Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/563

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
555
CHO

les piés. Ce cheval choppe continuellement. Offensator equus.

☞ CHOQUANT, ANTE. Qui s’applique aux choses qui offensent ou qui déplaisent. Quod animum, aures offendit, lædit. Un homme est choquant, a un air choquant, des manières choquantes, dit des paroles choquantes. Souvent pour ne pas connoître ce qu’on a de choquant dans l’humeur, on traite les autres avec dureté, & l’on en rejette encore le tort sur eux. Nic. Il est des refus moins choquans que certaines graces que l’on fait trop sentir. Bell. Il y a une humilité d’amour propre, qui fait éviter ce qu’il y a de choquant & de ridicule dans l’orgueil. Port-R.

☞ CHOQUE. Voyez Tour-et-Choque.

☞ CHOQUER. v. a. Heurter avec violence, donner un choc. Offendere, impingere in. Si ce grand vaisseau vient à choquer la chaloupe, il la brisera. On choque les verres à table l’un contre l’autre. On dit absolument choquer. Choquer contre quelque chose. Choquer contre un rocher.

Choquer se dit aussi, en parlant de la rencontre & du combat de deux troupes de gens de guerre. Concurrere, confligere, congredi. Les armées se sont choquées avec grande ardeur, sitôt qu’elles ont été en présence.

Choquer, dans le sens figuré, signifie déplaire, faire une impression désagréable. Cela me choque. Hoc me gravat, mihi grave, molestum est. Cet objet me choque la vue. Ces sons me choquent l’oreille. Oculos, aures lædere, offendere.

☞ On le dit aussi dans la signification de blesser, offenser : dites-vous cela pour me choquer ? Ce qui choque les esprits bornés, ne surprend point les gens sages. Soyez industrieux à ménager l’esprit du Prince, & gardez-vous de choquer la délicatesse de son humeur. S. Evr. J’aime ceux qui ont toujours de l’esprit sans choquer personne ; & je hais ceux qui n’en ont que pour déplaire. Il faut rejeter les opinions qu’on n’approuve pas, avec tant de modestie, qu’on ne choque personne.

☞ Il est quelquefois réciproque. C’est un homme qui se choque de tout.

☞ Quand on dit qu’une chose choque le bon sens, la raison, l’honneur ; on veut faire entendre qu’elle est contre le bon sens, contre la raison, contre l’honneur. Alienum à. Il y a bien des choses qu’on ne sauroit dire, sans choquer la bienséance, l’honnêteté. Salvâ, illæsâ honestate. Il faut tâcher de plaire à l’esprit, mais sans choquer la raison. P. Rap.

Choquer la tourne-vire, en termes de Marine, c’est la rehausser sur le cabestan, pour empêcher qu’elle ne se croise & ne s’embarrasse, lorsqu’on la vire. Erigere, attollere.

Choqué, ée. part.

☞ CHORAGE. s. m. Choragium. Vitruve se sert de ce mot, pour exprimer un lieu derrière le théâtre des Anciens ; la partie du théâtre où l’on serroit les habits, les décorations, les instrumens de la scène, & où l’on disposoit quelquefois des chœurs de musique.

CHORAL. Ancien mot, qui se trouve au pluriel pour dire des Enfans de chœur. Le revenu de la Collégiale de Blainville doit se partager, par l’acte de fondation, entre douze personnes : deux Dignités, quatre autres Chanoines prébendés, trois Chanoines semi-prébendés, un Clerc, & deux Choraux, c’est-à-dire, deux Enfans de chœur. Descript. Géog. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 342.

☞ CHORAULE. s. f. Choraules. C’est celui qui présidoit sur les chœurs, chez les Grecs & chez les Romains.

CHORDAPSE. s. m. Terme de Médecine. Chordapsus. C’est une maladie des intestins que quelques-uns appellent Miséréré ; d’autres disent que c’est une espèce de Miséréré. Galien dit que c’est une tumeur des intestins grêles qui les fait paroître repliés comme une corde. Archigenes prétendoit que c’étoit une espèce de Miséréré consistant dans une tumeur qui est en un certain endroit des intestins grêles, & qui cède à la main quand on la porte dessus : il disoit que le chordapse est fort dangereux, & qu’il fait ordinairement mourir en trois ou quatre heures, à moins qu’il ne vienne à suppuration, ce qui n’ôte pas tout le danger. Il y a apparence que le chordapse n’est autre chose que le Miséréré ; car Celse dit que ce qu’on avoit appelé chordapse, étoit ordinairement appelé de son temps Miséréré, εἰλεον (eileon).

Le nom de chordapse vient de deux mots Grecs, χορδά (chorda), corde ; & ἄπτεσαι (aptesai), toucher ; parce que dans le chordapse on sent au toucher l’intestin tendu comme une corde. Voyez Gorræus. Anastase, Patriarche de Constantinople mourut d’un chordapse.

CHOREGE. s. m. (Prononcez KO.) C’étoit chez les Grecs celui qui présidoit à la dépense des spectacles, soit qu’il la fît de son propre bien, soit qu’il eût reçu des Magistras de quoi la faire. Choregus, χορηγὲς (chorêges).

CHORÉGRAPHIE. s. f. La première syllabe se prononce Ko. L’art de noter sur le papier les pas & les figures d’une danse. Un bon Maître à danser doit savoir la Chorégraphie. Ce mot, formé du grec, signifie proprement description d’une danse.

CHORÉVÊQUE. s. m. l’h ne se prononce pas. Chorepiscopus. Les Savans demandent quelle étoit la fonction du Chorévêque dans la primitive Eglise. M. de la Roque soutient que les Chorévêques étoient les Evêques de la campagne, & qu’ils avoient la même autorité dans leurs villages, que les Evêques des grandes villes dans leurs Diocèses. Mais dans la prospérité les Evêques dédaignerent ces retraites solitaires & champêtres. Ils s’imaginèrent que l’Episcopat étoit avili, & devenoit méprisables dans la bassesse du village. Ainsi le Concile de Sardique défendit de consacrer des Evêques à la campagne, ou dans les petites villes, afin que la dignité Episcopale fût toujours relevée par l’éclat des grandes villes. Voyez M. de Marca. Les Chorévêques exerçoient dans les Bourgades la plûpart des fonctions Episcopales ; mais ils n’étoient pas ordonnés comme les Evêques, & n’étoient pas revêtus de la même autorité. Ils étoient seulement au dessus des simples Prêtres. Du Bois.

L’office de Chorévêques, auxquels les Doyens ruraux ont succédé, étoit de veiller sur les Paroisses de la campagne. On les a abolit, parce qu’ils usurpoient l’autorité des Evêques. Le Mait.

Quelques-uns disent que les Chorévêques n’étoient proprement que les Evêques que nous appelons aujourd’hui in partibus, lesquels, en qualité de suffragans, sont commis à l’administration des Diocèses, dont les Evêques sont absens. Cette idée n’est pas assez juste. Ce qu’ils ajoutent est mieux, que du moins l’institution des Chorévêques semble avoir donné lieu à celle de ces autres Evêques, qui ont pourtant des avantages que les Chorévêques n’avoient pas.

D’autres croient que les Chorévêques n’étoient que des Prêtres à qui l’Evêque donnoit presque toute son autorité pour la campagne. Le dixième Canon du Concile d’Antioche, en 342, ordonne que ceux qui sont dans les bourgs ou les villages, ou que l’on nomme Chorévêques, connoissent les bornes qui leur sont prescrites. Ils peuvent ordonner des Lecteurs, des Soudiacres & des Exorcistes ; mais non pas des Prêtres, ou des Diacres, sans l’Evêque de la ville dont ils dépendent. Le Chorévêque sera ordonné par l’Evêque de la ville. Ce Canon semble donner aux Chorévêques le caractère Episcopal, en leur permettant d’ordonner des Prêtres & des Diacres, au moins avec l’Evêque dont ils dépendent, ce que quelques-uns croient n’être pas sans difficulté. Quoi qu’il en soit, le Concile de Néocésaree, tenu vers 314, can. 14, leur donne la prééminence sur les Prêtres ; & le Pape Nicolas, au IXe siècle, dans sa lettre à Raoul, Archevêque de Bourges, déclare que les Chorévêques ont les fonctions Episcopales, & veut que les ordinations de Prêtres & d’Evêques