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CER — CES

Je ne puis arracher du creux de ma cervelle
Que des vers plus forcés que ceux de la Pucelle. Boil.

Cervelle de Palmier. est ainsi qu’on appelle une espèce de moëlle douce qu’on trouve au haut du palmier, qui est bonne à manger. Manger de la cervelle du palmier. Ablanc.

On dit proverbialement qu’on a mis quelqu’un en cervelle, qu’on le tient en cervelle, pour dire qu’on l’a mis en peine, en inquiétude, quand on lui fait espérer quelque chose dont il attend le succès. On appelle aussi un homme qui a une mauvaise mémoire, cervelle de lièvre, qui le perd en courant.

☞ CERVERA. Petite ville d’Espagne, capitale de la Viguerie de Cervera en Catalogne, sur une rivière qui porte le même nom, qui le perd dans la Sègre au-dessous de Lerida.

CERVICAL, ALE. adj. Terme d’Anatomie, qui se dit de ce qui appartient au cou. La première paire des nerfs cervicaux, ou la première paire cervicale passe entre la première & la seconde vertèbre du cou. Elle est plus postérieure ou en arrière que les autres nerfs cervicaux, & ses ganglions sont plus gros que les leurs. Winslow. La seconde paire des nerfs cervicaux, ou la seconde paire cervicale, passe entre la seconde & la troisième vertèbre du cou. Id. La 3e paire des nerfs cervicaux ou 3e paire cervicale ou vertébrale passe entre la 3e & la 4e vertèbre du cou. Id. Les quatre dernières paires des nerfs cervicaux ou les quatre dernières paires cervicales passent entre les portions du muscle scalène. Elles sont en général plus grosses que les premières. Id. La veine cervicale. Id. Les nerfs cervicaux, les paquets cervicaux. Id. Les glandes cervicales. Id. Les Médecins appellent cervicales deux artères qui montent par le cou au cerveau, & qui sont des rameaux des artères souclavières. Cervicalis. Il y a aussi deux veines cervicales qui reportent le sang du cerveau, & qui vont s’insérer dans les veines souclavières.

Ce mot vient de cervix, mot latin qui signifie le derrière du cou.

CERVIER, loup-cervier. s. m. Animal sauvage qui tient du chat & du léopard, qui a de la vitesse, & qui est ennemi du cerf. Voyez Loup.

☞ CERVIX. f. m. Terme d’Anatomie, purement latin, qui signifie la partie postérieure du cou. Il n’y a point de mot françois qui lui réponde parfaitement.

☞ CÉRUMEN. s. m. Terme de Chirurgie emprunté du latin. Matière jaunâtre & épaisse qui se trouve dans l’oreille qu’on appelle ordinairement cire des oreilles. Voyez ce mot.

☞ CÉRUMINEUX, EUSE. adj. Qui appartient à la cire des oreilles. Les glandes cérumineuses. L’humeur cérumineuse des oreilles.

☞ CERVOISE. s. f. Boisson faite avec du bled ou de l’orge & du houblon. C’est une espèce de bière. Voyez ce mot qui est plus usité. Cervoise ne se dit qu’en parlant de la boisson des anciens. Cervisia ou cerevisia.

CERVOISIE. s. f. se trouve dans une fable de La Fontaine pour cervoise, bière. Cervoisie engraissante.

CERVOISIER ou CERVISIER. s. m. Celui qui fait & qui vend de la cervoise. C’est ce qu’on nomme un Brasseur. Cervisiarius ou Cerevisiarius.

☞ CERUS. Cærus, a été appelé par les Grecs le Dieu du temps favotable, opportuni temporis Numen, & par les Latins Occasion. Occasio. Les Eléens lui avoient consacré un autel. Callistrate avoit représenté ce Dieu sous la figure d’un beau jeune homme, ayant des cheveux épars et flottans au gré du vent, tenant un rasoir en main. Phèdre, dans ses fables ingénieuses, nous le dépeint sous la figure d’un homme qui a des aîles, qui n’a des cheveux que par devant, & est chauve par derrière, qu’on ne peut rattrapper, lorsqu’une fois on l’a laissé échapper, parce qu’il va si vîte, qu’il pourroit marcher sur le tranchant d’un rasoir, sans se blesser. Antiq. Grecq. & Rom.

CÉRUSE. s. f. Blanc de plomb. Cerussa. C’est ainsi que la nomment les Chimistes. Elle se fait de lames de plomb fort déliées, auxquelles on fait recevoir la vapeur du vinaigre, qu’on a mis dans quelque vaisseau sur un feu modéré. Ces lames se convertissent par ce moyen en une rouillure blanche, qu’on ramasse, & dont on forme de petits pains. Cardan enseigne le moyen de faire de l’étain & de la céruse. C’est de celle-ci principalement que les femmes se servent pour se farder ; mais elle gâte l’haleine & les dents, fait des rides, & apporte plusieurs autres incommodités, étant une espèce de poison, quand elle est prise intérieurement ; mais c’est un médicament quand on l’applique extérieurement dans plusieurs onguens, emplâtre & autres préparations.

☞ La céruse broyée & préparée est ce qu’on appelle en peinture blanc de plomb. C’est le seul blanc qu’on puisse employer à l’huile ; mais ceux qui préparent cette matière doivent être sur leurs gardes pour se garantir de la colique des Peintres, souvent occasionnée par le plomb & par toutes les préparations du plomb.

Ce mot vient du grec κερὸς, cire. La céruse ressemble beaucoup à la cire. En latin cerussa, en grec ψιμμύθιον.

Il y a une céruse minérale, dont parle Falloppe ; mais tous les autres la tiennent factice.

Céruse, se dit figurément pour faux-brillant, à cause du mauvais usage que les femmes en font quelquefois. Tu n’éblouis pas tes lecteurs avec la céruse & le plâtre. Main. Mauvais jargon,

CES.

CÉSAIRE. s. m. Nom d’homme. Cæsarius. Il y a plusieurs saints Césaires. S. Césaire Diacre & Martyr à Terracine dans le premier siècle de l’Eglise ; S. Césaire frère de S. Grégoire de Nazianze dans le IVe. Il y a une lettre de S. Jean Chrysostome au Moine Césaire, où la comparaison qu’il fait du mystère de l’Incarnation avec celui de l’Eucharistie, n’a rien que de très-conforme à la foi de l’Eglise, comme on l’a montré.

Césaire. s. f. Nom. de femme, Cæsaria. Sainte Césaire étoit sœur de saint Césaire, Archevêque d’Arles.

La règle de S. Césaire est une règle que saint Césaire, Archevêque d’Arles, fit pour des Religieuses auxquelles il bâtit un Monastère à Arles vers l’an 506. Cette règle fut aussi observée dans le Monastère de sainte Croix de Poitiers, lorsque sainte Radégonde eut fait bâtir ce Monastère en 544. Il y a eu aussi une règle de saint Césaire pour les hommes, que l’Abbé Tedvale reçut de lui, & qu’il donna par son ordre à plusieurs Monastères. C’est, à peu de choses près, la même que celle des Religieuses. P. Héliot. T. V, c. 4.

CÉSAR. s. m. C’est un nom propre de famille Romaine, qui a établi l’Empire Romain. Cæsar. Jules César. Auguste César. Les douze Césars, ou les douze premiers Empereurs. Il est venu en usage dans la langue en ces phrases proverbiales : Il est brave comme un César. Il faut rendre à César ce qui appartient à César ; pour dire, il faut rendre à chacun le sien. Le P. Bouhours dit que cette phrase est un barbarisme autorisé par la tyrannie de l’usage.

☞ César, dit Ménage, au singulier ne signifie point Empereur : & il est bien probable que celui qui a traduit le premier ce passage, reddite quæ sunt Cæsaris, Cæsari, n’entendoit pas trop le françois. Il est du moins évident que ce premier traducteur a fait deux fautes dans un seul mot : l’une disant César pour Empereur ; l’autre disant à César. Car supposant que César signifie là Empereur, c’est un nom appellatif, qui demande un article ; & il faudroit dire rendez au César, ce qui est au César, comme nous dirions rendez au roi ce qui est au Roi, à César est aussi irrégulier, que le seroit à Roi, à Empereur. S’il s’agissoit de Jules César, comme César est un nom propre, qui se met sans article, à César seroit régulier : mais il s’agit de