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COC

qui servent à voiturer les personnes & les marchandises sur les rivières. Viatorium navigium. Les coches de Melun, de Sens, de Joigny, d’Auxerre. On appelle coches volans, les coches bien atteles qui font une plus grande diligence que les autres. On se servoit anciennement de coches à la guerre : cet usage est aboli il y a long temps. Menage & Nicod dérivent ce mot de l’Hongrois Rotez-y, disant que les coches sont de l’invention des Hongrois. Du Cange le dérive de coga, qui est une espèce de navire que Spelmamus dérive de coque ou de concha, parce que ces navires sont faits en forme de coquille. L’Allemand dit kutsch, pour signifier la même chose.

On dit d’un homme qui ne veut point différer son voyage qu’il a donné des arrhes au coche, qu’il faut qu’il parte.

☞ On dit figurément, & dans le style familier, la même chose d’un homme qui a déjà pris quelque engagement dans une affaire.

Coche se prend aussi pour toutes les personnes qui sont dans le coche. Monsieur, votre homme est arrivé, je l’ai vû à trois lieues d’ici, où a couché le coche. Mol.

On dit, en termes de Marine, porter les humiers en coche ; pour dire, les hisser au plus haut du mât. On appelle aussi quelquefois coche d’afût de bord, les dents, ou entailles qui sont dans les flasques, au derrière de l’afût, pour y poser le traversin.

COCHE, s. g. truie vieille & grasse, qui a eu plusieurs cochons. Scrofa, porca effœta.

On dit figurément & bassement d’une femme grosse extraordinairement, que c’est une grosse coche, une vieille coche. Obesa mulier.

Coche signifie aussi une dent, une entaille qu’on fait dans du bois ; ou autre corps solide, pour y arrêter, ou y marquer quelque chose. Crena, incisio, incisura. La corde d’une arbalête s’arrête dans une coche faite exprès. On fait des coches sur une taille pour marquer la quantité de pain ou de vin qu’on a pais chez le Boulanger, le Cabarretier.

Coche se dit, chez les Chapeliers, d’un morceau de buis ou d’autre bois dur, qui leur sert à tirer & faire agir la corde d’un instrument appelé Arçon, pour arçonner les étoffes ou matières dont les chapeaux doivent être composés.

COCHE, s. f. petit ais, ou morceau de bois. Pour faire un corps bien espagnolé, quelle gehenne ne souffrent pas les femmes guindées & sanglées avec grosses coches sur les côtés, jusques à la chair vive ? oui, quelquefois à en mourir. Montagne. De grosses coches, c’est-à-dire, des éclisses, qui pressées fortement sur les côtés par des ceintures, y rendoient la chair insensibles, & aussi dure que la corne ou le cal qui vient aux mains de certains ouvriers. Les Dames qui se sont exposées à cette torture, lorsqu’elle étoit autorisée par la mode, se sont moquées d’elles-mêmes dans la suite, quoiqu’apparemment elles fussent toutes prêtes à se sacrifier de nouveau à cette même mode, si elle eût été remise en crédit. M. Coste.

COCHÉ, ÉE, adj. terme de Peinture. Qui est fait en coche, qui a un enfoncement comme une coche. Cavatus, a, um. Il faut que les contours des draperies, & la manière des plis suive & représente en quelques endroits la forme du membre qu’ils couvrent. Prenez bien garde aussi de ne point faire de ces faux contours, qui détruisent la forme du membre, en pénétrant dans le vif par des ombres trop cochées, & plus profondes que ne peut être la superficie du corps qu’elles couvrent. Vinci. trad. Qu’il n’y ait point de pli, qui par son ombre fasse rompre aucun des membres, c’est-à-dire, qui paroisse plus coché dans sa profondeur, que n’est le vif ou la surface du membre qu’il couvre. Id. Beaucoup de Peintres se plaisent à faire leurs draperies fort cochées avec des angles aigus, & d’une manière crue & tranchée. Id.

☞ COCHETÉES, (pillules) terme de Pharmacie. Voyez Cochiées.

☞ COCHEIM. Ville du Cercle Electoral du Rhin, en Allemagne, dans l’Archevêché de Trèves, sur la Moselle.

COCHEMARE. Voyez Cauchemare.

COCHENILLAGE, s. m. C’est la décoction, ou bouillon fait avec la cochenille, dans lequel se teignent en cramoisi, ou écarlate, les draps, laines & autres étoffes. On le dit aussi de l’action de teindre en Cochenille.

COCHENILLE, s. f. ver gris qui vient des Indes, & qui étant mis dans l’eau, fait une teinture fort rouge. coccinilla, vermiculus Indicus. Cette cochenille est d’un si grand trafic, qu’il en entre dans Tascala, ville du Mexique pour plus de deux cens mille écus par an, à ce que dit Herréra. C’est dont on fait l’écarlate de Hollande. On nomme cramoisi les couleurs où il entre de la cochenille.

On appelle cochenille capessiane, ou silvestre, une espèce de cochenille qui croît, dit-on, sur une espèce de figuier d’inde que l’on ne cultive point & qui a plus de piquans sur ses feuilles que le Nopal. Elle fournit moins de teinture que l’autre. On s’en sert dans les couleurs cramoisies où il entre du fauve, comme le colombin, le pourpre, l’amaranthe, la pensée & le violet.

L’autre s’appelle aussi Mesteque, ☞ parce qu’on en trouve à Mesteque, dans la Province de Honduras, & on la recueille dans des plantations de Nopal, c’est la meilleure. Les couleurs qu’on en teint, sont dites être teintes en grain. Quand l’Ecriture parle des choses teintes en grain, on le doit entendre de cette pourpre, à ce que dit Scaliger.

Ce qu’on appelle gaine de cochenille, n’est que le ventre d’un petit insecte dont il ne reste rien de plus. Ce ventre est couvert d’écailles, & se conserve par sa dureté, tandis que ses autres parties, inutiles apparemment pour la teinture, se desséchent & périssent. La plante à laquelle cet insecte s’attache, est l’opuntia, dont les fruits sont rouges, & teignent en un rouge de sang les urines de ceux qui en mangent. Acad. des Sc. 1704. Hist. p. 11. Le célèbre M. Pomet prétend que la cochenille est la graine de l’opuntia, plante autrement nommée raquette, à cause du rapport de ses feuilles, branches ou jets à nos raquettes de paulme ou de volans.

☞ On a souvent confondu la cochenille avec la graine d’une espèce de Chêne-vert, qui, avant que la cochenille fût plus commune, servoit à teindre en écarlate. Cette graine est le Kermès. Voyez ce mot.

Cochenille des racines. Nom d’un insecte, espèce de cochenille. Coccus radicum. Cet insecte s’appelle ainsi, parce qu’il a coutume de s’attacher en forme de grain sphérique à l’extrémité des racines du polygonum ou renouée, que l’on nomme communément cochenille de Pologne. Coccus Polonus. Voyez l’Histoire naturelle de la cochenille des racines, donnée au public en 1731 par M. Jean Breyn, Médecin Anglois.

Cochenille de Pologne. Nom d’une plante. C’est la renouée. Polygonum, Coccus Polonus.

COCHENILLER. v. a. C’est mettre les étoffes à une teinture faite avec la cochenille.

COCHENILLER. s. m. C’est l’arbre sur lequel croît la cochenille graine, & se nourrit la cochenille ver.

☞ Le Cocheniller est un arbre des Ondes, sur lequel on recueille la cochenille. Cet arbre porte le nom de Nopal, dans la Nouvelle Espagne. C’est une sorte de figuier ou plutôt d’opuntia, dont les feuilles sont épaisses, pleines de suc & un peu épineuses. Les habitans font plusieurs récoltes chaque année de petits vers, pucerons ou espèces de punaises qui succent le ver du Nopal, en les faisant tomber de dessus les feuilles, par le moyen d’un pinceau. On nous envoie ces vers desséchés & à demi pulvérisés. C’est ce que nous appelons cochenille. Voyez M. Pluche.

COCHER. s. m. Celui qui mène un coche, un carrosses. Auriga, rhedarius. Un cocher domestique. Un