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que c’étoit un bon présage, & elle accoucha d’un fils qu’elle appela Branchus, à cause qu’elle avoit vu en songe que le soleil étoit entré par sa gorce. Ce fils étant devenu beau & bienfait, fut aimé d’Apollon, qui le gratifia de l’art de devier. Après sa mort, il rendit encore des Oracles, qui étoient les plus célèbres, après ceux de Delphes. Mor.

BRAND. s. m. Vieux mot, qui signifie une grosse épée d’acier, qu’on manioit à deux mains, & que les anciens Chevalier portoient autrefois. Acinaces.

Du Cange prétend que ce mot vient de branca, qui a signifié une griffe de lion, ou un ongle d’oiseau ; & qu’on l’a transporté au coutelas, parce qu’il sert au soldat comme de griffe & de défense.

☞ BRANDAM. Ville des Indes, dans l’Île de Java, sur la côte septentrionale.

BRANDE. s. f. Petit arbuste qui croît dans les terres incultes. On appelle aussi de ce nom une Campagne pleine de ces arbustes. Entrer dans une brande.

BRANDEBOURG. Ville d’Allemagne, dans la moyenne Marche de Brandebourg sur le Havel, qui la sépare en deux parties, dont l’une est le vieux Brandebourg, & l’autre le neuf Brandebourg. On prétend que cette ville a été bâtie par Brennus, chef des Gaulois, & que c’est de-là qu’elle a pris son nom Brandeburgum, Brandebourg, qui est la même chose que Brennoburgum, Brennebourg, ou ville de Brennus. D’autres dérivent ce mot de Brandon, Prince des François, & fils de Marcomir, qui selon eux en est le fondateur. Hofman lui donne de longitude 35°. & de latitude 52°. 39’. Cette ville, selon M. de la Hire, a de longitude 31°. 21’, 33”, & de lat. 52°. 16’, 0” Tab. Astr.

Brandebourg. La Marche, ou le Marquisat de Brandebourg, en latin Marchia Brandeburgensis. Province du Cercle de la haute Saxe, en Allemagne, bornée au couchant par le Duché de Lunebourg, au nord par celui de Mecklenbourg, & par la Poméranie ; au levant par la grande Pologne ; & au midi par la Silésie, la Lusace, les Duchés de Saxe & de Magdebourg. C’est Henri l’Oiseleur qui a érigé le Brandebourg en Marquisat, dont les Marquis n’étoient d’abord que des Gouverneurs, qui devinrent ensuite héréditaires. Et c’est l’Empereur Sigismond qui en 1411 ayant vendu le Marquisat de Brandebourg à Fréderic IV, Burgrave de Nuremberg, l’érigea en Electorat en 1415, a lui en donna l’investiture en 1417. L’Electeur de Brandebourg est Archi-chambellan ou grand Chambellan de l’Empire. La Marche de Brandebourg se divise en trois parties, dont nous allons parler.

La vieille Marche de Brandebourg ; c’est la partie occidentale du Marquisat de Brandebourg, appelée autrefois Marche de Soltwedel, parce que Soltwedel en étoit la capitale. La moyenne Marche de Brandebourg, qui est à l’orient de la vieille Marche, & à l’occident de la nouvelle, a pour capitale Berlin, qui l’est aujourd’hui de tout l’Electorat. La nouvelle Marche de Brandebourg en est la partie orientale, & a Custrin pour capitale. Il y a encore la Marche Uckerane de Brandebourg, qui est au nord de la moyenne Marche : Marchia Uckerana Brandeburgica. Elle a été ainsi nommée à cause du grand lac, & de la rivière d’Ucker qui sont au milieu. L’histoire des Marquis de Brandebourg a été écrite en latin par Gaspar Sagittarius, imprimée in-4°. à Iéne en 1684. Imhoff, Notit. Imp. L. II, cap. 8, en traite aussi.

Brandebourg, est aussi une ville bâtie depuis peu par l’Electeur de Brandebourg dans la Prusse Royale. Il y en a encore une autre dans le Cercle de la basse Saxe, qui se nomme le nouveau Brandebourg, ou la nouvelle Brandebourg.

Brandebourg. s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe d’un rouge pâle tirant sur le colombin, & d’un blanc terni. Mor. Cult. des fleurs.

Brandebourg. s. f. Grosse casaque dont la mode nous est venue de Brandebourg. Penula chlamis. Elle va jusqu’à mi-jambe, & a des manches bien plus longues que les bras ; & quand on y veut mettre quelque ornement, elle est chargée de boutons à queue d’espace en espace. Ce nom passa en France en 1674, lorsque l’Electeur de Brandebourg entra en Alsace. Les gens de l’Electeur portoient cette espèce de casaque. Richelet avoit reproché à M. du Périer qu’il étoit fait comme un crieur d’arrêts : cela l’ayant piqué, il se fit faire une Brandebourg. Il trouva le soir un Grivois qui s’approcha tellement sous sa Brandebourg, qu’il s’en trouva revêtu, & le pauvre du Périer reste en juste-au-corps. Ménage.

Brandebourg, en fait de modes. s. m. C’est le nom qu’on donne aux agrémens de galons d’or ou d’argent, & même de soie, qu’on applique en forme de boutonnières sur les habits. Les Brandebourgs sont quelquefois d’un galon simple, mais plus souvent d’un galon doublé qui forme la boutonnière. On en a fait aussi à queue & sans queue.

BRANDEBOURGEOIS, OISE, s. m. & f. Qui est du Marquisat de Brandebourg. Brandeburgis.

BRANDEIS. Brandisium, petite ville de la Bohême propre, avec une Citadelle, sur l’Elbe.

BRANDERIE. s. f. On nomme ainsi en Hollande, & particulièrement à Amsterdam, les lieux où l’on fait les eaux-de-vie de grain.

BRANDEVIN. s. m. C’est le nom que le peuple donne à l’eau-de-vie. Vinum igne vaporatum & stillatum. Les artisans & journaliers commencent ordinairement leur journée par boire du brandevin. Quand les maîtres, principalement les Officiers militaires, font quelques libéralités de peu de conséquence à des soldats ou domestiques, il disent que c’est pour boire le brandevin.

Ce mot vient du Flamand Brandewyn, qui signifie vin brûlé.

BRANDEVINIER, NIÉRE. s. m. & f. Celui ou celle qui vend & qui cire du brandevin en détail dans un camp ou dans une garnison. Ce terme est plus usité à l’armée qu’ailleurs ; car ces sortes de gens n’y ont point d’autre nom.

Ce mot se dit & pour celui qui fait le brandevin, & pour celui qui le vend, soit dans la boutique, soit par les rues. Cabaret de brandevinier.

BRANDEUM. s. m. Ce nom est purement latin. M. l’Abbé Fleury s’en est servi dans son Hist. Eccl. Liv. XXXV, pag. 93. C’est ainsi qu’on nommoit dans la basse latinité les linges qui avoient été mis auprès des sépulchres des Apôtres Saint Pierre & S. Paul, & qui y étoient restés quelque tems. L’ignorance des derniers siècles les a fait prendre pour des corporaux. On le regardoit & on les honoroit comme des reliques, & on leur donnoit ce nom.

BRANDILLEMENT. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey pour agitation. Mouvement que se donne celui qui se brandille. Agitatio, jactatio.

BRANDILLER. v. a. Mouvoir deçà & de-là. Movere, jactare. Brandiller les jambes. Se brandiller, s’agiter en l’air sur une planche, sur une corde. Agitare se ; jactare se fune ex arbore suspenso. Les enfans prennent plaisier à se brandiller. Les Danseurs de corde se brandillent quelque temps, avant que de se donner l’estrapade, & de faire leurs autres tours de souplesse.

BRANDILLOIRE. s. f. Quelques-uns disent mal BRANDILLOIR. s. m. Planche, cordes ou branches entrelacées, ou autre chose semblable, qui sert à se brandiller. Funis aut ramus arboris qui se quis jactat. La brandilloire est un jeu usité au Tunquin. Le P. Marini en a fait la description dans sa Relation du Tunquin. Son Traducteur a dit quelque part brandillon pour brandilloire, mais on n’a trouvé ce mot que dans cet Auteur.

BRANDIR. vieux v. a. Branler, secouer une arme à la main qui a quelque longueur, comme hallebarde, pique, épieu, comme si on se préparoit à frapper de la pointe. Quassare, succutere, vibrare. Il brandit un long bâton. S. Amand. Brandissant une grosse hallebarde. Celui-ci tenoit une épée de la main