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verses expériences qui ont été faites, l’on a trouvé qu’une colonne d’air de cinq cens toises de hauteur, de pareille grosseur que le tuyau où étoit le vif argent pesoit trois pouces une ligne & demie de vif argent. Ainsi une colonne de toute la hauteur de l’air, pese vingt-sept à vingt-huit pouces de vif argent, & trente-deux ou trente-trois piés d’eau, en supposant le tuyau où est l’eau, ou le vif argent, de même diamètre que la colonne d’air.

Colonne d’eau, c’est une grande quantité d’eau élevée par les ouragans qui sortent des terres, lesquelles sont dessous la mer. Les Mariniers les craignent beaucoup, & ce n’est pas sans sujet, puisqu’un navire, qui se rencontre en ces endroits, ne peut manquer de périr.

Colonne de Feu & de nuée. C’étoit un feu qui conduisoit les Israélites dans le désert pendant la nuit, & une nuée qui les conduisoit pendant le jour. Columna ignea. O Eternel ! Tu cheminois devant eux la nuit en colonne de feu, & de jour en colonne de nuée. Nombr. ch. 14, v. 14.

Colonne, en termes de l’art militaire, se dit de la division d’une armée qu’on fait marcher en même temps, sur une ou plusieurs lignes, qui ont peu de front & beaucoup de hauteur ; d’un même mouvement, vers un même endroit, en laissant assez d’intervalle entre les rangs & les files, pour éviter la confusion. Ainsi, on dit qu’une armée marche sur une ou sur plusieurs colonnes ; pour dire, qu’elle marche sur une ou sur plusieurs lignes, qui ont peu de front & beaucoup de hauteur.

☞ On le dit aussi sur Mer, en parlant des Vaisseaux qui se suivent sur une même ligne. Il est difficile d’aller par colonnes, de former des colonnes sur Mer, à moins qu’on ait le vent en poupe, en largue.

Colonne renversée. Camper en colonne renversée, c’est-à-dire que le chef de brigade fermera la gauche, & ensuite les bataillons les plus anciens de cette brigade ; mais les compagnies des bataillons ne doivent point se renverser, ni changer leur ordre naturel. Bombelles. Les lignes qui campent en colonnes renversées doivent avoir leur drapeau colonel sur la gauche. Id.

Colonnes de Seth. Josephe (Antiq. Judaïc, c. 2) dit qu’elles étoient dans la terre de Sériad. N’auroit-il pas suivi une tradition que l’on retrouve encore chez les Arabes ? Les Anciens Grecs, dit Abulpharage, croient qu’Enoch, appelé Edris par les Arabes, est le même qu’Hermès surnommé Trismégiste : car l’on suppose qu’il y a eu trois Hermès. Le plus ancien habitoit le Saïd (ou le Terrain élevé) de la haute Egypte. Il a trouvé le premier des substances supérieures, & a prédit le déluge. Dans la crainte que les Sciences ne vinssent à périr, & les Arts à s’oublier, il fit construire les pyramides, graver dessus toutes sortes d’arts & d’instrumens, & représenter les différentes classes de science : son intention étant d’en conserver la connoissance à la postérité. L’idée qu’Enoch a bâti les pyramides, est adoptée par les Sabiens qui vivent aujourd’hui en Egypte. Ils ne s’imaginent pas seulement que ces monumens sont les tombeaux de Seth & de ses deux enfans, Enoch & Sabi, qu’ils regardent comme les premiers Auteurs de leur religion, ils offrent encore de l’encens à ces mêmes monumens, & leur sacrifient un coq & un veau noir. M. d’Herbelot parle du grand respect qu’ils ont pour les pyramides d’Egypte, à cause qu’ils croient que Sabi, fils d’Edris ou d’Enoch, est enterré dans la troisième. Les Sabiens, ajoute-t-il, prétendent tenir leur Religion de Seth & d’Enoch, dont ils se persuadent d’avoir aujourd’hui les livres. Essais sur les Hiérogliph. p. 180.

Colonnes du châtelet, sont des divisions des Conseillers au Châtelet en plusieurs services différens, que chaque division ou colonne remplit alternativement & successivement de trois en trois mois. Ces autre colonnes ou services se réunissent, quand les cas le requièrent ; & alors l’assemblée se tient dans la chambre du Conseil.

Colonne se dit figurément de ce qui soûtient, qui appuie, qui affermit quelque chose. Columen, fulcrum, præsidium. La justice, la paix, la Religion, sont les colonnes de l’Etat. Les Saints Peres, les Martyrs, sont les colonnes de l’Eglise. L’Ecriture dit que la terre est fondée sur de fortes colonnes, & qu’elles ne seront point ébranlées. S. Paul dit, dans son Epître aux Galates, que Jacques, Pierre & Jean, sont regardés comme des colonnes entre les Apôtres. Les grandes colonnes de l’hérésie étoient encore trop fermes. Le P. d’Orl. Possidonius, que Cicéron appelle le plus Grand des Stoïciens, souffrit aussi impatiemment qu’un homme du Vulgaire, & cette colonne du portique fut ébranlée par une maladie. S. Evr.

COLOPHANE. s. f. Selon les règles, il faudroit dire colophone ; mais, selon l’usage, qui est plus fort que les règles, il faut dire colophane. C’est une sorte de gomme dont on se sert pour frotter les archets des instruments de musique. Colophonia. Voyez Colophone.

COLOPHON. Ville ancienne de la côte occidentale de l’Asie mineure. Colophon. C’étoit une ville d’Ionie, où il y avoit un oracle célèbre d’Apollon. Quelques-uns veulent que ce soit le lieu que l’on nomme aujourd’hui Belvédère. Harpagus prit Smyrne & Colophon. Du Loir, p. 9.

COLOPHONE. s. f. Substance de nature oléagineuse, tirant sur le jaune, aride & friable, composée des restes des résines du sapin & des pommes du sapin, épaissies par le moyen de la décoction, & endurcies par le froid. Colophonia. Pour être bonne, il faut qu’elle soit luisante, odorante, & qu’étant jetée sur les charbons ardens, elle rende une fumée presque semblable à celle de l’encens. Pline dit que la colophone a pris son nom de Colophone, ville d’Ionie, d’où elle a été apportée d’abord. On l’a appelée aussi resine espagnole & resine grecque, selon qu’on l’a apportée de ces régions-là. On appelle aussi colophone, la térébentine cuite dans l’eau jusqu’à ce qu’elle ait acquis une consistence solide. On appelle encore colophone, le marc de la térébentine distillée qui demeure au fond de la cornue. La colophone, étant les restes des résines, en a aussi les qualités, mais moins pénétrantes. Elle échauffe, desséche, ramollit & aglutine. On en mêle ordinairement dans les emplâtres. Elle sert aussi ☞ aux joueurs d’instrumens à corde de boyau pour frotter leurs archets. Les particules de colophone dont se chargent les crins de l’archet, le sont mordre davantage sur les cordes qui deviennent par-là plus sonores. On dit partout colophane & non pas colophone.

COLOPHONIEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de Colophon. Colophonius, a. Hérodote, dans le premier Livre de son histoire, rapporte que les Colophoniens sont les premiers fondateurs de Smyrne. Du Loir, p. 13.

COLOQUINTE. s. f. Colocynthis. Plante cucurbitacée, qu’on distingue aisément par l’amertume de ses fruits. Il y a plusieurs espèces & plusieurs variétés de Coloquinte. La Coloquinte ordinaire, ou celle qu’on emploie en Médecine, pousse quelques tiges couchées par terre, rudes au toucher, cannelées & pleines de suc. Elle donne plusieurs feuilles qui sont alternes, rudes, velues, blanchâtres & découpées fort profondément, de même que dans la Citrouille, ou Anguria, mais plus petites. Des vrilles naissent auprès des queues de ces feuilles, & font un peu velues : ses fleurs sont petites à proportion des autres cucurbitacées & jaunâtres. Il succède à celles qui nouent, des fruits gros comme le poing, charnus, de même que le fruit des autres plantes de cette famille, mais fort amers : & ses semences menues sont douces, si on les lave bien, pour emporter l’amertume qui est répandue seulement sur leur surface extérieure. Cette chair