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CLE

ou le Grand, de Deventer, au quatorzième siècle. Il les assembla dans sa maison ; & hors des heures de la prière, de l’oraison, & des autres exercices qu’il leur prescrivit, il leur faisoit transcrire les Livres des SS. Pères, & les leur faisoit corriger sur les anciens manuscrits. Après sa mort, qui arriva en 1384, Ravidius, un de ses Clercs, les mit en règle, & en Congrégation. Eugène IV en 1431, & en 1444, & Pie II en 1462, leur donnèrent plusieurs privilèges, auxquels leurs Successeurs en ont encore ajouté d’autres. L’Hist. des Ordr. Mon. & Relig. en parle, part. II, ch. 51.

Clerc, en termes de Palais, est une espèce de Commis ou de Scribe, qui sert à écrire chez les Gens de Justice ou de Pratique. Scriba. Un Clerc de Conseiller ou de Rapporteur. Un Clerc d’Avocat, de Notaire, de Procureur, d’Huissier, de Greffier. Le Maître Clerc d’un Notaire, d’un Procureur, est le premier, le principal Clerc. Primarius Scriba. Le Clerc des Requêtes est celui qui a soin d’instruire les Instances des Requêtes du Palais, ou de l’Hôtel. Les petits Clercs sont les Copistes. La Basoche est une Juridiction établir entre les Clercs, pour juger les différens qui surviennent entr’eux.

Ce mot a signifié originairement trois choses ; un homme Ecclésiastique, un homme de Lettres, & celui qui écrit sous autrui, comme prouve Loyseau. Mais sa plus ancienne signification ☞ paroît être dans ce premier sens. Dans les siècles d’ignorance, conne nous l’avons dit, les Clercs seuls avoient quelque teinture des Lettres, savoient lire & écrire, & pouvoient seuls remplir les places où ces connoissances étoient nécessaires. Par abus du terme, on appela dans la suite Clercs, des Laïcs lettrés qui remplissoient les places qui étoient auparavant occupées par des Ecclésiastiques. On nomma aussi Clercs tous ceux qui faisoient profession d’écrire sous l’autorité d’un autre, même ceux qu’on nomme aujourd’hui Secrétaires d’État, étoient appelés Clercs & Notaires.

☞ Il y a des Clercs commis aux audiences de Chancellerie.

Clerc se dit aussi des Commis pour faire les affaires & les courses nécessaires dans les Communautés. Præpositus, Præfestus societatis cujusvis negotiis. On appelle dans les Paroisses le Clerc de l’Œuvre, le Clerc d’une Confrérie, celui qui fait les affaires & le recouvrement des deniers dûs à l’Œuvre & à la Confrérie. Dans les Corps des Marchands & des Artisans, le Clerc' des Orfèvres, le Clerc des Fripiers, celui qui a soin de convoquer les assemblées du Corps, de porter des billets pour trouver les choses perdues, &c. Il y a aussi un Clerc parmi les Sergens.

Clercs. On donne ce nom en Turquie à des Sous-Commis qui sont chargés du recouvrement des deniers de l’État.

Clerc du Guet, en termes de Marine, est celui qui a soin d’assembler le guet sur les ports de Mer & sur les côtes, & qui en fait le rapport à l’Amirauté, suivant le titre VI du Liv. IV de l’Ordonnance de la Marine. Præfectus vigilum.

Clerc se dit aussi en ces phrases. On dit qu’un homme a fait un pas de Clerc ; pour dire, qu’il a fait une fausse démarche, une faute par ignorance ; ce qui ne se dit pas seulement des Clercs, mais aussi de toutes autres personnes qui se méprennent, & qui font des choses dont ils se repentent. On appelle aussi Vice de Clerc, une faute d’écriture qu’on ne peut pas imputer à celui qui a dressé ou fait l’acte, qu’on peut aisément corriger par ce qui précéde, ou qui suit. On dit aussi, compter de Clerc à Maître. (Dans cette phrase le C final se prononce.) Quand un Commis compte seulement de ce qu’il a reçu & déboursé de son mandement, sans être responsable d’autre chose. On dit aussi, parler latin devant les Clercs, parce qu’autrefois on appeloit Grand Clerc, un habile homme, & Mauclerc, un ignorant. On dit encore le premier en style familier, ou badin & comique. Ce n’est pas un grand Clerc que cet homme-là.

CLERCELIER. s. m. Vieux mot, qui s’est dit pour Geolier. Carceris custos.

CLERGÉ. s. m. L’Assemblée, ou le Corps des Ecclésiastiques. ☞ Le Corps des personnes consacrées à Dieu par la Cléricature ou par la Profession religieuse. Clerus, Cleri sacer Ordo. Ainsi il y a de deux sortes de Clergé. Le Régulier qui comprend tous les Religieux ; le Séculier, tous les autres Ecclésiastiques qui ne sont pas Religieux. Dans les États-Généraux, le premier rang est donné au Clergé, aux Prélats. Le Clergé Romain forme un État Monarchique, sous la dépendance du Pape, qui en est le chef. Les rentes du Clergé sont des rentes que le Clergé a constituées sur les Décimes. Les Receveurs des Décimes sont des Officiers qui ne dépendent que du Clergé, & qui font la recette & le contrôle des Décimes. Le Clergé étoit autrefois divisé en trois Ordres : les Prêtres, les Diacres, & tous les Clercs inférieurs, qui faisoient le troisième. Chaque Ordre avoit un Chef. L’Archiprêtre étoit Chef du premier Ordre, l’Archidiacre du second, & le Primicier du troisième. S. Grégoire ne vouloit pas qu’on reçût dans le Clergé les Officiers publics.

☞ Aujourd’hui on appelle Clergé du premier ordre, les Archevêques & Evêques ; Clergé du second ordre, tous les autres Ecclésiastiques.

☞ On appelle quelquefois bas Clergé dans les Chapitres, les Semi-Prébendés, Chapelains, Chantres, & autres Officiers gagés.

Clergé se dit aussi du Corps particulier des Ecclésiastiques, qui desservent dans une Eglise, ou dans une Paroisse. L’Evêque, à la tête de son Clergé, est venu en mitre & en chape, recevoir le Roi à la porte de son Eglise. Ce Curé, & tout son Clergé, assistoit au convoi.

Autrefois sous le nom de Clergé étoient compris tous les Officiers de Justice comme gens lettrés ; parce que le nom de Clerc se donnoit à tous ceux qui avoient de la littérature, comme on voit dans l’Ordonnance de Charles V. de l’an 1356.

Clergé. Bayle a dit ce mot des Prêtres payens. Il abandonna les fidelles à la merci de son Clergé. Bayle au mot Abdas. J’appelle ainsi les Mages, qui avoient entre autres choses le soin de la religion. Id. C’est un abus du mot Clergé, qui ne se dit que des Ministres destinés aux fonctions de la Religion dans l’Eglise Catholique, & tout au plus dans l’Eglise Anglicane, parce qu’elle a conservé une espèce de hiérarchie.

CLERGEOT. s. m. Petit Clerc. Cotgrave écrit Clergeau & Clergeon. Ce dernier mot est aussi dans le Dictionnaire des Arts, où il est dit que c’est un apprenti qui commence, soit pour la Cléricature, soit pour la Pratique. Charles IX a fait d’un petit Clergeot des vivres, un Duc & Maréchal de Rets, le frere duquel est pour le présent Evêque de Paris & Cardinal, riche de cent mille livres de rente… Sat. Mén. in-8o, p. 205.

CLERGESSE. s. f. Nom que les Lingères donnent à celles d’entre elles qui a soin des affaires de leur Communauté.

CLERGIE. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois science, doctrine. Scienta, doctrina, litteratura. Il est tout-à-fait hors d’usage. De-là vient ce vieux Proverbe, un poignet de bonne vie mieux vaut qu’un mui de Clergie. On appeloit autrefois Clergie de la ville de Paris, la Prévôté des Marchands & l’Echevinage. Dans les Ordonnances de Charles V, de Charles VI, & de Charles VIII le Greffe, ou le Notariat, est aussi nommé Clergie ou Clergé. On a dit aussi autrefois Clergise pour Clergie.

Clergie. L’Ecu de France eût été éclipsé de son côté dextre, qui signifie, Clergie, id est, sapience. Anonyme, Vie de S. Louis. Et est à noter que le Roi de France qui porte en ses armes trois fleurs-de-lys à trois feuilles, celle du milieu qui est la plus grande, & haute, signifie la Foi Chrétienne ; c’est le Roi qui est le Roi très-Chrétien ; l’autre feuille dextre signi-