Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/664

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
656
COB — COC

likes, & les Allemans Cobaldes, qui ont grand soin des maîtres, auxquels ils s’attachent, de leurs maisons, de leurs chevaux, &c. dérobant tout ce qu’ils peuvent chez les voisins, & le leur apportant.

Ce mot Cobale, Κόϐαλος (Kobalos), selon Suidas, vient de κοπις (kopis) ; une épée, une hache ; & par conséquent il sera dit pour κόπειλος (kopeilos), mais on ne voit pas ce que la signification de κοπις (kopis), se rapporte assez à celle de Cobale. D’autres le tirent de הבל, hhebel, qui en hébreu, en chaldéen, en syriaque, en arabe, signifie une corde, un lacet, & métaphoriquement une tromperie, une ruse, par où on est pris comme dans un lacet. Il a ce sens figuré au Ps. CXVIII, 61. Outre les Auteurs cités, Natalis Comès parle des Cobales dans sa Mythologie, L. V, C. 12.

COBALT. s. m. Cobaltum. Pierre ou Marcassite d’où l’on tire l’arsenic en la faisant calciner. Voyez Arsenic, Kobalthum, & le Spectacle de la nature. Le cobalt, ou cobolt, est un minéral, qui est une sorte de cadmie naturelle, de laquelle on tire le bismuth, l’arsenic, & cette espèce d’azur que les Peintres emploient avec du blanc de plomb, pour peindre en bleu, & qui sert à donner à l’empois la couleur bleue qui lui est nécessaire. Ce minéral contient ordinairement un peu d’argent. Il y en a plusieurs mines en Allemagne.

COBBAN. s. m. Arbre qui croît dans l’Île de Sumatra, & qui est appelé par ceux du pays geuhph. Il est couvert d’une écorce jaunâtre, ou de couleur de safran. Ses branches sont courtes, & ses feuilles petites. Son fruit est un peu gros, & rond comme une balle à jouer. Il renferme un noyau qui est de la grosseur d’une noisette, dans lequel il y a une semence fort amère, & qui a le goût de la racine d’Angélique. Ce fruit est fort propre pour étancher la soif ; mais sa semence, quoiqu’amère, est beaucoup meilleure. On tire de cette semence une huile qui est souveraine contre les douleurs du foie, de la rate, & contre la goutte.

COBE, terme de Marine. On appelle cobes des bouts de cordes qui sont jointes à la ralingue de la voile, & dont la longueur ne passe pas un pié & demi.

On les appelle autrement ancettes.

COBIR, v. a. vieux mot. Confire.

COBIT. s. m. Mesure pour les longueurs, dont on se sert en plusieurs endroits des Indes Orientales. Le cobit n’est pas par tout égal. Celui de Surate, selon Tavernier, est de deux piés de Roi & seize lignes.

COBITES. s. m. Cobites. C’est une espèce de poisson d’eau douce, de la nature du goujon, dont il est parlé dans Aldrovandi.

COBLENTZ. Ville du Cercle Electoral du Rhin en Allemagne, au confluent du Rhin & de la Moselle, d’où elle a pris son nom. Confluentes ou Confluentia, d’où s’est formé en allemand Coblentz. Cette ville qui étoit anciennement Imperiale, fut donnée par Henri VII, l’an 1312, à l’Electeur de Tréves, auquel elle a toujours appartenu depuis. Quelques Auteurs la prennent pour l’ancienne Trajana Legio, que d’autres croient être Drekshausen.

☞ COBONAS. (les) Peuple d’Afrique dans la Cafrerie, sous le tropique du Capricorne.

☞ COBOURG. Voyez Coburg.

CO-BOURGEOIS, terme de Commerce de Marine. Celui à qui un vaisseau appartient en commun avec un, ou plusieurs propriétaires, & qui en est Bourgeois avec eux.

COBRA-CAPELO. s. m. Serpent des Indes, dont le poison est sans remède. P. Le Comte.

COBRE. s. m. Sorte de mesure étendu, dont on se sert à la Chine, particulièrement du côté de Canton, pour mesurer les étoffes, les toiles, &c. Les dix cobres sont trois aunes de Paris.

COBRISSO, s. m. nom que l’on donne à la mine d’argent, dans le Chily & le Pérou, lorsqu’elle tient du cuivre, & que par cette raison elle est teinte d’une couleur verte ; cette sorte de mine est difficile à traiter, c’est-à-dire, qu’il est difficile d’en tirer l’argent à cause du cuivre dont elle est mêlée.

COBTER, v. n. vieux mot dont on se servoit pour heurter. Il vient de κόπτειν (koptein), frapper. On a dit aussi cop, au lieu de coup.

COC.

COC. Voyez Coq.

COC. s. m. Costum. C’est une herbe odiférante. Peut-être est-ce la même chose que Coca, qui suit.

M. Huet croit que coc vient de costum, d’où l’on a d’abord formé cost, & ensuite coc.

COCA, s. m. arbrisseau du Pérou. Ses feuilles sont semblables à celles de myrte, ou, selon quelques-uns, à celles du sumac, mais un peu plus grandes, molles, & d’un vert-clair. Son fruit est en grappe, rouge comme le mirtille, & de la même grosseur lorsqu’il commence à mûrir, & noir quand il est tout-à-fait mûr. ☞ Ces fruits, quand ils sont secs, servent aux habitans de petite monnoie : de même que le cacao en sert aux Mexicains. Après la récolte des fruits, on fait celle des feuilles que l’on fait sécher dans des paniers, afin qu’elles se conservent mieux & qu’on puisse les transporter dans les autres pays. Les Américains en font un grand usage. Ils en ont toujours dans la bouche, sans les mâcher, ni les avaler. Ils prétendent que l’usage de ces feuilles rafraîchit la bouche, appaise la soif, & même soûtient les forces. Ils en font un commerce considérable.

COCAINE ou plutôt COCAGNE. s. f. C’est le nom qu’on donne en Languedoc à un petit pain de Pastel avant qu’il soit réduit en poudre, & vendu aux Teinturiers. Glastum, vitrum, isatis. On en fait grand trafic en ce pays-là. Et parce qu’il ne vient que dans des terres fertiles, & qu’il apporte un très-grand revenu à ses maîtres, vû qu’on en fait cinq ou six récoltes par an ; quelques-uns ont nommé le haut Languedoc un pays de cocagne : & c’est là-dessus qu’est fondée la fable du Royaume de Cocagne, de ce pays imaginaire où les habitans vivent fort heureux sans rien faire. Lotophagorum regio. De-là est venu aussi qu’on a appelé pays de Cocagne ; tous les pays fertiles & abondans, & où l’on fait grande chere.

M. Astruc, dans la seconde partie de ses Mémoires pour l’Histoire naturelle de la Province de Languedoc, observe qu’on y fait des pelotes avec de la pâte du pastel : elles s’appellent coques ou coquaigne, & le pastel ainsi apprêté, pastel en coquaigne. C’est de-là, ajoute-t-il, qu’est venu l’usage de dire pays de coquaigne ou cocagne, pour dire, un pays riche, parce que le pays où croît le pastel, s’enrichissoit autrefois par le commerce de cette drogue. Voilà une origine de coquaigne, qui n’avoir pas encore été indiquée, & qui paroît fort vraisemblable. Obs. sur les Ecrits mod. t. 9, p. 206. Le pays de Caux est un pays de cocagne. Saras. Paris est pour un riche un pays de Cocagne. Boil. Quelques-uns écrivent Caucagne.

        Jadis regnoit dans la Champagne,
Par les dons de Bacchus fort rénommé climat,
        Et pour tout pays de Caucagne
Un prince dont les mœurs firent beaucoup d’éclat.

Mlle L’Heritier.

Le mot de cocagne s’emploie en Italie, lorsqu’on abandonne au peuple des vivres dans des fêtes célèbres, & on dit en ce sens, qu’il y a eu cocagne dans une fête. En parlant d’une fête qui fut donnée à Naples, on rapporte que, comme la fête se donnoit sur l’eau, de peur d’accident, on ne suivit pas l’usage qui se pratique en pareille occasion de rendre la cocagne générale. Mercure, Août 1738.

La rivière de Cocagne, en Acadie, sur la côte occidentale.

COCAMBE. Voyez Cocombre.

COCAOTE. s. f. Corvinus lapis. Pierre qu’on trouve