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COL

quoi on laisse refroidir le tout. La colle de poisson dessèche & ramollit en quelque manière. On s’en sert dans les emplâtres glutinatifs. Les Cabarretiers mettent de la colle de poisson dans le vin pour le clarifier.

On dit d’un homme enrhumé, qui crache beaucoup, qu’il crache de la colle.

Colle pour le papier. Elle se fait principalement de rognures de parchemin, de ce qu’on retranche des peaux de parchemin, des piés principalement, que l’on fait bouillir dans un mêlange d’alun, quand les feuilles de papier sont bien seches, on les enduit de cette colle, afin de les mettre en état de recevoir l’écriture. Cette opération s’appelle collage.

☞ COLLE. (LA) Rivière de France dans la Champagne, qui a sa source près de Vitri, & se perd dans la Marne près de Chalons.

☞ COLLE, petite ville d’Italie dans la Toscane, avec un évêché suffragant de Florence, elle est sur les confins du Siénois.

☞ COLLE se dit aussi, parmi la populace, pour bourde, menterie, chose controuvée. Commentum, nugæ. C’est ainsi qu’on dit : Voilà une bonne colle. Il m’a donné une colle.

COLLECTAIRE. s. m. Livre qui comprenoit autrefois toutes les oraisons appelées collectes. Collectarum Liber, Collectarium, dans la vie de sainte Colète, Act. SS. Mart. T. I, p. 552. D. 553. F. Comme il y avoit un Livre des Evangiles ; un autre des Epitres, il y en avoit aussi un des Collectes, & on l’appeloit Collectaire, comme il paroît par cette vie. Les Bollandistes prétendent qu’il se prend pour ce que nous appelons un Diurnal, Act. SS. Mart. T. III, p. 756. E.

Collectaire. Terme du cérémonial ecclésiastique. Collectarius. C’est celui qui porte le livre où sont contenues les Collectes, c’est-à-dire les Oraisons, ou comme l’on dit communément, les Oremus.

COLLECTE. s. f. Levée des tailles, ou autres impositions qui se font par assiette dans une paroisse. Collecta. Ce Paysan a fait la collecte des tailles de cette année, on lui a volé sa collecte, les deniers de sa collecte. La collecte des tailles est censée un emploi inférieur ; à Rome elle étoit honorable. Ce soin appartenoit aux Décurions. Loyseau.

Ce mot vient du verbe colligere, ramasser.

Collecte est aussi une quête de deniers qui se payent volontairement, ou qu’on donne par aumône. Collecta. Les Dames de la Paroisse ont fait la collecte des aumônes qu’on donne pour les pauvres honteux. En 1093, le Pape Urbain II, voulant chasser de Rome les Partisans de l’Antipape Guibert, sans effusion de sang, écrivit pour lever des collectes sur l’Eglise, comme il paroît par sa lettre aux Evêques d’Aquitaine. Fleury. Quelques-uns disent que ces quêtes ont été appelées collectes, parce qu’elles se faisoient les jours de collectes, & dans les collectes, c’est-à-dire, dans les assemblées des Chrétiens. Il est plus vraisemblable que comme les assemblées ont été ainsi appelées du mot latin colligo, parce que le peuple s’assemble, colligitur, de même on a appelé ces quêtes collectes, quia colligitur pecunia, parce qu’on ramassoit l’argent, les aumônes des Fidèles.

Quelques-uns disent aussi ce nom collecte, pour les levées que font les Princes sur leur peuple pour quelque dessein pieux. Le Roi d’Angleterre vint en Normandie l’an 1166, où il ordonna une collecte de deniers pour le secours de la Terre-Sainte, à la prière, & suivant l’exemple du Roi de France, en exécution de ce que le Pape Alexandre III avoit ordonné en un Concile qu’il tint à Reims en 1174. Cette collecte comprenoit tout le monde, le Clergé, la Noblesse, le peuple, & devoit durer cinq ans : c’est le premier exemple, que je sache de ces levées pour la Terre-Sainte. Id. Levée se dit plus ordinairement que collecte, & est plus françois, je doute que ceux qui parlent bien voulussent se servir de collecte en ce sens.

Collecte, nom d’une Oraison de la Messe, que le Prêtre dit immédiatement avant l’Epitre, eò quòd colligantur oblationes, Collecta. En général toutes les Oraisons qu’on dit à la Messe, ou à l’Office, s’appellent collectes, soit parce que le Prêtre parle au nom de tout le peuple, dont il ramasse les sentimens & les desirs par ce mot Oremus, prions, comme le remarque le Pape Innocent III, soit parce que ces prières se font lorsque le peuple est assemblé, comme dit Pamelius sur Tertullien.

On a aussi appelé autrefois collecte, le Sacrifice de la Messe, à cause que le peuple étoit assemblé pour l’entendre. On tient que les Papes Gélase & Grégoire ont établi les collectes. Claude Despense, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, a fait un traité des collectes ; il y parle de leur origine dans l’Eglise Latine, de leur antiquité, de ceux qui en sont les Auteurs, &c.

Quelques-uns dérivent ce mot, pris en dernier sens, de colligere, signifiant assembler, parce que cette oraison se disoit sur tout le peuple & au nom du peuple assemblé, ou parce que l’on rassembloit dans cette oraison les prières de tout le peuple, ou parce qu’on avoit coutume de ramasser les aumônes au temps de cette oraison. Les Bollandistes rejettent ces étymologies, comme tirées de trop loin & sans fondement. Ils prétendent que ce mot vient de conlegere, lire ensemble, & qu’il signifie proprement l’oraison que l’on dit à la Messe, ou par ordre de l’Eglise, ou par dévotion, après l’oraison principale de la Fête, ou du jour ; & que parce que dans les endroits où l’on honore quelque Saint, il est ordinaire de dire son oraison après celle du jour : ces oraisons s’appelèrent conlectæ, qui sont lues ensemble, c’est-à-dire, avec celle du jour, d’où s’est fait collectæ. Voyez Acta. SS. T. VII, Maii, p. 124, A. Un endroit du L. II des Miracles de S. Garmains ; c. 13. Acta SS. Benedict. Sæc. III, P. II, p. 116, confirme ce sentiment ; car il y est dit qu’après l’oraison & la collecte, une femme fut guérie.

Le P. Le Brun prétend que la collecte signifie aussi recueil, sommaire. Cassien appelle le Célébrant, le Prêtre qui officie, celui qui fait le sommaire de la prière : Is qui orationem collecturus est. C’est de-là très-probablement que cette Oraison a pris le nom de collecte. Walafride Strabon, C. XXII, donne cette étymologie : Collecte, quia petitiones compendiosâ brevitate colligimus. L’Oraison qui se dit après l’Offerte, s’appelle Secrette, & celle qui se dit après la Communion, s’appelle Post-Communion. Voilà aujourd’hui l’usage, mais il ne s’ensuit pas qu’on n’ait point appelé autrefois collecte les deux dernières de ces Oraisons.

On a aussi donné ce nom à l’assemblée des Chrétiens où se célébroient les Saints mystères ; & la prière qu’on appelle Collecte, n’a ce nom que parce qu’on la lisoit pendant que le peuple s’assembloit. Collecta, de colligere, rassembler, amasser. Le Proconsul demanda au Martyr s’il avoit assisté à la Collecte ; c’est-à-dire, à l’assemblée. Il répondit ; qu’il étoit arrivé comme on la tenoit, & qu’un seul d’entre eux étoit la cause de ce qu’on avoit célébré la Collecte. Fleury.

On a aussi appelé Collecte, l’assemblée des Moines pour chanter l’Office. C’étoit le Canonarque qui frappoit sur un morceau de bois pour sonner la Collecte, & appeler les Moines à l’Office.

Collecte, dans l’Ordre de Malte, se dit quand les Frères s’assemblent pour délibérer sur quelque chose qui regarde leur langue, ou leur auberge ; c’est-à-dire, qu’il signifie assemblée, & qu’il se dit des assemblées particulières de chaque langue.

COLLECTEUR. s. m. Celui qui est nommé par les habitans d’une paroisse pour lever la taille. Tributorum coactor. Les habitans sont contraints solidairement, faute d’avoir nommé des Asséeurs & Collecteurs.