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CHA

reins. Ce qu’elle a de plus particulier, c’est qu’on prétend que si on use de cette semence, la pierre diminue dans la vessie, lorsqu’elle est encore molle ; & qu’elle peut être diminuée par quelque médicament.

CHACRIL. s. m. Arbre de l’Amérique, que quelques Auteurs ont donné pour une septième espèce de Quinquina, & dont l’écorce a en effet plusieurs propriétés semblables à celles de ce fébrifuge. Hist. de l’Acad. des Sc. 1742, p. 168. voyez Cascarille.

CHACUN, CHACUNE. Pronom distributif. ☞ sans pluriel, qui sert à déterminer les personnes ou les choses. Chaque personne, chaque chose. Quisquis, quæque. Chacun juge comme il lui plaît. La justice est une volonté ferme & constante de rendre à chacun ce qui lui appartient. Par la loi de la nature, chacun est indépendant, & maître absolu de soi-même. On ne se pousse, & on ne s’agrandit dans le monde que pour augmenter l’idée que chacun se forme de soi-même dans son propre esprit. Nic. Il y avoit plusieurs Dames, & chacune avoit sa parure.

☞ On le dit quelquefois collectivement. Chacun en raisonne, en cause. Chacun vous blâme, pour dire tout le monde.

Chacun est suivi de son, sa, ses, quand il n’y a point de pluriel dont il doive faire la distribution. Dieu récompensera chacun selon ses œuvres. Maintenir chacun dans ses droits.

☞ Quand il y a un pluriel, dont chacun doit faire la distribution, on met leur, ou son, sa, ses, suivant la place qu’occupe chacun avant ou après le régime du verbe. Dans le premier cas où chacun précède le régime du verbe, on dit, ils payèrent chacun leur écot. Dans le second, où il est placé après le régime on dit, les hommes ont des passions différentes, & ils voient les objets chacun selon sa passion.

☞ Quand le verbe n’a point de régime on emploie indifféremment leur ou son, sa, ses. Ils vinrent chacun avec leurs gens, ou avec ses gens.

☞ Les Vocabulistes avertissent qu’on ne dit point un chacun, & ils ont raison : mais ils ajoutent que cette locution est autorisée par le Dict. de Trévoux, & cela n’est pas vrai. Il y avoit dans la dernière édition un chacun, tout chacun, cette expression est basse. On apportoit ces deux vers de Marot.

Sous ce tombeau gît Françoise de Foix,
De qui tout bien tout chacun souloit dire.

☞ De bonne foi, dire qu’une locution est basse, est-ce l’autoriser ? il faudroit être censeur plus équitable.

Ménage dérive ce mot de quisque unus, & écrit chasqu’un.

On dit proverbialement, à chacun le sien n’est pas trop ; pour dire, qu’il est juste qu’on rende à chacun ce qui lui appartient.

Chacun (un) Pronom. Unusquisque. voyez Chacun.

CHACUNIÈRE. s. f. Vieux mot qui signifie, maison, logis, lieu particulier de chacun. Mon père faisoit insérer dans le registre des négoces de son ménage, toutes les survénances de quelque remarque, & jour par jour les mémoires de l’histoire de sa maison très-plaisante à voir, quand le temps commence à en effacer la souvenance, & très-à-propos pour nous ôter souvent de peine… usage ancien que je trouve bon à rafraîchir chacun en sa chacunière, & me trouve un sot d’y avoir failly. Montaigne. En sa chacunière, c’est-à-dire, chez soi. Ainsi chacun s’en va en sa chacunière, dit Rabelais.

CHADEC. s. m. C’est une des quatre sortes d’oranges qui se trouvent dans les Îles Françoises de l’Amérique. C’est une espèce de gros limon, dont la fleur est bien nourrie & fort odorante. On met des fleurs de chadec dans la citronelle ou eau des Barbades, pour la rendre plus agréable. Hist. nat. du cacao & du sucre.

☞ CHADET. Terme de Conchyliologie. Coquillage d’un brun violet, du genre des buccins. Il se trouve à la Jamaïque, dans l’Île des Barbades, & en Afrique vers le Sénegal.

CHADOUIN. s. m. Nom d’homme. Haduinus, Chadoënus, Chaduindus, Harduinus, Hadwimus, Clodoënus. S. Chadoin, que plusieurs appellent S. Hardouin & d’autres S. Audouin, vint, selon quelques Auteurs, d’Irlande en France au VIIe siècle, & fut élû Evêque du Mans en 623.

CHAER, v. n. Vieux mot. Tomber. On a dit aussi chaoir & chair.

CHAFAUDIER. s. m. On nomme ainsi sur les vaisseaux bretons qui vont à la pêche de la morue & qui la font sécher, ceux de l’équipage qui dressent les échafauds sur lesquels on met sécher le poisson.

CHAFÉ ou CHAFFÉ. s. f. Terme d’Amidonnier. Ceux qui font l’amidon avec du froment en grain, appellent la chaffe, l’écorce ou son du grain qui reste dans leurs sacs, lorsqu’avec de l’eau ils en ont exprimé toute la fleur du froment.

CHAFERCONNÉES. s. f. pl. Toiles peintes qui se fabriquent dans les Etats du Grand Mogol. On les tire par Surate. Elles sont défendues en France.

CHAFFOURER. v. a. Vieux mot. Défigurer, barbouiller, grifonner. Corgrave & M. le Duchat, note 9, sur le troisième chap. du premier livre de Rabelais. Le Roi Henri III étant peint à genoux priant Dieu auprès de la Reine sa femme, au cloître des Jacobins, ils lui barbouillèrent & chaffourèrent tout le visage… Journal du règne de Henri III sur le mois de Juin 1589. C’est, disoit Roger, ce méchant diable aux enfers qui nous avoit ainsi chaffourés. Qu’au diable soit donné le vilain. Nouvelles des régions de la Lune, p. 271 du pr. tome de la Sat. Men. in-8o.

☞ CHAFFOUREUR. s. m. Dans Rabelais, griffonneur. Chaffoureur de parchemin, qui remplit le parchemin.

CHAFFRE. s. m. Nom d’homme. Thofredus, Thietfridus. S. Chaffre, fils de Leufroy, Gouverneur d’Orange, & neveu d’Eude, premier Abbé de Cormery en Vélay, se fit Moine dans ce Monastère, dont il fut Abbé après Eude son oncle, & dans lequel il mourut en 728 des blessures qu’il reçut des Sarrasins, qui y firent une course.

Le Monstier S. Chaffre, c’est ce Monastère de Cormery en Vélai, qui fut fondé depuis par Louis le Débonnaire, & qui prit le nom de S. Chaffre son second Abbé.

Ce nom s’est formé du latin Theofredus par corruption. Quelques-uns disent Thifroy & Théofroy. Baillet.

CHAFOUIN. adj. injurieux. Qui est maigre, ou de mauvaise mine. Qui specie, formâ est mâcilentâ aut parum liberali, macer, macilentus. Il ne se dit guère que du visage & de la taille. On dit aussi mine chafouine, air chafouin. Il est du style familier.

Chafouin, se prend aussi quelquefois substantivement. C’est un petit chafouin. C’est une petite chafouine.

☞ CHAGNY. Petite ville de France en Bourgogne, sur une petite rivière à trois lieues de Châlons, & à deux de Beaune.

CHAGRES. Port de l’Isthme de l’Amérique, sur la côte de la mer du nord, & à une journée de Porto-Bello, du côté de Panama. C’est dans cet endroit que la fameuse rivière de Chagres se communique à la mer du nord. Le fort est baigné par la mer, la garnison est considérable. Il y a beaucoup de Caïmans dans la rivière de Chabres aussi-bien qu’à la côte de S. Domingue. Elle a des courans rapides. C’est par cette rivière que l’on transporte à Porto-Bello tous les millions qui viennent de Terre-ferme. Le Pilote nous dit que depuis Chagres où est son embouchure jusqu’à Creuse il y a 18 lieues, mais par la mesure que nous en avons faite, nous n’en trouvons que 14. Il se trompe de beaucoup, parce que nous prenons la lieue marine de 20 au degré, & lui une lieue commune de 25 au degré. La rivière de Chagres est bordée d’arbres fort hauts & toufus, qui donnent de l’ombre, de sorte que l’on fait les trois quarts du chemin à couvert du Soleil. Il y a une infinité d’espèces d’animaux, de tigres,