jouées devant Henri III & toute la Cour, au Collége de Reims, & ensuite au Collége de Boncour. Jean Baïf & la Péruse se distinguèrent ensuite. Garnier l’emporta sur tous ses prédécesseurs. Il se forma quelques troupes de Comédiens en Province, d’où elles passèrent à Paris dans l’hôtel de Cluny. Le Parlement les exclut en 1584. Deux autres bandes, l’une de François, & l’autre d’Italiens, eurent le même sort en 1588 ; mais en 1596, il fut permis aux Provinciaux de jouer à la foire de Saint Germain, à la charge de payer par chacune année qu’ils joueroient, deux écus aux Administrateurs de la Confrérie de la Passion. Les accroissemens de Paris obligèrent dans la suite les Comédiens à se séparer en deux ban-