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BRE

à créneaux, & le lieu public où l’on fait les cris & proclamations de Justice. Turris pinnis instructa. Il vient de l’italien Bretesca, qui se dit de cette barrière qu’on met d’ordinaire devant la porte des palais. Ménage. Les portaux des villes s’appeloient aussi bretèches, parce qu’il y avoit quelques petits forts ou défenses de bois, comme on appelle barbacane, ce qui sert à défendre le fossé. Il a aussi signifié, marche-pied, corridor.

Mainte pucelle illec avoit
Dessus la bretèche montée.

En quelques coutumes on dit bretèque, ou bretesques.

BRETELLE. s. f. Ce qui sert à attacher, sur les épaules, des hottes, des crochets, des bars, des brouettes, ou autres choses propres à porter des fardeaux. Funales habenæ dossuarii corbis. Ce sont deux sangles, ou deux bandes de cuir ou de grosse étoffe, chacune large de deux pouces, & longue d’environ une demi-aune : on les attache par un bout vers le milieu de la partie platte de la hotte, afin que chacune faisant le tour d’une des épaules, & passant par dessous les aisselles, elles viennent s’accrocher par leur autre bout, qui a une boucle, à deux bouts de bâton qui sortent exprès du bas de la hotte, & qu’ainsi la hotte tienne ferme sur les épaules. Il en est de même à proportion aux crochets. Prenez garde que les bretelles de votre hotte soient assez fortes pour ce fardeau. Ces bretelles sont trop petites, trop courtes.

Borel le dérive de βρίθω, c’est-à-dire, je charge.

Bretelle, est aussi un terme de Rubanier ; & il signifie un tissu pour soutenir le corps du Rubanier lorsqu’il travaille, de peur qu’il ne tombe en devant.

Bretelles, au pl. signifie encore un tissu de fil ou de soie, qui sert à soutenir les culottes des enfans, ou des hommes un peu gros.

On dit proverbialement, Il en a par-dessus les bretelles, ou jusqu’aux bretelles ; pour dire, il en a par-dessus ses forces, au-delà de ce qu’il peut porter. Ce qui se dit de toutes sortes de méchantes affaires, mais plus ordinairement lorsque quelqu’un a bû trop de vin.

Bretelles. s. f. pl. signifie encore dans le tarif de la Douane de Lyon, ce qu’on nomme à Paris, des charges ou paniers de verre.

BRETÈSSES, ou BRETÈCHES. Terme de Blâson, qui se dit d’une rangée de créneaux sur une fasce, bande, ou pal, ou sur les côtés d’un blâson de platte figure. Pinnarum mur alium ordo geminus. Et on appelle Ecu bretesse simplement, quand les créneaux d’une fasce, d’un pal, d’une bande se rapportent, & sont vis-à-vis l’un de l’autre. Les Martinozzi portent quatre fasces bretessées à double. Masc.

BRETEUIL. Gros bourg de France en Normandie, avec titre de Comté, sur la rivière d’Iton, à six lieues d’Evreux. Britolium.

Breteuil, Bretolium. Petite ville de France, en Picardie, au Diocèse de Beauvais, avec une Abbaye de l’Ordre de St Benoît.

☞ BRETIGNY, Bretiniaca. Village de France, au-dessus de Montlhery, à une lieue de Châtres, à cinq de Paris. C’est là que fut conclu en 1560, le traité de paix entre la France & l’Angleterre.

BRETON, ONNE, s m. & f Britannus. Brito. C’est le nom des anciens habitans de l’île que nous appelons aujourd’hui Grande-Bretagne. Ils avoient ce nom au temps de César, & l’ont gardé jusqu’à l’invasion des Saxons. Voyez ce qu’on dit de son étymologie au mot Grande-bretagne. Aujourd’hui on n’appelle point en françois Bretons les habitans de cette île, mais Anglois, ceux qui habitent la partie méridionale ; & Ecossois, ceux qui occupent la partie septentrionale. Cependant, en parlant des anciens peuples de ce pays, sur-tout de la partie méridionale, il faudroit dire Bretons, jusqu’à l’invasion des Saxons.

Breton, onne, s. & adj. Armoricus, a. Nom du peuple qui habite la petite Bretagne, province de France, qu’on appeloit autrefois Armorique. Ce sont les seuls qui portent aujourd’hui en notre langue le nom de Bretons, qu’ils ont depuis plusieurs siècles. Voyez Bretagne. Les Bretons de France, & les Gallois d’Angleterre, ou Montagnards de la Principauté de Galles, ont une même langue, & s’entendent les uns les autres. La noblesse Bretonne. Grégoire de Tours dit expressément, Liv. IV, C. 4 que depuis Clovis les Bretons furent sous la domination des François ; que les Bretons dès-lors n’eurent plus de Rois, & que leurs Princes se contenterent de porter le titre de Comte. P. Dan. Les charges bretonnes sont au Parlement de Bretagne les charges de Conseillers, qui ne peuvent être possédées que par des Bretons, comme les charges françoises ne peuvent l’être que par d’autres que des Bretons. Un cheval breton.

On dit bas-Breton & basse-Bretonne, pour dire un homme ou une femme qui est de Basse-Bretagne. Un gentilhomme bas-Breton. Au lieu de basse-Bretonne, on dit souvent dans le discours familier une basse-Brette. Les basses-Brettes ont de l’esprit, c’est-à-dire, les basses-Bretonnes, les femmes de Basse-Bretagne. Ce Capitaine de vaisseau a épousé une basse-Brette qui lui a donné du bien.

Breton-Bretonnant. Si l’on en croit d’Hosier, dans son Hist. de Bretagne, pag. 43, 44, les Bretons qui habitoient les côtes de l’Océan du côté de l’occident, prirent des femmes de la Grande-Bretagne, & c’est le langage de ces femmes qui continue encore aujourd’hui, & que nous nommons bas-Breton ; car c’est le langage des meres que les enfans apprennent ; & c’est pour cela, dit-il, qu’on appelle ceux-ci Bretons-bretonnans. Pour les autres situés vers l’orient , ils prirent des femmes Gauloises, & c’est à raison de leurs meres & de leur langue, qu’on les appelle Bretons-Gaulois. Dans le pays on les appelle Gallots.

Il est vrai qu’on appelle Bretons-hretonnans ceux qui parlent bas-breton ; mais la raison qu’il en rapporte n’est pas bien sure : il y a plus d’apparence que c’est leur peu de commerce avec la France, & leur langue qui leur fit donner ce nom, qui du reste est bas & populaire.

Du Tillet, Rec. des Rois de Fr., p. 3, dit Breton tonnant, & non pas bretonnant. Ce n’est qu’un retranchement de la première syllabe, & cette expression n’a rien de différent de l’autre ; mais elle ne se dit plus. Cet Auteur n’appelle point ainsi le peuple de Bretagne, mais le langage de ce peuple que nous appelons bas-Breton. Du reste, il dit plus vraisemblablement que d’Hosier, que c’est le langage apporté & conservé jusqu’à présent par les Bretons qui s’y retirerent chassés par les Anglois-Saxons. Mais après tout, il est difficile de se persuader que quelques réfugiés fissent changer le langage aux Armoriques naturels du pays. Ils s’accommoderent bien plutôt au leur, qui n’étoit pas fort différent de celui des Bretons, parce qu’il est certain, que les Bretons de l’Île Britannique étoient originairement Gaulois.

Breton & Britto, Brittus, au plur. Brittones & Britti, selon le P. Pezron, sont des noms pris de la langue des Gaulois, qui disent Brittes, Brith, pour signifier un homme peint & marqué de diverses couleurs, & chez eux Britho étoit un verbe, qui signifioit pingere, variegare, c’est-à-dire, peindre & marquer de diverses couleurs. Brittones & Britti n’étoient donc autre chose que des hommes peints. En effet, continue-t-il, ces peuples Bretons anciennement se peignoient le corps, & même le visage principalement d’une couleur qui tiroit fur le bleu ; delà-vient que Martial les appelle Picti Britanni, en parlant de ceux d’Angleterre. Sur quoi il est bon de remarquer, dit encore le P. Pezron, que Britannia vient du Celte Britt, c’est-à-dire, peint ; &c de tan, ou stan, qui signifie pays, ou région. Ainsi Britannia, selon lui, veut proprement dire région des