Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
BRA

rouge, colombin & blanc. Elle est printanière. Morin. Il y a encore la Brantion de Boh. & la Brantion de l’Aubebine. Id.

BRANTOME, ville de France en Périgord, sur la Drome.

BRAQUE, mieux que Brac. s. m. Terme de chasse. Espèce de chien de chasse, ras de poil, bien coupé, bon quêteur, & fin du nez. Indagator canis.

Il vient de braccus, ou de bracco, qui a été fait de l’allemand brachen, signifiant la même chose, ou du grec βραχὺς, brevis. Ménage.

BRAQUE. s. m. Nom d’homme. Brachio. C’est ainsi que l’on nomme à Menat celui qu’ils prennent pour successeur de S. Ménelé, leur premier Abbé, mais qui paroît plutôt être ce célèbre Brachio, dont Grégoire de Tours parle dans son livre de la gloire des Confesseurs. Chastel.

☞ BRAQUEMARDER. v. n. Vieux terme obscène, qu’on trouve souvent dans Rabelais. Faire l’acte conjugal.

BRAQUEMART. s. f. Epée courte & large qu’on portoit anciennement. Fauchet le dérive de βραχυμάχαιρα, mot grec, qui signifie la même chose. Il a quelquefois une signification joyeuse dans le figuré. Gloss. sur Marot.

BRAQUEMENT. s. m. Disposition d’une pièce d’artillerie à tirer vers un certain lieu. Libramentum.

BRAQUER. v. a. Tourner le canon selon certaine ligne, & selon certain angle ou élévation, pour le faire tirer à un point désiré. Bellicum tormentum librare, dirigere. Il vaut mieux dire pointer le canon.

On dit aussi, Braquer le timon d’un carrosse, pour le pousser d’un certain côté : braquer une lunette.

Braqué, ée, part.

BRAQUES. s. m. Qui se dit des pinces d’une écrevisse. Chelæ.

BRAS. s. m. La partie du corps de l’homme qui aboutit d’un côté à l’épaule, & de l’autre à la main. Brachium. En terme d’Anatomie, c’est seulement la partie qui prend de l’épaule jusqu’au coude ; car celle qui est depuis le coude jusqu’au poignet s’appelle avant-bras. Le bras, pris au second sens, n’a qu’un os grand & très-fort appelé humerus, qui a une grosse tête à son extrémité supérieure, laquelle s’embouche dans la cavité de l’épaule. Il a trois éminences & deux cavités à son extrémité inférieure, qui forment comme une poulie, par laquelle le pli, & le mouvement de l’avant-bras qui lui est joint, sont facilités. L’avant-bras est composé de deux os : le plus long, qui est l’inférieur, s’appelle le grand focile, ou l’os du coude, parce que c’est lui qui forme le coude. On l’appelle en latin Cubitus, lacertus. D’autres lui ont donné le nom d’ulna, parce qu’anciennement il servoit d’aune & de mesure. Le second os qui est plus court, & le supérieur, s’appelle le petit focile, & en latin radius, rayon. Dieu a donné deux bras à l’homme, afin qu’il pût vivre de son travail. Moyse avoit les bras levés au ciel, tandis que le peuple combattoit contre Amalec. Les saignées du bras sont les plus ordinaires. Il est estropié d’un bras. Il a le bras en écharpe. Il s’en va les bras balans, ou les bras pendans. Autrefois un cri militaire des François étoit, aux bras, aux bras. Voyez Guil. de Nagis, dans l’Histoire de S. Louis, p. 381.

On dit, en termes de Danse, avoir des bras, c’est les porter, les disposer, les remuer avec grace, les élever, les abaisser à propos. Il faut les faire porter plus haut, si le sujet a la taille courte, & s’il a la taille longue, ils doivent être à la hauteur de la hanche ; mais s’il est proportionné, il les tiendra à la hauteur du creux de l’estomac. Beauchamp est le premier qui en ait donné des régles. Conduire ses bras, c’est les bien manier, les bien mouvoir, les bien poser & avec grace. Si un danseur n’a point les bras doux & gracieux, sa danse ne paroîtra pas animée. L’élévation des bras, les mouvemens des bras, l’opposition des bras aux pieds, la manière de faire les bras dans les différentes danses & avec les différens pas. Voyez sur cela Rameau. Faire des bras en terme de danse, c’est donner du mouvement à ses bras, leur faire prendre différentes situations. Les Demoiselles ne doivent point faire de bras dans le menuet, lorsqu’elles présentent les mains. Rameau.

Ce mot bras vient du latin brachium, qui s’est fait du grec βραχίων. Et le P. Pezron prétend que le mot grec vient du mot celtique brech. Et le bras, dit-il, est ainsi appelé des Gaulois, parce qu’il est rompu au milieu ; au lieu que la jambe est toute d’une pièce. Or toute rupture se nomme bréche, mot que les François ont tiré des Celtes ; car il n’est ni grec, ni latin.

Bras, en termes de manége, c’est la partie de la jambe de devant, qui s’étend depuis le bas de l’épaule jusqu’au genou ; & on dit qu’un cheval plie bien le bras ; quand il plie bien la jambe, quoique la partie appelée bras ne plie pas.

Bras, se dit encore des choses qui ont quelque ressemblance avec les bras, qui ont par leur longueur & leurs fonctions, des rapports quelquefois bien éloignés, avec la forme & les fonctions du bras, dans le corps humain. Les bras d’un fauteuil, ce sont les bâtons, qui sont aux côtés, sur lesquels on appuie ses bras. On le dit aussi de l’étoffe ou de la tapisserie qui les couvre. On appelle bras, les chandeliers qu’on applique contre les murailles, qui ont la figure d’un bras. Le même se dit des enseignes d’un Maître en fait d’armes. Au bras d’Hercule, &c. Les Tourneurs disent aussi, les bras des poupées de leur tour, les Charpentiers les bras d’une chèvre, en parlant des deux pièces qui sont à côté du poinçon & qui lui servent d’arc-boutans. On dit aussi les bras d’une Croix.

On dit, en Architecture, les bras d’un bâtiment, en parlant des corps de logis qui sont à côté du grand : on les appelle aussi ailes, ou potences.

Bras, se dit aussi en parlant des choses qui se portent à bras, ou qui se remuent à force de bras. Un bar, une civière à bras. Un moulin à bras. Il a fallu monter le canon à bras, à force de bras. On appelle aussi des tours de bras, des dentelles qui se mettent au bout des manches.

Bras, se dit au figuré pour la manche qui le couvre. Elle avoit les mains crasseuses & les bras retroussés. Ablanc.

Bras, se dit aussi de la mer, fretum, & des rivières ; ramus, alveus, quand les eaux se séparent, & font un petit canal entre deux terres. L’Italie & la Sicile ne sont divisées que par un bras de mer. Le bras de mer est une partie de mer qui s’avance dans les terres, ou qui est entre deux terres : petit golfe étroit. Sinus, détroit.

Bras d’une rivière, se dit des différens canaux qu’elle forme. Une rivière, un fleuve se partage en plusieurs bras.

On appelle dans la Méditerranée le bras S. George, le détroit du Bosphore, à cause d’une Eglise construite sur ses bords, dédiée à S. George, hors de la ville de Constantinople. Quelques-uns ont donné aussi ce nom à la Propontide & à l’Hellespont. Hellesponius. Du Cange.

Bras, terme d’Horlogerie, pièce qui se met sur le principe du levier, & d’une Bascule. On appelle bras toutes les parties d’une pièce qui a un centre. Bras de levier sont les deux côtés d’une bascule : l’un est ordinairement plus grand que l’autre. Les deux côtés d’un fléau de balance sont appelés bras ; celui d’une équerre s’appelle branche.

On appelle les bras d’une scie, les deux pièces de bois auxquelles la feuille de la scie est attachée.

Bras, en termes de Marine, sont des cordages qui sont amarrés au bout de la vergue pour la tourner, ou gouverner selon le vent. On appelle bracher, ou brasseyer, faire la manœuvre de ces cordages.