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CHO

nous le savons ; mais un Gentilhomme vouloit épouser une chocolatière, il y a de la folie, ma foi, il y a folie. Mais depuis l’Auteur y a substitué : mais un Gentilhomme se noyer dans une chocolatière. On voit que ce dernier mot est pris ici pour le vaisseau où l’on prépare le chocolat, & plus haut, pour la Vendeuse.

☞ CHOCZIN. Ville de la Moldavie, sur le Niester, aux frontières de Pologne.

CHŒNIX, & au pluriel Chœnices. Mesure grecque. Le chœnix étoit la quarante-huitième partie du Médimne, & valoit trois cotyles.

CHŒRM. s. m. Vieux mot. Porc. On a dit aussi Goerm. Borel veut que ce soit de-là que vient Gorret, du grec χοῖρος (choiros), qui veut dire aussi un Porc.

CHOES ou CHOUS. s. m. Second jour de la fête des Anthestéries, dans laquelle chacun buvoit dans un vase particulier : de χόος (choos), un vase à boire.

CHŒUR. s. m. Prononcez CŒUR. Terme collectif. Troupe de Musiciens qui chantent ensemble. Canentium, cantantium Chorus. La beauté de la Musique consiste à être divisée en récit, & en chœurs. Il y a des musiques à plusieurs chœurs qui se répondent. Après qu’une voix a fait un récit, le chœur répond.

Ce mot vient du grec χορὸς (choros), Chœur. Chorus est formé du celtique Chor ou cor. Pezron.

☞ Il se dit aussi d’un morceau de Musique à plusieurs parties qui est chanté par le Chœur. Il y a deux beaux Chœurs dans cet Opera.

Chœur, dans les Pièces dramatiques des Anciens, se dit d’un certain nombre de gens intéressés à l’action, qui chantoient, soit dans le cours de la Pièce, soit entre les actes, & dont quelques-uns se mêloient dans la Pièce même par des discours liés à l’action, sans pourtant en faire une partie essentielle. Le Chœur paroissoit sur le Théatre après le Prologue, & n’en sortoit qu’à la fin de la Pièce. Il s’attachoit ordinairement à observer le principal personnage de la Pièce, pour le plaindre, le louer, ou le blâmer.

La Tragédie n’étoit, dans son origine, qu’un chœur qui jouoit seul & sans Acteurs : il chantoit des Dithyrambes ; c’étoient des Hymnes à l’honneur de Bacchus. Thespis ajouta un Acteur qui récitoit les aventures de quelqu’homme illustre, pour délasser le chœur. Eschyle trouvant ce personnage trop ennuyeux, en joignit un second, & diminua les chants ou chœurs. On appeloit épisode tout ce qui étoit enfermé entre les quatre chants du chœur, & ces quatre chants faisoient les quatre intervalles ou les intermèdes de la pièce. Mais quand la Tragédie commença à se former, ces récits ou ces épisodes, qui n’étoient que la partie accessoire pour laisser reposer le chœur, devinrent le principal de la Tragédie, & au lieu qu’ils étoient différens, ils ne furent plus tirés que d’un seul sujet. Le chœur se mêloit & s’incorporoit à l’action, dont il n’étoit plus qu’un accessoire pour l’ornement. Quelquefois le chœur parloit, & alors le chef, qu’on appeloit Choryphée, parloit pour toute la Troupe ; & quand il chantoit, tous ceux qui le composoient, chantoient ensemble. Outre les quatre chants qui faisoient la division de la pièce, le chœur accompagnoit quelquefois de ses plaintes les regrets, que faisoient les Acteurs dans le cours des actes ou les accidens funestes qui arrivoient. Mais la fonction la plus propre du chœur, & à laquelle il étoit particulièrement destiné, c’étoit de marquer les intervalles des actes. Pendant que les Acteurs étoient retirés du théatre, le chœur occupoit le spectateur, & les chants rouloient sur ce qui venoit d’arriver ; ils ne devoient contenir que des choses qui convinssent au sujet, & qui y fussent naturellement liées ; en sorte que le chœur concouroit avec les Acteurs à l’avancement de l’action. C’est une faute qu’on a remarquée dans les Pièces d’Euripide, que ces chœurs sont entièrement détachés de l’action, & ne sont point pris du fonds du sujet. Il y avoit même des Poëtes, qui, pour s’épargner la peine de composer des chœurs, & de les accommoder à la pièce, faisoient chanter des chansons insérées, qui n’y avoient nul rapport. Ces chœurs étrangers, empruntés, étoient d’autant plus mal placés, que le chœur étoit censé jouer le rôle d’un Acteur, & qu’il représentoit les spectateurs, mais des spectateurs intéressés à ce qui se passoit ; ensorte même qu’il ne demeuroit pas toujours muet dans le cours des actes. Dans la Tragédie moderne l’on a aboli, l’usage des chœurs : les violons en font la fonction & en remplissent la place. M. Dacier désapprouve fort ce retranchement qui ôte à la Tragédie une partie de son lustre. Il trouve ridicule que l’action tragique soit séparée, & interrompue par des airs de violon, qui n’ont nulle liaison avec ce qui se passe ; & que les Spectateurs, émus par la représentation, demeurent tranquilles, & s’arrêtent au plus fort de la passion, pour s’amuser paisiblement à un divertissement étranger. Le rétablissement du chœur seroit nécessaire, selon M. Dacier, non-seulement pour l’embellissement & la régularité, mais encore, parce que c’étoit une de ses plus utiles fonctions, de redresser & de corriger ce que la passion faisoit dire aux Acteurs de trop emporté, par des réflexions de sagesse & de vertu. Ce qui a fait supprimer le chœur, c’est apparemment que sa présence est incompatible avec certains complots & certaines délibérations secrètes des Acteurs : or il n’est point vraisemblable que ces machinations se fassent devant des spectateurs intéressés à l’action ; & comme le chœur ne sortoit jamais du théatre, il a fallu le bannir, pour donner plus de vraisemblance à ces sortes d’intrigues qui demandent du secret. Voyez la Poëtique d’Aristote. Il y avoit aussi des chœurs dans la vieille & la moyenne Comédie ; mais on les supprima dans la nouvelle, parce qu’ils servoient principalement à reprendre les vices, en attaquant les personnes. Voyez la Poëtique de Scaliger.

La Tragédie informe, & grossière en naissant,
N’étoit qu’un simple chœur. Boil.

Eschille dans les chœurs jeta les personnages. Idem.

Sophocle enfin donnant l’essor à son génie,
Intéressa le chœur dans toute l’action. Idem.

Chœur. (donner le) C’étoit chez les Grecs, acheter la pièce d’un Poëte, & faire les frais pour la représenter. Celui qui faisoit cette dépense, s’appeloit en latin Choragus. A Athènes un Archonte étoit chargé de ce soin-là, comme les Ediles à Rome. Un Magistrat avare refusa le Chœur à Sophocle, & le donna à un mauvais Poëte, dont la Pièce étoit à meilleur marché. Dac. Le Magistrat ne commença que fort tard à donner des Chœurs comiques. Idem. Le Poëte, dont on achetoit la Pièce, étoit dit recevoir les chœurs.

Chœur signifie aussi la principale partie de l’Eglise la plus voisine du grand autel, où sont placés les Prêtres & les Chantres qui chantent ensemble. Le chœur est séparé du sanctuaire, où l’on offre le sacrifice, & de la nef, où est le peuple qui y assiste. Chorus. Les Patrons sont obligés à réparer le chœur des Eglises, & les Paroissiens la nef. Dans les trois premiers siècles, le chœur n’étoit pas séparé de la nef. Cette séparation ne se fit que sous le règne de Constantin, & lorsque l’Eglise se trouva dans le repos & dans la splendeur. Depuis, tous les Peres s’accordent à dire que le chœur étoit fermé de balustres. Il y avoit même des voiles tirés sur les balustres, & on ne les ouvroit qu’après la consécration. Dans le XIIe siècle on commença à fermer le