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CHO

consentement des misérables, & sans trouver l’envie par les chemins ! Bal.

On dit proverbialement : A chose faite, conseil pris, pour dire ; qu’il n’est plus tems de demander conseil, quand la chose sur laquelle on devoit délibérer, est faite.

CHOU. s. m. Brassica. s. f. Plante potagère commune dans nos jardins, & dont on connoit plusieurs espèces bonnes à manger. Aussi prétend-on que le mot Brassica vient du grec πρασικὴ (prasikê), qui signifie une herbe potagère : nom qu’on lui a donné par excellence, à cause qu’elle tenoit un des premiers rangs parmi les plantes potagères chez les Anciens. Pline nous apprend que Chrysippe, Dieuches, Pythagore & Caton, avoient composé des volumes entiers sur le chou. On peut voit encore dans Caton, De Re Rustica, Ch. 156, 157, & dans Pline lui-même, L. XIX. c. 8 & L. XX. c. 9. Diogene lavant ses choux, cria à Aristippe : Si tu savois manger des choux, tu ne ferois point ta cour aux Grands. Et toi, répondit Aristippe : Si tu savois faire ta cour aux Grands, tu ne t’amuserois point à laver tes choux. Ablanc. On croit que les choux empêchent l’ivresse : & c’est pour cela que les Anciens en mangeoient au commencement de leurs repas. Les Egyptiens faisoient servir des choux à l’entrée de tous leurs festins, afin de ne point s’enivrer. Aussi dit-on que les choux sont ennemis de la vigne.

Ce mot chou paroît s’être formé de caulis, qui signifie la même chose, en changeant le c en ch, comme en bien d’autres, canis, chien, cantus, chant, Cyprus, Chypre, camisia, chemise, &c. Ainsi de caulis, caul, chaul, choul, chou. Mais si l’on en croit que P. Pezron, Καυλος (Kaulos), caulis, vient du Celtique caul.

Chou est le nom générique d’un certain nombre de plantes qui ont leurs fleurs à quatre pétales disposés en croix, & soutenus par un calice composé de quatre feuilles verdâtres & oblongues. Le pistil de ces fleurs devient une silique longue, cylindrique, formée par deux panneaux croisés en gouttière, & appliqués sur les bords d’une cloison qui sépare la silique dans toute sa longueur en deux cellules, dans lesquelles sont renfermées des semences arrondies, assez semblables à celles de la moutarde ; mais elles sont moins âcres. Il faut encore ajouter que presque toutes les espèces de choux ont leurs feuilles grasses & charnues, frisées, & ondées assez souvent, & presque toujours teintes d’une couleur de vert cendré, qu’on nomme vert de mer. Les choux, de quelque nature qu’ils soient, ne se multiplient que de graine, qui est fort ronde, grosse comme des têtes d’épingle ordinaire, ou comme de la poudre à tirer ; elle est rougeâtre, tirant sur le minime brun. La Quint.

Chou commun, est celui qu’on cultive plus ordinairement dans les potagers. Brassica vulgaris, vel sativa. Sa racine est un toupet de fibres chevelues, d’où sort une tige haute d’un pié ordinairement, épaisse plus ou moins suivant son âge, & chargée à son sommet de quelques feuilles arrondies, amples, dentelées sur ses bords, relevées de grosses nervures, qui s’étendent sur toute sa surface postérieure, & portées par des queues épaisses & de deux pouces environ de longueur, sur tout celles des feuilles extérieures. Ses fleurs sont pâles, ou blanchâtres.

On donne à ce chou différens noms, par rapport aux changements qui lui arrivent ; tantôt on le nomme chou vert, à cause que ses feuilles sont vertes ; chou blanc, chou blond, quand elles sont devenues blanchâtres, Brassica alba, vel viridis ; & comme c’est l’espèce qui craint moins le froid, & qu’il est plus tendre après la gelée, on l’appelle vulgairement à Paris chou gelé. Sa semence est bonne pour tous les vers. Ce chou, aussi bien que les suivans, lâche le ventre.

Chou cabus, est une espèce de chou, dont la tige pousse une si grande quantité de feuilles à son sommet, que ne pouvant pas toutes s’étendre à la fois, elles demeurent entassées les unes sur les autre, & forment comme une tête dure, blanche en dedans, & fort bonne à manger ; ses fleurs sont jaunâtres. On le nomme à Paris, & en plusieurs autres endroits chou pommé, ou chou pomme, blanc. Brassica capitata alba. Il dégénere quelquefois, sur tout lorsque le terrain ne lui est pas favorable.

Chou rouge, se dit de deux sortes de choux qui sont teints de couleur de pourpre, & dont l’un est pommé, & se nomme chou pomme rouge, en latin, Brassica capitata rubra. Il ne differe de chou cabus, que par sa couleur. L’autre espèce de chou rouge n’est point pommée, ses feuilles sont grandes, frisées, & relevées de nervures d’un pourpre plus foncé que le reste de la feuille, qui est le plus souvent verdâtre. Il s’éleve plus haut que le pommé rouge ; ses fleurs sont cependant de la même couleur. On nomme ce chou, chou commun rouge, ou chou rouge, en latin, Brassica rubra. On emploie le chou rouge pour les maux de poitrine, pour la toux, & pour les crachemens de sang. On en fait un syrop pour les asthmatiques ; mais on doit le préparer à mesure qu’on en a besoin ; car lorsqu’il est gardé, il sent si mauvais, qu’on ne sauroit s’en servir.

Chou de Savoie, ou Chou de Milan, Brassica Sabauda, capite oblongo non penitus clauso, est une autre espèce qui approche du chou commun ; mais il est plus gros, & ses feuilles sont plus blanches, plus tendres, relevées de nervures plus grosses, ses feuilles sont aussi frisées, ondées, & serrées les unes contre les autres, comme celles de la laitue. Sa fleur est blanche. Ce chou est recherché à cause qu’il est beaucoup plus délicat que les précédens.

Chou blanc, ou Chou frisé, Brassica alba, vel crispa. Il est commun en Savoie, il differe du précédent par ses feuilles, beaucoup plus grandes, plus frisées, ordinairement plus blanchâtres, & par ses fleurs, qui sont jaunes. On le mange sur la soupe comme le chou vert ; il est plus délicat.

Chou fleur, Brassica cauliflora. C. B. Pin. C’est une espèce de chou dont les feuilles extérieures sont assez grandes ; mais celles du milieu, aussi bien que ses tiges, avortent & dégénèrent en des têtes informes toutes grainées, blanches & fermes. On mange ces têtes cuites dans l’eau, & apprêtées avec une sausse blanche, assaisonnée de poivre, de sel & d’un peu de vinaigre. On faisoit venir autrefois sa semence d’Italie ; mais on la recueille en France, depuis qu’on s’est avisé de conserver à la cave, pendant l’hiver, les piés de ces choux qu’on a vû être bons à donner des tiges : on les transplante ensuite au printemps, & ils ne manquent pas de fleurir dans la saison. Ses fleurs sont pâles. Ce chou, aussi bien que la plûpart des autres espèces, dégénère quelque fois. On disoit autrefois chou flory.

On peut ajouter à ces précédens ces deux-ci, qu’on ne voit guère en France.

Chou rave, ou Chou de Siam. Brassica caulorapa, ou Brassica gongylodes. On l’appelle ainsi, à cause que sa tige est terminée par un nœud gros comme une rave, d’où sortent les queues de ses feuilles, qui sont grandes, amples, & semblables aux précédentes. Ses fleurs sont jaunes & petites. On mange ce nœud.

Chou navet. Brassica radice napiformi. Napo Brassica, C. B. Prodr. 54. Il se distingue par sa racine, qui est un gros navet chargé de quelques fibres chevelues. De ce navet part une tige qui porte des feuilles & des fleurs comme le chou ordinaire. Les pauvres gens de bohême mangent sa racine, qu’ils coupent par tranche.

Il y a encore plusieurs autres espèces de choux, ☞ dont on trouvera les noms dans les instituts de M. de Tournefort, & dans nos Jardiniers Légumistes.

Chou Sauvage, ou colsa. Brassica silvestris, sive crambe, Brassica arvensis. C’est une espèce de choux beaucoup plus petits que les précédens, mais