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CLE

3°. par sa fleur, qui est plus grande, & bleuâtre cependant, & qui donne pareillement des semences barbues.

La plante qu’on pourroit appeler Clématite ordinaire, Clematitis silvestris, latifolia, est connue sous le nom d’herbe aux gueux, parce qu’étant fort âcre & fort brûlante, elle sert à ces sortes de gens pour entretenir ou augmenter les ulcères de leurs corps, & exciter par-là la compassion. On trouve cette Clématite dans les haies, & dans les bois du Royaume. Ses tiges sont sarmenteuses, s’étendent beaucoup, & sont chargées de feuilles au nombre de trois ou de cinq, portées sur une queue ; les feuilles sont dentelées, & même échancrées assez profondément sur leurs bords : leur couleur est foncée : & elles sont brûlantes au goût. Leurs fleurs naissent par bouquets, elle sont blanchâtres, à quatre pétales, petites à proportion des précédentes, de bonne odeur, & donnent des semences barbues ramassées en tête, de manière qu’on diroit de loin que ce sont des flocons de laine.

Il vient en Languedoc une autre espèce de Clématite qui est plus petite que celle-ci dans toutes ses parties, qui rampe ordinairement, & qui a ses feuilles plus menues, d’un vert plus gai. On la nomme Clematitis tenuifolia, sive flammula repens. On auroit peine à trouver une plante plus brûlante au goût que cette dernière espèce.

Ce mot vient de κλῆμα, Verge.

☞ CLÉMENCE. s. f. Vertu qui porte à pardonner les offenses, & à modérer les peines. C’est proprement un Acte par lequel le Souverain relâche à propos de la rigueur du droit. Clementia. C’est, dit M. de Montesquieu, la qualité distinctive des Monarques. Dans les Monarchies où l’on est gouverné par l’honneur qui souvent exige ce que la Loi défend, elle est plus nécessaire. La disgrace y est équivalente à la peine. Dans l’Etat despotique où règne la crainte, elle est moins en usage, parce qu’il faut contenir les Grands de l’Etat par des exemples de sévérité. Dans la République où l’on a la vertu pour principe, elle est moins nécessaire. Il y a des Princes en qui la clémence est une bonté fausse & mal entendue, ou quelquefois une ignorance de l’utilité & de la nécessité de la Justice. M. Esp.

La clémence des Princes n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples. Rochef. Les Souverains ne doivent user de clémence, que quand elle ne peut plus passer pour un effet d’impuissance & de crainte. Bizot. Le Card. de Richelieu établit la sûreté de sa fortune par la rigueur, & n’osa hasarder la clémence. De Langlage. Combien de pécheurs, se représentant Dieu plein de bonté & de miséricorde, persistent dans leurs désordres, & par un affreux abus s’imaginent qu’il sera toujours tems d’avoir recours à sa clémence. Il y a des occasions où la clémence des Rois n’est qu’une ostentation de leur puissance souveraine. M. Esp.

Par tout du nouveau Prince on vantoit la clémence.

Racine.

Bien plus que la valeur, la pitié, la clémence
Des fameux Conquérans assûrent la puissance.
Un vainqueur, dans la gloire encor maître de soi,
À l’Univers entier peut imposer la loi. Danchet.

Clémence, en Mythologie. Les anciens avoient fait une divinité de la Clémence, & Plutarque dit qu’il fut résolu de bâtir un temple à la Clémence de César. Stace, dans le douzième Livre de sa Thébaide, v. 495, & son Scholiaste, disent qu’on ne faisoit point de tableaux ni de statue de cette divinité, & la raison qu’en apporte Stace au même endroit, & Claudien dans le Panégyrique de Stilicon, Liv. II, v. 12, c’est que cette Déesse ne veut habiter que dans les cœurs. Voyez le caractère qu’en fait Claudien à l’endroit cité, & Barthius sur cet endroit, aussi-bien que Demptster, Antiq. Liv. II, c. 2.

Clémence est aussi un nom propre de femme. Clementia. Clémence de Bourges, femme savante en Poësie & en Musique, mourut de douleur, quand elle eut appris que son mari avoit été tué. clémence Isaure, Demoiselle de Toulouse, fonda les Jeux Floraux.

L’Abbaye de Bourbourg en Flandres, fut fondée par le Comte Robert dit le Jérosolymitain, & la Comtesse Clémence sa femme l’an 1102. Clémence de la Sainte Trinité, Religieuse de l’Ordre de Notre Dame de la Merci, est tirée du Monastère de l’Assomption de Séville pour aller à Lore fonder le premier Monastère des Religieuses déchaussées du même Ordre. P. Helyot. La première Abbesse de Remiremont, qui ait eu le titre de Princesse de l’Empire, est Clémence de Wiseler, à laquelle l’an 1307, à la prière de Thibault, Duc de Lorraine, l’Empereur Albert I. en envoya les Lettres d’investiture de ses Droits régaliers. P. Helyot, T. VI, C. 51.

CLÉMENT, ENTE. adj. Ce mot ne se dit point au féminin. Clemens. On dit bien un homme Clément, & non une femme clémente : Danet. Il signifie, qui a coutume de pardonner, de traiter doucement ceux qui sont à sa discrétion. ☞ Celui que la douceur incline à remettre & relâcher la rigueur de la Justice avec jugement & discrétion. Alexandre fut clément dans sa victoire, en traitant humainement Porus après l’avoir pris. Je ne saurois appeler clément, un homme qui se lasse d’être cruel. M. Esp. Auguste ne fut clément que pour essayer si la clémence lui réussiroit mieux que la cruauté. Id. ☞ Au nom de Dieu clément & miséricordieux. C’est ainsi que Mahomet commence tous les chapitres de son Alcoran, & que les Arabes commencent souvent leurs livres.

Ce mot vient du Grec, κλίμα, inclinamentum, du verbe κλίνω inclino, flecto. On appelle un Prince clément, qui se laisse facilement fléchir par les prières.

Clément. s. m. Nom d’homme. Clemens. Saint Clément Martyr, fut fait Consul ordinaire en l’année 95, ayant pour collègue l’Empereur Domitien. Baillet.

CLÉMENTIN. Ce mot est en usage chez les Augustins, qui appellent Clémentin, un Religieux, qui après avoir été neuf ans Supérieur, cesse de l’être, & vit particulier, & soumis à un Supérieur. Ce mot vient de ce que Clément défendit par une bulle, qu’un Supérieur chez les Augustins, fut plus de neuf ans de suite en charge.

Clémentin, ine. adj. Formé du nom propre Clément. Clementinus, a, um. Le Collège Clémentin fut fondé à Rome en 1596 par Clément VIII, pour les Esclavons. Ils furent transférés à Lorette en 1627 par Urbain VIII ; mais le Collège Clémentin, ainsi nommé, à cause de son Fondateur, n’a pas laissé de subsister. L’on n’y reçoit que des Nobles.

CLÉMENTINE. s. f. Garder la Clémentine chez les Augustins, signifie être inférieur & particulier, après avoir été neuf ans de suite Supérieur, ce qui se fait dans cet Ordre, en vertu d’une bulle de Clément.

Clémentine. s. f. Nom que l’on donne dans l’Ordre de Citeaux à une Bulle de Clément IV, de l’an 1265, portant des réglemens pour l’Ordre de Citeaux. Clementina. La Clémentine interprète la carte de Charité, & y change quelque chose, en ce qui regardoit la police, le gouvernement de l’Ordre & la juridiction des Supérieurs ; elle ajoutoit aussi quelques nouveaux réglemens, mais elle