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CIE

Thémis, Mnémosyne ou la Mémoire, Phœbé ou la Lune, Thétys, Saturne, les Cyclopes, Cottus, Briarée & Gygès. Hésiod. Theog. v. 133 & suiv. Les Anciens ont souvent confondu le Ciel, ou Cœlus, avec Saturne son fils, & même avec Jupiter son petit-fils, n’en faisant qu’une même divinité. La plûpart des choses qu’ils disent du Dieu Cœlus, ou du Ciel, sont prises de l’histoire de la création décrite par Moïse au commencement de la Ganèse, ou de la tradition des peuples sur cela, qui dans la suite s’est mêlée de fables.

Varron de ling. Lat. L. IV, dit que les Dieux sont le Ciel & la Terre, & que ce sont les mêmes que Sérapis & Isis en Egypte. Philon de Bérite dit dans Eusèbe que le Ciel étoit fils du Dieu Elion עליון, en hébreu, c’est-à-dire, très-haut ; & qu’il eut quatre fils, Ilus ou Saturne, Bérule, Dagon & Atlas. Voyez, sur ce Dieu, Vossius, de Idol. L. I, c. 33. L. II. C. 36 & 38.

Chez les Athéniens le Ciel & la Terre présidoient aux mariages ; c’est pour cela qu’on leur faisoit un sacrifice avant les nôces.

Selon le P. Kirker, Œd. Æg. T. II, p. I, p. 100. Le Ciel, Cœlus, n’est autre chose que la première cuase. Saturne sont fils est le premier esprit, ou le premier entendement, Prima mens, & Jupiter fils de Saturne, étoit l’ame du monde.

Ciel, en termes d’Astrologie, signifie seulement les influences des astres. Siderum vis, cœli defluvium. Les Astrologues, pour duper le monde, ont tâché de persuader que les cieux sont un livre où Dieu écrit l’histoire du monde, & qu’il n’y a qu’à en savoir lire l’écriture, qui n’est autre chose que l’arrangement des étoiles. Ainsi on dit, il eut en naissant, le ciel favorable, le ciel contraire, selon que les astres bénins ou malins, ont présidé à sa naissance. Les Astrologues appellent aussi le milieu du ciel, la maison qui est la plus haute, où est le Zénith ; & le plus bas du ciel, celle qui est la plus basse.

Ciel, en Chimie, est la partie la plus pure, la plus parfaite, la plus épurée des corps ; c’est la quintessence des minéraux, des végétaux, des animaux.

Ciel se prend aussi pour un climat éloigné, un pays différent de celui où l’on est, & surtout quand a passé la Ligne. Cœlum. Il est allé voyager vers le Midi, habiter sous un autre ciel & sous d’autres astres ; sous un ciel plus doux. J’ai enfin quitté ces climats où la neige couvre la surface de la terre, & me voilà sous un ciel pur & serein. Le Ch. de M. Je viens chercher le repos sous un ciel étranger. S. Evr. On a beau changer de ciel, on ne change point d’esprit. Cœlum non animum mutant qui transmare currunt.

Ciel se prend aussi quelquefois pour l’air. Aer, Cœlum. Le Ciel est serein ; pour dire, il n’y a point de nuée dans l’air. Le feu du Ciel, c’est la foudre qui se forme dans les nuées. La rosée du ciel. L’arc-en-ciel qui paroît dans une nuée pluvieuse. La manne du ciel. Les oiseaux du ciel, qui volent dans l’air.

Sur la mer on dit, que le ciel se hausse ; pour dire, que le ciel s’éclaircit. Gros ciel ; pour dire, qu’il y a de gros nuages en l’air. Obscurum, nubilum. Ciel fin, c’est-à-dire, que le ciel est clair. Clarum, purum, nitidum. Ciel embrumé ; pour dire, que l’horison est couvert de nuages. Obscurum, nubilum.

Ciel se dit aussi du dais sous lequel on porte le S. Sacrement le jour de la Fête-Dieu. Il portoit le ciel à la Procession. Voyez dais.

☞ On le dit aussi du haut d’un lit. Le ciel de ce lit est trop bas. Superius lecti tegmen. dans cette acceptation & les suivantes, on dit ciels au pluriel, & non pas cieux.

Ciel, en termes de peinture, se dit d’un tableau qui représente le ciel pris pour l’air. Ainsi l’on dit faire peindre un ciel au plafon d’un cabinet. Ce Peintre fait bien les ciels. Un ciel doit être léger, vague & fuyant, afin que les objets qui le cachent en partie, paroissent en être détachés. On le dit de même des ciels représentés dans des tapisseries. Il ne faut pas trop de ciel dans une tapisserie.

☞ On le dit aussi des plafonds de l’Opéra, quand le théâtre représente un lieu découvert.

On appelle dans les carrières, le banc de ciel, celui qu’on laisse au dessus de la tête, & sous lequel on tire la pierre. C’est le premier banc qui se trouve au dessous des terres en fouillant les carrières, & qui leur sert de plat-fond dans sa continuité à mesure qu’on les fouille. Lapidicinæ camera.

Dixième ciel. Dans l’histoire des modes. Les femmes donnoient ce nom à un ornement de tête qui faisoit partie de la coëffure qu’elles nommoient commode.

Ciel se dit proverbialement en ces phrases. On dit : si le ciel tomboit, il y auroit bien des alouettes prises, pour se mocquer de ceux qui cherchent des précautions contre des accidens qui n’arriveront jamais. On dit de deux choses bien différentes, qu’elles sont éloignées comme le ciel l’est de la terre. On dit qu’on élève un homme jusqu’au ciel, jusqu’au troisième ciel ; pour dire, qu’on le loue excessivement. Qu’on ne voit ni ciel ni terre, lorsqu’on est aveugle, ou qu’on est dans une grande obscurité. Il a remué ciel & terre ; pour dire, il a fait tous ses efforts, il a employé toutes sortes de moyens pour faire réussir cette affaire. On dit encore, le ciel rouge au soir, & blanc au matin, c’est la journée du Pélerin ; pour dire, que cela présage une belle journée. On dit aussi, que les mariages sont faits au ciel ; pour dire, qu’ils ne se font que par l’ordre de la Providence.

☞ CIEME, Ville de la Chine, dans la province de Chanton, ou Xantang, au département de Laicheu, sous le 36e d. 22’ de lat.

CIERGE. s. m. Bougie ou chandelle de cire plus ou moins longue, qu’on pose sur des chandeliers, & qu’on brûle dans les cérémonies de l’Eglise. Morceau de cire étendu en long, & en forme de cône autour d’une mêche de coton, & percé par sa base pour pouvoir entrer dans le bout d’un chandelier. En Italie les cierges sont d’une même grosseur dans toute leur longueur ; en France ils se terminent en pointe forte alongée par en haut. Ils marchoient deux à deux un cierge en main. À la Chandeleur on porte des cierges à la Procession. Le Cierge béni, est celui qu’on brûle auprès des agonisans.

Les Payens se servoient de flambeaux dans les jours de cérémonies, comme dans les sacrifices, & dans les mystères de Cérès. On en mettoit aussi devant les statues des Dieux. Il y avoit aussi des illuminations à la porte des maisons où l’on célébroit quelque fête. Quelques-uns soûtiennent que les Chrétiens ont imité cette cérémonie payenne. D’autres prétendent qu’ils ont appris des Juifs à tenir des cierges allumés dans les Eglises. Apparemment comme dans les commencemens du Christianisme l’on s’assembloit dans des voûtes souterraines, il falloit nécessairement se servir de cierges & de flambeaux. On en eut même besoin depuis que l’on eut la liberté de bâtir des Eglises. Elles étoient construites d’une manière qu’elles recevoient peu de jour, afin d’inspirer plus de respect par l’obscurité. Ensuite l’on conserva cette coutume, qui ne contribue pas peu à rendre plus augustes les cérémonies des sacres mystères ; cette origine de l’usage des cierges est plus naturelle & plus vraie ; mais il y a long temps que les cierges, que la nécessité avoit introduits, sont devenus un ornement, & une chose de cérémonie. Saint Paulin, qui vivoit au commencement du cinquieme siècle, dit que les Chrétiens faisoient peindre les cierges. Le quatrieme Concile de Carthage, tenu vers la fin du quatrieme siècle, ordonne que quand on donnera l’ordre d’Acolyte à quelqu’un, l’Archidiacre lui mette entre les mains un chandelier avec un cierge. Saint Jérôme, contre Vigilance, C. 3,