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crochets de fer qui le retiennent. Cujus convolutus limbus est. Chêneau à bavette, est celui qui est recouvert par le devant d’une bande de plomb blanchi, pour cacher les crochets. Cujus pars anterior cooperta plumbeâ laminâ est, compluvium laminâ plumbeâ retectum. Chêneau est aussi, dans les grands édifices, une rigole taillée dans la pierre qui fait la corniche, & d’où les eaux coulent dans les gargouilles. On appelle aussi chêneau, un canal de bois qui reçoit les eaux d’un toit, & les jette en bas : & c’est apparemment de là que ce nom est venu d’abord, parce que c’est un chêneau ou petit chêne creusé & taillé en canal. En quelques Provinces, on dit Echeneau, mais mal. Voyez Chaîneau.

CHENER. v. n. Ce mot étoit autrefois en usage ; il signifie, s’ennuyer, dessecher d’ennui. Tædere, tædio affici, confici. Voyez Chemir.

☞ CHENERAILLES. Ville de France, dans la Marche, à quatre lieues de Guéret.

CHENET. s. m. Ustensile servant dans les cheminées pour soutenir le bois à brûler. Fulmentum ferreum quo ligan sustinentur, fulmentum focarium, subices focarii ☞ La partie qui soutient le bois est toujours de fer, & le devant est quelquefois de fer, souvent d’autre métal, de cuivre, d’acier doré, d’argent, &c. Ce mot vient apparemment de ce qu’autrefois leur partie inférieure représentoit un petit chien, comme on en a fait depuis avec des figures de lions, de mufles, de masques, &c. comme qui auroit dit chiennet. Ménage est de cet avis, & n’est pas le seul.

CHENETS. s. m. pl. En termes de mer, ce sont des ustensiles, dont les uns servent à la cuisines, & les autres à l’atelier, pour chauffer les planches ; & par leur moyen les Hollandois donnent le feu aux planches avec une grande facilité.

CHÉNETEAU. s. m. Jeune chêne ou baliveau au dessous de trois piés de tour. Conf. des Ordonn. des Eaux & Forêts.

CHÉNEVIÈRE, autrefois CHANVRIÈRE, lieu semé de chénevis, pour faire venir du chanvre. Solum cannbi, cannabo consitum. Epouventail de chénevière, est un vieux haillon attaché au bout d’une perche, pour épouvanter les oiseaux qui viennent manger les chénevis. Nos chénevières sont bien levées. Il faut cueillir la chénevière, c’est-à-dire, arracher le chanvre qui est dedans. Liger.

☞ On le dit aussi d’une chose dont on veut nous faire peur, & qui n’est propre à épouvanter que les personnes timides.

CHÉNEVIS. s. m. Petite graine qui est la semence de la plante dont on tire le chanvre. Cannabis semen. C’est un grain dont les oiseaux sont friands, & qui sert à nourrir ceux qui sont en cage. Voyez Chanvre.

Le chénevis étoit mis autrefois au nombre des légumes que l’on servoit frites au dessert ; mais à présent ce mauvais ragoût est entiérement banni des tables. Il est mauvais à l’estomac & à la tête ; & il aliéneroit l’esprit à qui en mangeroit beaucoup. L’on en fait de l’huile qui sert aux lampes, & à quelques pauvres gens qui en mangent au potage. De la Mare, Traité de la Pol. Liv. V, T. XV, ch. 3, où il cite Bruyer. Campeg. de re cibar. cap. 13.

CHÉNEVOTTE. s. f. C’est le tuyau de la plante produite par le chénevis, quand il est sec, & quand il a été dépouillé de sa filasse. Calamus cannabinus.

CHÉNEVOTTER. v. n. Terme d’Agriculture. Pousser du bois, & des branches foibles comme des chénevottes. Ramos tenuiores, debiles edere, producere. Les vignes n’ont fait que chenevotter cette année ; c’est-à-dire, n’ont pas poussé comme il faut, n’ont donné du bois que comme des chévenottes, marque d’altération au dedans du sep. Liger.

CHENICE. s. f. Ancienne mesure, qui étoit la huitième partie du boisseau. Elle étoit en usage à Athènes.

CHENIL. s. m. Bâtiment, lieu où on loge des chiens, & particulièrement ceux de chasse. Canum stabulum, canile. On appelle aussi chenil, le lieu où logent les Officiers de la Vénerie, les valets qui servent à la chasse, &c. parce qu’il est près de celui où sont les chiens. On prononce cheni.

On dit figurément d’un logement fort sale & fort vilain, que c’est un vrai chenil. Acad. Fr.

Ce mot vient de canile, qui a été fait de canis. Ménage.

CHENILLE. s. f. Insecte du genre des vers, qui ronge les feuilles des arbres, & qui à la fin se change en papillon, après avoir passé par l’état de chrysalide. Eruca, campe. Voyez M. De Reaumur, Hist. des Insect. Swammerdam dit que la chenille est le ver du papillon de nuit, qui se forme d’un œuf, dont l’écaille paroît comme d’un œuf de poule, & fragile. Le mâle a des aîles, & la femelle n’en a point. On voit sur le corps de la chenille quatre parties blanches tirant sur le jaune, qui ressemblent assez à ces vergettes dont on nettoie les habits ; elle a aux environs de la tête deux espèces de bouquets de plume noire. De chaque côté elle a deux petits avirons dont les filets ressemblent à ceux des plumes. Sa peau est parsemée de petits poils bruns, séparés les uns des autres, entre lesquels on découvre de petite plumes dont les couleurs sont fort agréables. Elle a seize piés, six au devant, huit au milieu, & deux derrière. D’abord elle est enveloppée du tissu qu’elle a filé, & elle s’y repose comme dans un nid, sans qu’il lui reste le moindre mouvement. A force de se tourner dans cette enveloppe, elle se dépouille de tous ses poils, & ce ver perd tout-à-fait son mouvement avant que de quitter sa peau : alors on lui donne le nom de nymphe dorée, chrysalis ou aurelia. Il y en a qui font des trous dans la terre pour s’y cacher ; d’autres filent autour de l’extrémité de leur corps un tissu qui les tient suspendues en l’air, où elles se dépouillent de leur peau. Dans la nymphe dorée, qui est celle du mâle, on découvre les yeux, la petite trompe & les cornes, les jambes & les aîles, & les petits poils dont son corps est couvert. La femelle a une autre nymphe dorée, qui diffère du mâle dans ses cornes, dans ses aîles, & dans la grandeur de son corps. Ensuite elle se change en papillon, dont le mâle a des aîles extrêmement vîtes, des cornes fort belles, & le corps bien fait. Ces parties manquent à la femelle qui a le corps fort gros & mal fait. Elle n’abandonne jamais ses œufs, & les attache toujours au tissu dont elle est revêtue. Fabius Colonna assure que, quand un chenille mange de plusieurs plantes, c’est une marque qu’elles ont la même qualité. Mais il y a des Naturalistes qui disent que chaque plante a sa chenille particulière, à laquelle elle sert d’aliment. Swammerdam en faisoit voir dans son Cabinet, de cinquante-quatre sortes, entre lesquelles il y en avoit de demi-chenilles & de demi-papillons.

Ménage tient que ce mot vient de canicula, à cause de la ressemblance qu’ont certaines chenilles à de petits chiens.

Chenille en bâton. Lorsqu’elle se trouve sur une branche, & qu’elle a cessé de prendre sa nourriture, son corps s’alonge tout entier, & se tenant d’une grande roideur sur les deux jambes de derrière, il forme avec la branche une angle de quarante-cinq degrés ; c’est-à-dire, que l’animal est là droit comme un bâton posé debout sur un plan, & dans une situation oblique ; ce que nos plus habiles Voltigeurs ne pourroient pas exécuter pendant un moment, avec quelque force qu’ils pussent cramponer leurs piés : cependant c’est dans cet état que la chenille se tranquillise. Hist. nat. des Abeilles, T. I, p. 20.

Les chenilles, qu’on appelle chenilles du Pin,