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CIT

Allemagne on a appelé les Cisterciens, Moines gris, parce qu’ils portoient des manteaux de couleur grise.

Avant que S. Etienne, Abbé de Citeaux, envoyât, douze de ses Moines à Clairvaux dont il fit S. Bernard Abbé, pour y fonder un Monastère, ce lieu étoit une affreuse vallée, qui passoit dans le pays pour une retraite de voleurs, & qu’on nommoit la vallée d’Absynthe, peut-être parce qu’elle étoit remplie de ces sortes de plantes, ou bien à cause des meurtres qu’on y avoit souvent commis. Villefore.

Il y a plusieurs Congrégations de l’Ordre de Citeaux. La Congrégation de S. Bernard en Toscane ; La Congrégation d’Arragon ; La Congrégation Romaine ; la Congrégation de Calabre. L’Ordre de Florence Calabre fut aussi réuni en 1505 à celui de Citeaux. Les Feuillans sont encore une réforme de cet Ordre.

Il y a en Espagne une Congrégation de l’Ordre de Citeaux, dite de l’Observance, fondée au commencement du XVesiécle par Martin de Vargas, pour rétablir la discipline de cet Ordre, & y faire revivre l’esprit des Fondateurs. Il eut en 1424 & 1425 des permissions du Pape Martin V, pour ériger deux Monastères dans les Royaumes de Castille & de Léon, ce qu’il exécuta. Les Généraux de cette Congrégation portent le titre de Réformateurs, qui fut donné à son Fondateur. Voyez le P. Helyot. T. V, C. 36. Cette Congrégation devint considérable par le grand nombre de Monastères qui s’y unirent.

En 1713, on imprima à Paris les Privilèges de l’Ordre de Citeaux, recueillis & compilés par l’autorité du Chapitre général, & par son ordre exprès, &c. Nous avons en latin des annales de Citeaux en 4 vol. in-fol par le R. P. Ange Manrique de Bourges. Une Chronique Espagnole par le B. Barnabé de Montalvo : un Ménologe de Citeaux, imprimé chez Plantin, & fait par le R. P. Chrysoft. Henriquez, tous du même Ordre. Il y a aussi des filles de l’Ordre de Citeaux. Le même P. Henriquez a donné la vie de celles qui se sont distinguées par leur Sainteté : dans un livre intitulé, Lilia cistercii. Nous avons en françois un essai de l’histoire de Citeaux par Dom Le Nain.

CITER. v. a. Donner assignation à comparoir devant un Juge d’Eglise en matière Ecclésiastique. ☞ On le dit même quelquefois relativement aux tribunaux séculiers, comme on le verra par l’exemple d’Edouard I, tiré du P. Daniel. Mais cela est rare. Dans l’Ordre de Malte, on dit, en parlant du Grand-Maître, citer les Chevaliers à Malte ; pour dire, leur ordonner de s’y rendre. Diem dicere, vocare in jus.. Ce garçon a été cité devant l’Official en exécution d’une promesse de mariage. Cet Hérétique a été cité à Rome, au Concile général. Les Chevaliers sont cités pour se trouver au Chapitre de leur Ordre. Edouard I, Roi d’Angleterre, fut cité par ordre de Philippe IV, Roi de France, à la Cour des Pairs. La citation fut publiée par le Seigneur d’Arrablay, Sénéchal de Périgord & de Querci, & on l’afficha par son ordre & en sa présence aux portes de la ville de Libourne, qui étoit du domaine du Roi d’Angleterre ; & faute à ce Prince de comparoître, tous les domaines qu’il avoit en France furent confisqués. P. Dan.

Citer signifie aussi alléguer un passage, une autorité ; transcrire un passage dont on veut s’autoriser, ou seulement indiquer l’endroit d’un Auteur pour qu’on puisse le consulter. allegare, Autorem laudare. Un Auteur ne doit pas citer ses propres ouvrages. Voyez un peu quels gens je vous cite. La manière de citer des Jurisconsultes est un vrai grimoire.

Citer signifie aussi simplement, parler de quelqu’un ; nommer celui dont on tient une nouvelle, une histoire, un fait. &c. Loqui de aliquo, aliquem nominare. Je vous donnerai avis de tout ce qui se passera, à la charge que vous ne me citerez point.

Cité, ée. part.

CITÉRIEUR, EURE. adj. Qui est en déçà, de notre côté, plus près de nous. Citerior. L’Inde citérieure est celle qui est en deçà du Gange ; l’ultérieure, celle qui est en delà. La Gaule citérieure est la partie de l’Italie qu’on a depuis appelée Lombardie, & où les Gaulois s’établirent, elle étoit en deçà des Alpes par rapport aux Romains.

L’Espagne, après que les Romains en eurent fait la conquête, fut divisée en deux Provinces, l’une en deçà de l’Ebre, & l’autre au delà. La Province d’en deçà de l’Ebre, s’appeloit l’Espagne citérieure, & celle d’au delà, l’Espagne ultérieure.

Ce mot vient de la préposition cis.

CITERNE. s. f. Réservoir souterrain d’eau de pluie. Citerna. Les citernes doivent être faites avec de bon ciment pour retenir les eaux. Le fond doit être couvert de sable, afin de le purifier, & de conserver les eaux pluviales. On parle d’une citerne de Constantinople, dont les voûtes portent sur deux rangs de 212 piliers chacun. Ces piliers ont deux piés de diamètre, & sont plantés circulairement, & en rayons qui tendent à celui qui est au centre.

Quelques Anatomistes se servent de ce terme pour signifier certaines parties du corps, comme, par exemple, le quatrième ventricule du cerveau, ou plutôt du cervelet, & le concours des vaisseaux lactifères dans les mammelles des femmes, pour former le mammelon. Castelli, cité par James.

Ce mot, selon quelques-uns, vient de la préposition cis, comme si on disoit cis terram, c’est-à-dire, inter terram. D’autres le dérivent de cista, qui signifie un panier fait d’osier, qui sert à mettre du pain & autres choses. La citerne de même sert à conserver les eaux de pluie.

Citerne signifie quelquefois un puits. En Orient les Caravanes ne boivent que de l’eau de citerne.

CITERNEAU. s. m. Petit lieu voûté à côté d’une citerne, où l’eau s’épure avant que d’y entrer. Ce mot est un diminutif de citerne d’où il est formé.

☞ CITHARE. s. f. Ancien nom d’un instrument de musique. Instrument à cordes. Espèce de harpe. Cithara. Quelques-uns la prennent pour la lyre à sept ou neuf cordes. D’autres en font un instrument différent, c’est-à-dire, qu’on ne sait ce que c’est.

☞ CITHARISTIQUE. s. f. Genre de Musique & de Poësie approprié à l’accompagnement de la cithare, auquel on donna depuis le nom de lyrique.

CITHÉRE, CITHÉRÉE. Voyez CYTHÉRE, CYTHÉRÉE.

☞ CITHIBEB ou CITIBEB. Petite ville d’Afrique, au royaume de Maroc, dans la province de Tedla.

CITISE ou CYTISE. s. m. Cytisus. Arbrisseau dont les fleurs sont légumineuses, & les gousses composées de deux cosses applaties, qui s’ouvrent en deux, & renferment quelques semences oblongues. Ses feuilles sont au nombre de trois, portées sur une même queue. Il y a plusieurs espèces de citise, comme on peut le voir dans les Instituts de Botanique de M. Tournefort. Clusius a donné la figure & la description d’une partie de ces espèces dans son Histoire des Plantes d’Espagne. L’éthymologie de cytisus, au rapport de Pline, vient de Cythno, nom d’une Île où l’on trouva d’abord cette plante. Mais quelle est cette première espèce de cytise ?

Les Fleuristes & les Jardiniers françois nomment cytise un petit arbrisseau qui se taille en boule, qui garde ses feuilles long temps, & qui donne beaucoup de fleurs. Les Botanistes appellent Cytisus glaber, siliqua lata, J. B. On fait aussi des palissades avec cet arbrisseau, que l’on tond une ou deux fois l’année. Il se lève ordinairement jusqu’à trois & quatre piés, il est fort branchu, ses tiges & branches sont verdâtres, & garnies de feuilles larges d’un demi-pouce au plus,