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COE

cition, lequel s’étend à toutes sortes de peines afflictives. Boucher d’Argis.

☞ COESFELD. Ville d’Allemagne, dans le Diocèse de Minster, en Westphalie.

☞ COESNON, (le) Rivière de France en Normandie, qui prend sa source à l’entrée du Diocèse du Mans, traverse le Diocèse de Dol en Bretagne, passe à Fougeres & Pontorson, & se jette dans la mer entre Pontorson & le Mont S. Michel.

☞ CO-ÉTAT. s. m. Qui se dit d’un État, d’un Prince qui partage la Souveraineté avec un autre. Acad. Fr.

COÉTERNEL, Elle. adj. Qui existe de toute éternité avec un autre. Coœternus, a, um. Le Fils de Dieu, ou le Verbe & le S. Esprit, sont coéternels avec le Pere. Les Manichéens admettoient deux natures coéternelles.

COÉTERNITÉ, s. m. terme dogmatique. Éternité commune à plusieurs choses ensemble. Cœternitas. La coéternité ne convient qu’aux personnes de la sainte Trinité.

COÉVÊQUE. s. m. Evêque avec un autre confrere dans l’épiscopat. Coepiscopus. Il y a eu autrefois des Evêques qui avoient des Coévêques. Walafridus Strabo, de Reb. Eccl. c. ult. en fait mention. C’étoient, dit-il, des Evêques dont ils se servoient pour faire les choses convenables qu’ils leur enjoignoient ; & il les compare aux Envoyé des Comtes. Les Prélats d’Allemagne ont encore des Evêques qui font pour eux les fonctions de l’Episcopat ; ils les appellent suffragans ; & ce son de vrais Coévêques.

☞ COEVORDEN. Ville des pays bas, dans la Province d’Overissel, capitale du pays de Drente.

CŒUR. s. m. Cor. Partie noble de l’animal, qui est le principe de la vie, & qui est renfermée dans une forte membrane, qu’on appelle le péricarde. Sa figure est pyramidale, & ressemble à une pomme de pin, qui est large par sa partie supérieure qu’on appelle sa base, & qui se termine en pointe. Il y a une veine & une artère qui environnent toute la base du cœur, comme une couronne, qui s’appellent coronales, avec quelques nerfs fort menus qui sont de la huitième paire. Il est revêtu d’une tunique particulière pour le tenir plus ferme. Il est situé au milieu du thorax, quoique sa pointe s’avance un peu vers son côté gauche. On a trouvé le cœur d’un enfant placé au côté droit contre l’ordinaire, comme il est rapporté dans le Journal des Savans de l’année 1668. Sa chair est dure, épaisse & solide, composée de fibres musculeuses, disposées en ligne spirale : elles ne sont point différentes des fibres des autres muscles, de sorte que ce n’est point sans raison que tous les modernes conviennent, après Hippocrate, que le cœur est un véritable muscle. Le cœur a deux ventricules, ou cavités. Le droit semble être fait pour les poumons seulement ; car les animaux qui n’ont point de poumons, n’ont point aussi de ventricule. Le gauche est plus fort & plus épais que le droit, parce qu’il est destiné pour envoyer le sang dans toutes les parties du corps, dont quelques-unes sont bien éloignées, au lieu que le droit ne droit l’envoyer que dans les poumons, ce qui ne demande pas, à beaucoup près, autant de force. Ces deux ventricules sont séparés par une cloison qu’on appelle septum medium. Aux deux côtés il y a des bourses membraneuses qu’on appelle oreillettes, parce qu’elles en ont la figure. La droite est au devant de l’entrée de la veine cave, & la gauche est située à l’orifice de la veine pulmonaire. Il y a quatre gros vaisseaux à la base du cœur, dont deux ont l’orifice au ventricule droit, savoir, la veine cave, & l’artère pulmonaire. Les deux autres sont au ventricule gauche, savoir, la veine pulmonaire & l’aorte, ou la grande artère. Dans ces vaisseaux il y a des valvules ou petites portes faites en formes de soupapes, qui d’un côté permettent l’entrée au sang, & de l’autre en empêchent le retour. Il y a six de ces petites membranes ou valvules au ventricule droit, savoir, trois à l’orifice de la veine cave ouverte par dehors, & fermées par dedans, & trois à l’orifice de l’artère pulmonaire, ouvertes & fermées en un sens contraire. Il y en a cinq au ventricule gauche, trois à l’orifice de la grande artère, ouvertes par dedans, & fermées par dehors ; & deux à la veine pulmonaire, qui s’ouvrent & se ferment aussi dans un sens contraire. C’est par ces canaux que se fait la circulation du sang, qui a été inconnue aux Anciens, & découverte par Hervey, Médecin Anglois. Le cœur a deux mouvemens ; celui de diastole, ou de dilatation, par lequel il reçoit le sang des veines ; & celui de systole, ou de contraction, par lequel il pousse le même sang dans toutes les parties du corps par le moyen des artères. Dans la dilatation le cœur s’alonge & s’élargit, & dans la contraction il devient plus court & plus étroit.

☞ Les oreillettes ont aussi leurs mouvemens de dilatation & de contraction, mais dans un temps différent ; c’est-à-dire, elles sont en diastole, lorsque le cœur est en systole, & elles sont en systole, lorsque le cœur est en diastole. Quelques Physiciens regardent l’introduction & la sortie des esprits vitaux comme la cause Physique dans tous ces mouvemens. Ils distinguent trois parties dans chaque muscle, les deux extrémités & le milieu. Ils donnent aux deux extrémités tendineuses les noms de tête & de queue, & au milieu que l’on trouve toujours couvert de chair, celui de ventre. Tous les muscles ont un mouvement de contraction & un mouvement de production. Ils sont dans un mouvement de contraction, lorsque leur queue s’approche de leur tête, lorsque leur ventre se gonfle ; & leur ventre se gonfle par l’introduction des esprits vitaux. C’est à la sortie de ces mêmes esprits vitaux que l’on doit attribuer la production des muscles.

☞ D’autres Physiciens sont persuadés que l’on doit attribuer ces sortes de mouvemens au ressort de l’air renfermé entre les fibres du cœur. Le sang, disent-ils, entrant avec impétuosité dans le ventricule droit du cœur, comprime l’air qui s’y trouve renfermé, & met ce muscle dans l’état de diastole. Cet air doué d’une ressort prodigieux, se dilate, reprend son premier état, chasse le sang dans l’artère pulmonaire, & remet le cœur dans l’état de systole. Le même jeu recommence l’instant d’après, & par là le cœur passe alternativement de l’état de diastole à celui de systole. Ce que l’on dit du ventricule droit par rapport au sang qui vient de la veine cave, doit se dire du ventricule gauche par rapport à celui qui vient de la veine pulmonaire.

☞ Il paroît assez conforme aux loix de la saine Physique de penser que l’action des esprits vitaux se joint au ressort de l’air pour conserver au cœur son mouvement continuel de diastole & de systole.

Dans l’Histoire de l’académie des Sciences 1711, M. Winslou trouve que le cœur, qu’on regardoit comme un gros muscle composé de fibres différemment contournées, est formé de deux muscles au moins, attachés l’un à l’autre ; c’est-à-dire, que les deux ventricules, chacun avec son oreillette, sont deux vases qui peuvent être séparés en demeurant vases ; ensorte que leur cloison commune, qu’on croyoit n’appartenir qu’au ventricule gauche, appartient également aux deux, & se partage en deux cloisons.

Le docteur Lower, que les Anglois disent avoir été le premier qui ait donné la vraie structure du cœur, prétend que le cœur est un muscle simple sans antagoniste, & qui est une espéce de sphincter : Borel, dans son Œconomia animalis, dit que la puissance motrice du cœur a plus de force qu’un poids de 3000 livres. L’obstacle que fait le sang à se mouvoir dans les artères, selon lui, est égal à 18000 livres, c’est-à-dire, qu’il est six fois plus grand que la force du cœur. Il estime que le pouvoir de la tunique élastique des artères est de 45000 livres, d’où retranchant les secours étrangers qui servent au mouvement du sang, il reste au cœur 3000 livres pour vaincre une résistance de 135000