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de l’Ordre de Christ sont vêtus de blanc ; ils portent sur la poitrine une croix patriarchale de gueules chargée d’une autre croix d’argent : ce sont les armes de l’Ordre. Ces Chevaliers, qui faisoient autrefois leur résidence à Castro-Marin, la transférèrent dans la ville de Thomar, comme étant plus voisine des Maures d’Andalousie & de l’estramadoure. Le Quien de la Neuv. Histoire de Port.

Christ. Ordre militaire en Livonie. Christi Sacer Ordo in Livonia. L’Ordre militaire des Freres de Christ fut institué en 1205 par Albert Evêque de Riga : ils portoient sur leur manteau une épée, & une croix par dessus, ce qui les fit aussi nommer les freres de l’épée. La fin de leur institut fut de défendre les nouveaux Chrétiens, qui se convertissoient tous les jours en Livonie,& que les Payens persécutoient ; comme il paroît par une lettre d’Innocent III, qui ordonne une Croisade contre eux. Voyez l’établissement de cet Ordre dans Longin. Hist. de Polon. L. VIII.

Il y a aussi un Ordre militaire de Christ ou de J. C. en Italie, institué par Jean XXII à peu près dans le même temps que celui de Portugal commença. Ces Chevaliers ne font point preuve de noblesse : ils ont cependant été agrégés à ceux de Portugal, mais sans pouvoir prétendre à leurs Commanderies. Ils ont les mêmes statuts, & sont seulement appelés Chevaliers à brevet. P. Hélyot. Ibid.

Outre les Chevaliers, il y a des Religieux de l’Ordre de Christ établis sous le regne de Jean III, Roi de Portugal. Antoine de Lisbonne, Religieux de l’Ordre de S. Jérôme, ayant été nommé Commissaire Apostolique, pour faire la visite du Couvent de Thomar, première Maison de l’Ordre des Chevaliers de Christ, établit la réforme dans ce Couvent. Il déposa Didaque de Régo, qui en étoit Prieur, & obligea tous les Clercs de cet Ordre à vivre en commun, & à porter un habit Monachal avec la croix de l’Ordre de Christ sur la poitrine. Il fit bâtir des lieux réguliers, & reçut des novices, auxquels, après l’année de probation, il fit faire les vœux de pauvreté, de chasteté & d’obéissance. Il dressa des statuts, & cette réforme, à la priere du Roi, fut approuvée par le Pape Jules III qui permit au réformateur de quitter l’Ordre de Saint Jérôme, & de passer à celui de Christ. Il l’établit en même temps Prieur du Couvent de Thomar. Cette réforme s’établit en plusieurs droits, & le réformateur obtint de Pie V la confirmation de tous ses Couvens par une Bulle de l’an 1567. Comme, en vertu de cette Bulle, ces Religieux prétendirent être indépendans des Chevaliers, le Roi Sébastien voulut les détruire, & s’adressa pour cela à Grégoire XIII l’an 1576. Le Pape ne les détruisit point, mais il les soumit au Roi, comme Grand-Maître de l’Ordre. P. Hélyot, T. VI, c. 8.

☞ CHRISTBOURG. Ville de Pologne, dans la Prusse Polonnoise, à trois lieues de Pologne de Marienbourg.

☞ CHRIST-CHURCH. Ville d’Angleterre en Hautshire, à dix-huit milles de Southampan.

CHRISTE-MARINE. s. f. Salicot, bacile, ou fenouil marin. Voyez ces mots. Nom d’une herbe qui croît sur la grève ou sur les bords de la mer. Ne faut-il point écrire Criste, plutôt que Christe ? Quoi qu’il en soit, il croît beaucoup de christe marine autour du Mont S. Michel. On l’apprête en salade.

☞ On donne vulgairement le nom de passe pierre ou perce pierre à une de ces espèces. On mange cette dernière confite au vinaigre. Toutes sont apéritives & dissipent les obstructions. Acad. Fr.

CHRISTIAN ou CHRISTIEN. Nom d’homme. Christianus. C’est la même chose que Chrétien. Christian ou Chrétien Druthmar, surnommé le Grammairien, Auteur d’un Commentaire sur S. Matthieu, & d’un abrégé sur S. Luc & sur S. Jean, étoit un Moine de Corbie-sur-Somme dans le IXe siècle. Christian ou Christien de Troyes, est un Poëte françois qui vivoit vers le commencement du XIIIe siècle. Christian Urst, Professeur de Mathématiques à Bâle. Christian de Brunswich & d’Elisabeth de Dannemarck, fut Administrateur d’Halberstad. En Dannemarck on dit Christiern pour Christien.

CHRISTIANISER. v. a. Rendre Chrétien. Christianum efficere ; ex Christi lege constituere. Ce ne sont point deux choses qu’on soit en pouvoir de séparer, le Chrétien d’avec le Négotiant, le Chrétien avec l’Ouvrier & l’Artisan, le Chrétien même d’avec l’Officier de guerre, le Chrétien d’avec le Prince & le Monarque ; parce que tout cela & tout autre état, si j’ose m’exprimer de la sorte, doit être christianisé dans nos personnes. Bourdal. Exh. II, p. 411. C’est là un de ces mots nouvellement inventés, novata verba, qui ont de la grace & de l’énergie, quand on les place bien, mais qu’il faut se permettre sobrement. Il me semble que la charité épure, raffine & perfectionne la justice : elle la rend plus complette, & en même temps christianise, si j’ose faire un terme, des actions bonnes par elles-mêmes, mais qui n’ont souvent d’autre principe que l’humanité. Traité du vrai mérite par M. De Claville. Cet Auteur n’est pas le premier qui ait employé ce mot. On le trouve dans le Journal des Savans de 1716. M. Dacier, y est-il dit, n’oublie pas de se justifier sur le reproche que quelques Auteurs lui ont fait d’avoir Christianisé les Payens. Il signifie dans ce passage, attribuer des sentimens Chrétiens. M. Dacier répond à ce reproche dans la Préface de son second tome du manuel d’Epictete. Cotgrave avoit déjà mis christianiser dans son Dictionnaire imprimé à Londres en 1673. On y trouve aussi chrétienné, ée, & chretienner. Ce dernier est dans Nicot, qui a dit Christienner un enfant, le baptiser. Monet a placé le même mot dans son Dictionnaire, où l’on voit se Chretienner, se faire Chrétien. Mais chretienner est aboli entièrement, & christianiser se met en vogue.

CHRISTIANISME. s. m. Les deux s de ce mot se prononcent. La doctrine de J. C., établie par J. C. & publiée dans tout le monde par les Apôtres. Christiana Religio. Les Apôtres & les Martyrs ont prêché, ont établi le Christianisme. On a porté le Christianisme dans les Indes orientales & occidentales. Ceux qui ne tenoient au Christianisme que par la terreur, allèrent tumultuairement investir le Palais. Fl. Le Grand Constantin étoit alors dans la chaleur de son nouveau Christianisme. Herman. Ce n’est pas là l’esprit du Christianisme. Port-R.

CHRISTIANICATÉGORE. s. m. & f. Nom de Secte. Christianocategorus. Certains hérétiques qui adoroient les images de la sainte Vierge & des Saints : ils sont ainsi appelés par S. Jean Damascène.

Ce mot est grec Χριστιανὸς (Christianos), Chrétien, κατηγορέω (katêgoreô), j’accuse. Accusateurs de Chrétiens. J’aimerois mieux user de cette phrase que de dire Christianocatégores.

☞ CHRISTIANOPEL. (Prononcez Christianople). Ville de Suède dans la Blekinge, sur la mer Baltique, Capitale de la Province de Bleking, bâtie par Christian IV, Roi de Dannemarck.

☞ CHRISTIAN-LAND. Petite ville de Norwege, au Gouvernement d’Aggerrhus.

☞ CHRISTIANSTADT. Petite ville de Suède dans la Blekingie, aux frontières de la Schoone.

CHRISTIERN. s. m. Nom d’homme, qu’ont porté cinq Rois de Dannemarck, & quelques Princes de leur sang. Christiernus, Christianus. C’est le nom Christian ou Christien, avec une terminaison Danoise, & il ne faut s’en servir que quand on parle des Danois. Christiern I regnoit en Dannemarck, en Suède & en Norwege, dans le quinzième siécle.

CHRISTINE. s. f. Nom de femme. Chritiana. Christine, Reine de Suède, fille du Grand Gustave Adolphe, ceda en 1654, son Royaume à charles Gustave son cousin germain. Elle étoit savante, & aimoit les Sciences & les Savans ; ce fut elle qui fit venir en Suède M. Descartes. Christine de France,