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n’en portoient jamais, qu’elles ne fussent accordées. Elles se seroient fait tort d’en porter auparavant. Thomas Bartholin a fait un Traité des bracelets des Anciens ; De armillis Veterum.

Ménage dérive ce mot de braciletum, diminutif de bracile, qu’il trouve écrit dès le temps de Justinien. Bracile, dans la vie de S. Germain qui est à la fin du VIIe siècle signifie Cingulum ; & quoique Bollandus, Act. Sanc. Febr. T. III. p. 266, croie que bracile ait signifié le lien dont on attachoir les braies, & qu’il soit formé de bracæ, ou bien qu’il fut pris pour la courroie dont on attachoit la chaussure ; il peut cependant, aussi-bien que le diminutif, avoit été ensuite appliqué à d’autres choses. Voy. encore sur ce mot Hafetnus, Disquisit. Monastic. L. V. Tract. IV. disq. 4.

Du Cange dérive ce mot de brachiala, qui étoit un ornement que les hommes, aussi-bien que les femmes, portoient au bout de leurs manches ; & dit que c’est, ce qu’en termes de Blason, on a appelé dextrochères. Tout ces mots viennent de brachium, le bras ; parce que c’est un ornement du bras. Les Grecs ont fait aussi Βραχιόνον, pour dire la même chose de Βραχίων, le bras.

Bracelet. Terme d’Anatomie. Ligament du poignet. Armilla. C’est ce ligament circulaire, qui embrasse, en formant un cercle dans la région du carpe, toute la multitude des tendons qui servent à la main. Comme il est assez facile de le diviser en plusieurs autres, il y a des Auteurs qui le distribuent en deux, l’un qui environne le dedans du carpe, qui est fort large, & qui rapproche tous les tendons des muscles fléchisseurs ; l’autre qui est placé sur la partie supérieure du carpe, & qu’on divise en six autres plus petits, attachés les uns aux autres, & entortillés autour des muscles extenseurs, sur lesquels ils sont arrangés, comme autant de bagues. Dict. de James.

Bracelet. C’est aussi un instrument de cuir rembourré d’étoffe, dont se servent les Doreurs sur métal, pour se couvrir le bras gauche au-dessus du poignet, pour éviter de se blesser, lorsque pour polir leurs ouvrages, ils s’appuient fortement sur l’étau. Cet instrument sert encore à plusieurs autres ouvriers.

Bracelet, se dit d’un instrument de fer maillé & hérissé de pointes, que des personnes mortifiées se mettent autour du bras.

On dit que les passemens sont mis en bracelet quand ils sont disposés en rond sur les manches. Les Pages de la grande Ecurie du Roi ont leurs passemens en bracelets : ceux de la petite Ecurie les ont en quille, ou en large.

BRACHER. s. m. Braconarius. Voyez Braconier.

Bracher, ou Brasseyer, v. n. en termes de Marine, est faire la manœuvre des cordages pour tendre ou détendre les branles.

BRACHET. s. m. Vieux mot, sorte de chien de chasse. Indagator canis. Borel dit qu’on l’a appelé ainsi à cause qu’il a les pieds courts. C’est apparemment la même chose que Braque.

On a dit aussi autrefois brachet pour bracelet.

BRACHIAL, ALE. adj. m. & f. Terme d’Anatomie, qui se dit en général des différentes parties qui composent le bras. Mais on donne particulièrement ce nom à l’artère placée le long de l’humerus, & aux deux muscles de l’os du coude. Brachialis. Il y a le brachial externe, & le brachial interne. Le brachial interne est ainsi nommé, parce qu’il occupe la partie interne du bras ; il est caché sous le biceps, & prend son origine de la partie antérieure & supérieure de l’humerus, & va s’insérer à la partie supérieure & interne du cubitus, pour fléchir l’avant-bras conjointement avec le biceps. Le brachial externe, ainsi nommé, parce qu’il occupe la partie extérieure du bras, est une masse de chair qui prend son origine de la partie postérieure de l’humerus, & va s’insérer à l’olocrane par une forte aponeurose qui lui est commune avec deux autres. Dionis. Voy. aussi Tauvry, P. II, C, 18. L’artère axillaire passe imméditament au-devent du tendon du grand pectoral. Là on en change le nom, & on lui donne celui d’artère brachiale. Elle descend le long de la partie interne du bras sous le muscle coracobrachial, & l’ancone interne, le long du bord interne du biceps, derrière la veine basilique, donnant de petits rameaux de côté & d’autre aux muscles voisins, au périoste & à l’os. Winslow.

Les nerfs brachiaux en général sont au nombre de six cordons à chaque côté. L’an 1697. M. Duvernei en caractérisa cinq par ces noms, le musculo-cutané, ou cutané externe, le médian, le cubital, le cutané interne & le radial, prenant pour une branche du radial celui que je regarde comme un cordon principale, & que j’appelle axilaire ou articulaire. Winslow.

BRACHIO. On a ainsi appelé le petit d’un Ours.

BRACHITE. s. m. & f. Brachites. Nom de Secte. Les Brachites étoient Sectateurs de Manès, & une branche des Gnostiques. Ils troublerent toute l’Eglise dans le troisième siècle.

BRACHMANES. s. m. Ce sont les Philosophes ou Sages des Indiens. Ils se sont rendus célebres dans l’antiquité par leur genre de vie tout-à-fait austère. Il y en a encore aujourd’hui dans les Indes qui portent le même nom, & qui vivent de la même manière que ces anciens. Les Portugais les nomment Brames, qui est le nom ancien des Prêtres Indiens. D’autres les appellent Bramines ; c’est ainsi que l’écrit toujours l’Auteur de l’Ambass. de Holl. au Japon. Plusieurs croient qu’ils ont pris ce nom du Patriarche Abraham, qu’il appeloient en leur langage Brachma, ou plutôt ils l’ont pris de leur Dieu Brahma, que quelques-uns croient être Abraham. C’est pourquoi Postel leur donne le nom d’Abrachmanes.

Le P. Thomassin, qui rappelle l’origine de tous les morts à la langue hébraïque, croit que le nom Brachmanes vient de l’hébreu barach, fugit, aufugit, fuir, s’enfuir, parce que les Brachmanes se retirent à la campagne, & vivent dans les déserts. On peut aussi, suivant le même Auteur, dériver le nom des Brachmanes d’un autre mot hébreu ; c’est barac, benedicere, orare, prier, bénir ; parce que c’étoit là l’occupation des Brachmanes, qu’ils avoient apprise de Noé, de qui ils descendoient.

Les Brachmanes vivent d’herbes, de légumes & de fruits, s’abstenant de toutes sortes d’animaux ; ils n’en peuvent même toucher aucun sans se rendre immondes, & ils regardent cela comme une grande impiété. Ils passent la plus grande partie du jour & de la nuit à chanter des Hymnes en l’honneur de la Divinité, ils prient & jeûnent continuellement. La plûpart d’entr’eux vivent seuls & dans la solitude, n’étant point mariés, & ne possédant aucun biens. Il n’y a rien qu’ils souhaitent tant que la mort, & ils considèrent cette vie comme une chose onéreuse, attendant avec impatience que leur ame se sépare de leur corps. C’est la description que Porphyre fait des anciens Brachmanes dans son livre De abstinentia animalium. Les Brachmanes tiennent les opinions de Pythagore, dit le P. Kirker, & ménent la vie qu’il menoit, comme il paroît par Maffée & par les autres histoires des Indes ; ou plutôt Pythagore avoit pris des Brachmanes ses opinions & sa maniere de vivre. Les Grecs leur donnerent le nom de Gymnosophistes. Les Indiens disent que les Brachmanes tirent leur origine du fameux Philosophe Xaca. Voyez leurs mœurs, leurs sectes, leurs opinions, &c dans le P. Kirker, China ill. P. III, c. 4, 5, 6, 7, où sont les figures de leurs lettres. Voyez aussi le même Auteur, Œd. Æg. T. III, p. 21, & suiv.

Les Brachmanes sont parmi les Indiens des gens considérables & pour leur naissance & pour leur emploi. Selon les anciennes fables des Indes, leur origine est céleste, & c’est un sentiment commun qu’ils ont encore dans les veines le sang des Dieux dont on les croit descendus. Bouh. Vie de Xav. L. II, le Dieu Brama, disent-ils, pour avoir