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thorachique, qui aboutit à la veine souclavière-gauche. C’est dans cette veine que le chyle commence à se mêler avec le sang. Enfin, il est porté dans le ventricule droit du cœur, & de-là dans les poumons & dans toutes les autres parties du corps, confondu avec le sang. Les Anciens croyoient que le chyle se changeoit en sang dans le foie : d’autres ont cru que c’étoit dans le cœur. Les Modernes croient, avec plus de raison que ce changement se fait par le sang lui-même dans toutes les parties du corps.

Ce mot est grec, χυλὸς (chulos), il signifie suc.

CHYLEUX, EUSE, adj. Terme de Médecine. Qui appartient au chyle, qui tient du chyle. Chylosus, a, um. Un sang appauvri & dépouillé de sa partie onctueuse & chyleuse. Duverney, fils, Acad. 1702. Mém. p. 205.

CHYLIFERE ou CHYLIDAQUE. adj. m. & f. Terme d’Anatomie. C’est l’épithète qu’on donne aux petits vaisseaux qui portent & charient le chyle dans les diverses parties du corps. M. Guide, dans ses Observations des bons & mauvais usages du Quinquina, dit que tous les intestins ont des vaisseaux chyliferes, par le moyen desquels le vin & l’opium donnés en clystères peuvent enivrer & faire dormir. Ce terme est fort en usage dans la Médecine.

CHYLIFICATION. s. f. Formation du chyle, opération par laquelle la nature change en chyle les alimens que nous prenons. Chylopoesis, Chylificatio. La Chylification se fera premièrement en mâchant les alimens dans la bouche, en les mêlant avec la salive, & les broyant avec les dents. Ensuite étant tombés par l’œsophage dans l’estomac, le suc acide de ce viscère se mêle avec eux, les pénètre, les divise en particules si petites, qu’ils ne paroissent plus qu’une liqueur, laquelle comprimée par l’estomac est obligée de sortir par le pilore, et d’entrer dans les intestins. Là deux autres dissolvants, qui sont la bile, & le suc pancréatique, & qui ne sont pas moins puissans que la salive & l’acide de l’estomac, achevent de liquéfier ces alimens, & de diviser ce qu’ils y trouvent encore d’uni. Alors en coulant dans les intestins, ce qu’il y a de plus subtil, que nous nommons le chyle, entre dans les orifices des veines lactées premieres ou radicales ; dont tous le mésentère est parsemé, lesquelles, ou seules, ou avec les veines mésaraïques vont se rendre à des glandes, qui sont à la base du mésentère. Puis ce chyle est repris par les veines lactées secondaires, & porté à des glandes qui sont entre les deux tendons du diaphragme, connus autrefois sous le nom de glandes lombaires, & qu’on appelle aujourd’hui le réservoir de Pecquet, d’où il est conduit au cœur par le canal thorachique, & la veine souclavière, dans laquelle il commence à se mêler au sang. Le fondement de toute la Médecine consiste à rétablir dans un bon état la chylification troublée & viciée. Quelques Modernes croient que la chylification ne se fait point par voie de fermentation, mais par broyement & par trituration. Voyez Digestion.

CHYLOSE. s. f. Terme de Médecine, qui se dit de l’action par laquelle les alimens se tournent en chyle dans le ventricule. Voyez Chylification.

Ce mot est grec, χύλωσις (chulôsis).

CHYME. s. m. La même chose que Chyle.

CHYMIE. Voyez Chimie.

CHYMOSE. s. f. Chymosis. Terme de Médecine. C’est la seconde des coctions qui se font dans notre corps. C’est une coction ou une élaboration, une préparation réitérée de la plus impure & de la plus grossière partie du chyle, laquelle étant rebutée des veines lactées, & succée par les mésaraïques, est de-là portée au foie, pour y être de rechef cuite, purifiée & subtilisée ; & c’est d’elle, selon Rogers, dans ses Analecta inauguralia, que se sont ensuite formés les esprits naturels.

Ce mot est originairement grec, χύμασις (chumasis), de χυλὸς (chulos), succus, qui vient de χέω (cheô), fundo.

CHYPRE. Cyprus. L’une des plus grandes Îles de la mer Méditerranée. Elle est sur les côtes de l’Anatolie, dont elle n’est éloignée que de seize lieues. On la nomma autrefois Macarie, Macaria, c’est-à-dire, heureuse, fortunée. On prétend que ce fut à cause de sa fertilité, & de l’abondance des métaux qu’elle produisoit. Elle eut aussi les noms d’Acamantis, Cerastis, Amathusa, Aspelia, Cryptos, Colinia, & Spechia. Il y avoit surtout, dit-on, des mines de cuivre, qui a pris son nom Cuprum, de cette île. Les principales villes étoient Salamis & Paphos, dont l’une avoit un temple de Jupiter, & l’autre de Vénus. Toute l’Île étoit consacrée à cette Déesse, que Stésichore & Horace appelle Cyprigénie, c’est-à-dire, née en Chypre. L’an 696 de la fondation de Rome, Caton fut envoyé par les Romains en Chypre, & il la réduisit en Province de la République Saint Paul & Saint Barnabé y portèrent les premiers la foi. Saint Barnabé y mourut & y fut enterré, & son corps y fut trouvé sous l’empereur Zénon. César la donna à Cléopatre. Après sa mort, elle retourna aux Romains. Dans la division de l’Empire elle fut attribuée aux grecs. En 1191, Richard, roi d’Angleterre, allant à la conquête de la Terre-Sainte, prit Chypre, & la donna à Guy de Lusignan. Jean de Lusignan, III du nom, ne laissa que Charlotte, qui fut couronnée à Nicosie en 1458, & peu de temps après, dépossédée par Jacques, son frère batard. Jacques épousa Catherine, fille de Marc Cornato Vénitien, à laquelle le Sénat de Venise assigna une dot en l’adoptant. Jacques mourut, & laissa Catherine grosse d’un fils, qui ne vécut que deux ans. Alors les Vénitiens s’emparèrent de Chypre, malgré les protestations de Charlotte qui vivoit encore, & qui en fit donation à Charles Duc de Savoie son neveu. En 1571, Selim II l’enleva aux Vénitiens. Chypre est un des plus délicieux séjours du monde ; l’air y est si doux, que les jardins y sont remplis de fleurs en tout temps. La capitale de Chypre est Nicosie. Voyez Vigenere sur César.

Quelques-uns aujourd’hui écrivent Cypre, & veulent par conséquent que l’on prononce ainsi. L’usage est partagé ; Chypre paroît mieux. Ce nom, selon quelques Auteurs, vient de Cyprus, fils, selpn Eustahius, & selon Etienne de Byzance, de la fille de Cynyras, dont cependant il n’est parlé ni dans la fable, ni dans l’histoire. Ainsi il est plus vraisemblable que Cyprus vient de כיפּר, nom hébreu de cette Île. Les Turcs l’appellent Cobros.

Nous avons l’histoire de la guerre de Chypre écrite en latin par Antoine Maria Gratiani, & traduite en François par le Peletier, au commencement de laquelle il y a une description de l’Île.

Ordre de Chypre, Chevalier de l’Ordre de Chypre, ou du silence, & appelés aussi Chevaliers de l’Epée. Ordre militaire institué par Guy de Lusignan, Roi de Chypre, dès le commencement de son règne, c’est-à-dire, en 1192. La fin de cet Ordre étoit de s’opposer aux descentes & aux irruptions des Infidèles dans son Île. Il donna aux Chevaliers un collier composé de lacs d’amour de soie blanche entrelassés des lettres R & S en or. Au bout de ce collier pendoit une médaille d’or, dans laquelle il y avoit une épée dont la lame étoit d’argent, & la garde d’or, avec la devise Securitas Regni. Voyez Epée, Menenius, Favin, Justiniani, Hermant, Schornebek, & le P. Hélyot P. J. C. 36.

CHYPRE. Poudre de Chypre. Voyez Poudre.

CHYPRIOT ou CYPRIOT, OTTE. s. m. & f. Qui est de l’Île de Chypre ; Cyprius. Le traducteur de l’histoire de la guerre de Chypre, écrite en latin par Gratiani, dit toujours Chypriot. Les Juifs massacrèrent dans un même jour deux cents quarante mille Chypriots, pour se délivrer de la tyrannie de l’Empire Romain. Le Peletier. La chaleur du climat est cause que les Chypriots sont communément d’une taille médiocre, & plus approchants de la maigreur que de l’embonpoint. Id. Une Dame Chypriotte. Id.