Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
378
CER

CERFOUETTE. Voyez Serfouette.

CERFOUIR. Voyez Serfouir.

CERFROI. Célèbre Monastère du Diocèse de Meaux chef de tout l’Ordre des Mathurins, ou de la Sainte-Trinité. On l’a mal appelé en latin Cervus frigidus, ce doit être Cerfredum. Voyez Dom Duplessis Hist. de l’Egl. de Meaux, Tom. I, p. 172 & 131.

CERIACA. s. m. Arbre qui fleurit blanc, & qui porte des fleurs qui ont de l’air de la feuille appelée étoile.

CERIGO. Île de la Méditerranée sur la côte de la Morée, & dans le canal qui est entre cette presqu’île & l’île de Candie, au midi du cap Malio. Cythera. Nous cinglames avec un vent assez favorable jusques à la première Ile de l’Archipélague, appelée autrefois Porphyris, depuis Cythère, & maintenant Cerigo, où, selon les Poëtes, Vénus aborda dans une coquille. Du Loir, p. 3. Cette île est située à la plage Laconique entre le promontoire Tænarlum, maintenant appelé cap de Matapan, & celui de Malea, à présent Malio, dont elle est plus proche. Elle n’est pas fort grande ; mais elle étoit autrefois d’une si grande importance pour les Lacédémoniens, qu’elle servoit de rempart à leur ville capitale, & de havre à tous les vaisseaux qui revenoient d’Egypte & de Libye. Ils y envoyoient tous les ans un Magistrat, pour rendre la justice & pour commander la garnison qu’ils y entretenoient. Les Athéniens s’en rendirent maîtres, & la firent tributaire l’an 8e de la guerre Péloponnésiaque. Idem. p. 3 & 4. Elle étoit aux Vénitiens quand Du Loir écrivoit ; elle est maintenant aux Turcs. Il n’y a rien de rare en tout ce qu’elle contient, qu’une grotte prise dans la montagne, qui regarde le port de l’autre côté du Château ; elle a plus d’une demi-lieue de profondeur, & est percée d’un bout à l’autre. Les habitans y ont bâti un Couvent de Caloyers, parce qu’ils croient que Saint Jean l’Evangeliste l’ayant choisi pour sa retraite, y commença son Apocalypse, & que Dieu, pour survenir à la nécessité de ce grand Apôtre, fit miraculeusement dégoutter du haut du rocher, de l’eau, qui tombe encore tous les jours en quantité suffisante à la soif de l’homme. Du Loir, p. 4 & 5.

☞ CERILLI. Petite ville de France, Diocèse de Bourges, à deux lieues de Bourbon l’Archambault.

CERIN. Voyez Serin.

CERIN. s. m. Nom d’homme. Quirinus. S. Quirin, que nous nommons S. Cerin, fut compagnon du martyre des Saints Nicaise & Pientie. C’est dans le Vexin François qu’ils soufrirent au IIIe ou IVe siècle.

CÉRINTHIENS. Anciens Hérétiques qui ont pris leur nom de Cérinthe, contemporain de S. Jean. Cérinthe fut un zélé défenseur de la Circoncision, aussi-bien que les Nazaréens & les Ebionites. Saint Epiphane rapporte de lui qu’il fut le chef d’une faction qui s’éleva à Jérusalem contre Saint Pierre, à l’occasion de quelques Incirconcis avec lesquels cet Apôtre avoit mangé. Il est marqué dans l’Histoire des Actes, que les fidèles circoncis disputoient sur ce sujet contre lui ; à quoi Saint Epiphane a ajoûté que Cérinthe fut l’Auteur de cette dispute, lorsqu’il étoit encore du nombre des fidèles. Il croyoit que Jésus étoit un pur homme, fils de Joseph & de Marie ; mais que dans son Baptême une vertu céleste descendit sur lui sous la forme d’une colombe, ensorte qu’il fut alors comme sacré par le Saint Esprit & fait Christ. Ce fut par le moyen de cette vertu céleste qu’il fit tant de miracles ; & comme elle étoit venue du Ciel, elle le quitta après sa passion & s’en retourna au lieu d’où elle étoit venue. Il croyoit donc que Jésus, qui étoit un pur homme, étoit véritablement mort, & qu’il étoit aussi ressuscité ; mais que Christ, qui étoit distingué de Jésus, n’avoit point souffert.

Quelques anciens Auteurs ont attribue à Cérinthe le livre de l’Apocalypse, croyant que, pour autoriser les rêveries touchant le regne charnel de Jésus-Christ sur la terre, il avoit publié des ouvrages sous le titre d’Apocalypses, où il débitoit ses visions touchant ce regne charnel, & il prétendoit être un grand Apôtre, qui avoit reçu de Dieu ces révélations. Voyez Eusebe, Liv. III de son Hist. Ecclesiast, c. 28. S. Epiphane traite Cérinthe d’homme sans entendement, & qui se contredit ; parce qu’il dit que Jésus-Christ a véritablement souffert, & qu’il a été crucifié, mais qu’il ne ressuscitera qu’au temps de la résurrection générale, lorsque tous les hommes ressusciteront. Le même S. Epiphane observe que quand un Cérinthien mouroit sans avoir été baptisé, on baptisoit quelqu’un en son nom ; ils croyoient satistaire par-là au précepte du baptême. C’est le sens qu’ils donnoient à ces paroles de Saint Paul dans sa première Epitre aux Corinthiens, c. 15, v. 29. Si les morts ne ressuscitent point, pourquoi donne-t-on le baptême pour eux.

Les Cérinthiens recevoient l’Evangile de Saint Matthieu, mais ils en avoient ôté la généalogie de Jésus-Christ : ils s’appuyoient sur cet Evangile pour prouver que les Chrétiens devoient être circoncis, puisque Jésus-Christ, qui étoit leur maître, avoit été circoncis ; ils ne recevoient point les Epitres de Saint Paul, parce que cet Apôtre avoit aboli la circoncision. Consultez Saint Epiphane, hær. 18.

CERISAIE. s. f. Lieu planté de cerisiers. Locus cerasis consitus. J’ai une belle cerisaie. Voilà une cerisaie bien étendue. Liger.

CERISE. s. f. Petit fruit rouge qui mûrit des premiers au printemps. Cerasum. Sous ce nom général on comprend les guignes, les bigarreaux, les cerises, les griottes les guindous, les cœurets & les merises. Les griottes du Dauphiné & de l’Italie sont la même chose que ce qu’on appelle en France cerise. La guigne est une grosse cerise noire, douce, dont le noyau est rouge. Son arbre a le bois plus gros, & sa feuille plus large & plus brune que les autres. Il y a des guignes blanches, rouges & noires, qu’on grèfe sur les merisiers qu’on trouve dans les bois. On les appelle en Toscane machines & durassines, que l’on comprend sous le nom de cerise. Il y a aussi des merises qu’on apppelle en italien corbines, qui sont plus menues, douces & fermes, & qui noircissent les lèvres. Il y a une cerise à bouquet qu’on appelle jemelle, dont quelques-unes sont hâtives & précoces. Il y a une cerise blanche, qui étant très-mûre, devient ambrée & jaunâtre. La cerise de Portugal est la plus belle & la plus grosse, & la meilleure de toutes ; & sa couleur est d’un incarnat admirable mais elle charge peu. La cerise de Montmorency est grosse & tardive, à courte queue, & la plus estimée. On la nomme en quelques endroits coulars. Les guindous sont des cerises du Languedoc, qui sont fort douces & grosses, & d’un rouge-brun, fort estimées. Le bigarreau est une espèce de cerise plus longue & plus dure, qui noircit & durcit en mûrissant. Il y a un bigarreau tardif, ou de fer, qui mûrit plus tard, & qui n’est pas si sujet aux vers que l’ordinaire. Il est d’un goût excellent, & fait un bel arbre. Le cœuret, est une espèce de bigarreau plus rendre, & fait en cœur, dont le goût est relevé. Son bois est plus gros, & sa feuille plus large. Il y a enfin une cerise bleue, qui est plus rare qu’aucune autre, qui est venue depuis peu de Flandre, & est d’un goût délicieux. Cependant dans l’usage on n’appelle cerise, Cerasum, que le fruit du cerisier. Voyez Cerisier.

Les premières cerises furent apportées par Lucullus de Cerasunte, ville de Pont, après qu’il eût vaincu Mithridate, à ce que dit Pline : d’où vient qu’elles en portent encore le nom en Latin, cerasum. Cerise hâtive, cerise précoce, cerise tardive. En Angoumois on appelle guignes ce que nous appelons cerises. Bartholin dit que pour avoir du vin de cerise fort délicat, il faut l’entonner dans des muids faits du bois de cerisier, qui lui communique sa qualité. On en fait encore en mettant 12 à 15 livres de cerises mondées de leurs queues & de leurs noyaux, dans un demi-muid de bon vin blanc, avec ces mêmes noyaux cassés. Un mois après ce fruit a communiqué au vin sa qualité rafraichissante