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CHO

citations doivent être choisies & peu fréquentes. Id.

CHOISON. Vieux mot, qui signifie dessein, occasion. Consilium, propositum.

Mettre à choison, mettre dans l’occasion de faire quelque chose. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

CHOIX. s. m. ☞ Si vous voulez confondre toutes les idées, vous direz avec l’Académie & les Vocabulistes, élection, option ; préférence d’une personne ou d’une chose à une ou plusieurs autres. Il est difficile de définir plus mal. Le mot de choix n’est rien de tout cela. Celui d’élection, dit un simple concours de suffrages, qui donne une place à un sujet ; & il arrive souvent que le choix n’a nulle part dans l’élection. Le choix n’est pas moins distingué de l’option. Il y a option, quand, entre plusieurs choses on se détermine pour une, parce qu’on ne peut pas les avoir toutes. Elle suppose une simple décision de la volonté, pour savoir à quoi s’en tenir. On peut opter avec choix ; mais on peut aussi opter sans choix, quand, entre plusieurs choses on se détermine indifféremment pour la première venue, quand on suit le hasard ou le conseil d’autrui. Il y a option entre deux choses égales, mais il n’y a pas de choix. L’option a lieu où il y a une nécessité absolue : le choix est toujours un plein exercice de la liberté. Le choix n’est pas non plus la préférence. On ne choisit pas toujours ce qu’on préfère, quoiqu’on préfère toujours ce qu’on choisit. La préférence a lieu quand on se détermine en faveur d’une chose par quelque motif que ce soit, mérite, affection, complaisance ou politique, n’importe. Le choix n’a lieu que quand on se détermine en faveur d’une chose par le mérite qu’elle a, ou par l’estime qu’on en fait. L’esprit fait le choix. Le cœur donne la préférence. C’est pour cette raison que l’on choisit ordinairement ce que l’on connoît, & qu’on préfère ce qu’on aime. La préférence est juste ou injuste, selon qu’elle est dictée par la raison, ou qu’elle est inspirée par la passion. Le choix est bon ou mauvais, selon le goût & la connoissance qu’on a des choses. Après avoir écarté toutes ces fausses notions, disons avec M. l’Abbé Girard, que le choix est un acte de discernement qui fixe la volonté à ce qui paroit le meilleur ; un acte par lequel, après avoir comparé les qualités de différentes choses entr’elles, on se détermine à ce qu’on juge le mieux. Dilectus. Les préférences de pure faveur sont quelquefois permises aux Princes dans la distribution des graces : mais ils ne doivent jamais agir que par choix dans la distribution des charges & des emplois publics. Dieu veut de nous un amour de choix, qui lui assujétisse notre esprit & notre cœur. Maleb. L’attachement du peuple pour la vérité n’est nullement un choix libre & raisonné ; c’est pur accident. Bay. Chacun cherche à se donner, & à s’assujétir ; le choix des supérieurs tient lieu de liberté. S. Evr. L’homme sent qu’il agit par choix, & sans une détermination nécessaire ; & cela suffit pour conclure qu’il est libre. Id. Il n’y a point d’imprudence si ordinaire que le choix de l’état où nous devons passer la vie : si l’on y prend garde, presque personne n’est bien placé. Nicol.

Les peres & les meres sont, après Dieu & selon l’ordre de Dieu, les premiers supérieurs de leurs enfans, & ce seroit une indépendance condamnable, plutôt qu’une liberté évangélique, de vouloir dans le choix qu’on fait d’un état, se soustraire absolument à l’autorité paternelle. Bourd. Exh. II, p. 444.

Non, ce n’est ni par choix, ni par raison d’aimer,
Qu’en voyant ce qui plaît, on se laisse enflammer. T. Corn.


☞ C’est dans ce sens qu’on dit que le choix des mots est souvent indispensable, parce qu’ils ne peuvent pas figurer l’un pour l’autre. Comme il n’y a point de mots assez parfaitement synonymes pour avoir, dans toutes sortes d’occasions, une force de signification entièrement semblable, il y a nécessairement un choix entr’eux. C’est ce choix que M. l’Abbé Girard a déterminé par des définitions & des exemples qui distinguent & développent le caractère de chacun de ces synonymes. Une extrême justesse dans le choix & dans l’arrangement des paroles, affoiblit quelquefois les pensées, & desséche le discours. Bouh.

Choisir & faire choix, ne doivent pas être employés indistinctement comme synonymes. Choisir est relatif aux choses, & se dit ordinairement de celles dont on veut faire usage : faire choix est relatif aux personnes, & se dit proprement de celles qu’on veut élever à quelque emploi ou dignité.

☞ Louis XIV choisit Versailles pour le lieu de sa résidence ordinaire ; & fit choix du Maréchal de Villeroi pour être Gouverneur de son petit-fils Louis XV, M. l’Abbé Girard.

Choisir, marque plus particulièrement la comparaison qu’on fait de tout ce qui se présente, pour connoître ce qui vaut le mieux, & le prendre. Faire choix, marque plus précisément la simple distinction qu’on fait d’un sujet préférablement aux autres. Les Princes ne choisirent pas toujours leurs Ministres. On n’a pas fait choix en tout temps d’un Colbert pour les finances, ni d’un Louvois pour la guerre.

On dit au Palais, qu’une chose a été laissée au choix & option d’une partie, quand on lui a donné la liberté de faire une chose ou une autre. Optio. Le Droit Romain laisse le choix d’un héritier à un testateur.

Choix ☞ Terme de Peinture & de Sculpture. Choix de sujet, choix de composition, choix d’attitude. Sujet d’un beau choix, qui a de justes rapports avec les circonstances, au temps pour lequel il est fait, aux personnes qui l’ont fait faire, & aux lieux où il doit être placé. Composition d’un beau choix, lorsque le Peintre a saisi dans le sujet tout ce qui peut mieux le caractériser. Attitude d’un beau choix, lorsque les figures se présentent sous de beaux aspects.

CHOLAGOGUE. adj. ☞ Terme de Médecine, souvent employé substantivement. Médicament cholagogue. Un cholagogue, c’est un médicament qui purge la bile par en bas. Il y en a de simples & de composés, & les uns & les autres sont de trois sortes, par rapport à leur activité. Il y en a de bénins, de médiocres & de violens. Les bénins sont ceux qui purgent doucement, comme la manne, la casse, les roses, les tamarins, &c. Les médiocres sont, le séné, la rhubarbe, l’aloës, &c. & les violens, le jalap, la scammonée, &c.

Ce mot vient de χολὴ (cholê), bile, & du verbe ἄγειν (agein), amener.

☞ CHOLEDOGRAPHIE. s. f. Partie de la Médecine, qui s’occupe de la description de la bile. χολὴ (cholê), bile, & γραφεὶν (graphein), d’écrire.

☞ CHOLEDOLOGIE. s. f. Prononcez ko. Partie de la Médecine, qui traite de la bile.

CHOLERA MORBUS. Voyez Colera morbus.

☞ CHOLET. Ville & Baronie de France, dans la contrée qu’on nomme la Marche de Poitou, Diocèse de Poitiers, selon les Auteurs du Dictionnaire Géographique de la France, & non pas au Diocèse de la Rochelle, comme le dit Piganiol de la Force, à 12 lieues d’Angers, près de la rivière la Moine, & non pas sur le Mayenne.

CHOLIDOQUE ou CHOLEDOQUE. adj. m. Terme d’Anatomie ; cholidochus. Le canal cholidoque, est un canal qui conduit la bile du foie dans l’intestin duodenum. On a cru qu’il portoit la bile du foie dans la vésicule ; mais comme c’est l’intestin qui enfle, & non pas la vésicule, lorsqu’on souffle