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mes, en 1660. Elle est près du Tec, à cinq lieues de Perpignan. Cerisidum ou Ceretum.

CÉRÈTHÈ ou CERÉTHIEN, ou CÉRÉTHEN, ENNE. s. m. & f. Cerethæus. II est parlé de deux sortes de Céréthiens dans l’Ecriture ; ou bien il est parlé des Céréthiens en deux manières : 1o. Au I. Livre des Rois, XXX, 14, il est parlé des Céréthiens qui demeuroient vers le midi de la Terre Sainte du côté de l’Egypte. 2o En d’autres endroits on trouve des Céréthiens que l’Ecriture joint avec les Phéléthiens, & qui sont des soldats, des gardes de David, ou des gens de sa suite & de sa maison. Quant aux premiers, on convient assez que c’étoient des peuples qui faisoient partie des Philistins. L’Ecriture semble le marquer assez clairement, I. L. des Rois, XXX, 14 ; Ezech XXV, 16. Sophon, II, 5 ; & II. Liv. des Rois, VIII, 1 ; & il semble qu’ils étoient de la Satrapie de Gaze qui étoit la plus méridionale. C’est le sentiment de Junius, de Piscator, de Malvenda, de Tostat, de Kimhhi, de Vatable & de Ménochius.

Pour les autres Céréthiens, on ne sait pas trop ce qu’ils étoient. Les uns veulent que ce soit un nom appellatif, & d’autres un nom propre. Des premiers est le Paraphraste Chaldaïque Jonathan, qui traduit Cerethi par Archers, & Philethi par Frondeurs ; l’Arabe traduit Cerethi par des gens nobles, libres ; d’autres, Conseillers du Sanhédrin. Il semble que ç’ait été l’opinion des Septante. Josephe les appelle Gardes du corps, σωματοφύλακας. Ceux qui le suivent, conjecturent qu’ils étoient ainsi appellés de כרת, exscindere, parce qu’ils étoient toujours prêts à punir les coupables. Munster, Vatable, Pierre Martyr, Ménochius rapportent cette opinion, ou la suivent.

Ceux qui croient que c’est un nom propre disent, que ce sont des compagnies, des troupes de ces Cérèthes Philistins, dont nous avons parlé, que David avoit à son service, comme le Roi a des Etrangers pour sa garde. Forsterus, Cornelius à Lapide & Tirin, suivent ce sentiment. Pierre Martyr ne croit pas que David eût choisi des Païens pour Gardes. Junius croit que c’étoient des Israélites, qui demeuroient parmi les Philistins. Serrarius dit que ce sont les mêmes qui sont appelés Géthéens, II L. des Rois, XV, 18, & il conjecture que ces noms leur ont pu être donnes des lieux où ils avoient demeuré avec David. Du reste, Grotius croit que, si l’on accorde que c’étoient des Philistins, on peut dire que les Crétois en sont descendus. Mais il n’en a d’autres preuves que la ressemblance du mot, & l’habileté des Crétois à tirer de l’arc, que les Septante semblent aussi attribuer aux Céréthiens. Il paroît plus probable que c’étoient des troupes de ce peuple qu’on nommoit כרתים, Céréthim, Céréthiens, & dont parle le premier Livre des Rois, XXX, 14. Il habitoit vers le midi de la tribu de Juda, comme nous l’avons dit. Ainsi il ne faut point distinguer des Cérèthes ou Céréthiens de deux sortes.

Nos Interprètes disent Céréthiens. Car nous avons fait une irruption vers la partie méridionale des Céréthiens, I des Liv. des Rois XXX, 14. Tous ces Officiers marchoient auprès de lui, les légions des Céréthiens & des Phélétiens, & les six cens hommes de pied de la ville de Geth, II Liv. des Rois, XV 18. Banaïas, fils de Joada, commandoit les Céréthiens & les Phélétiens, II Reg. VIII. Sacy. c. 18. Les Traducteurs de Genève & les Desmarets écrivent Kéréthiens ; mais en hébreu, c’est un כ, & non pas un ק. On trouve Cérèthes & Céréthéens dans les Mém. de Trévoux.

CERF, subst. masc. L’f ne se prononce pas. Animal sauvage, qui est fort léger à la course, & qui porte un grand bois. Cervus. Le cerf a le devant de la tête plat, sur laquelle il porte un grand bois qu’il met bas tous les ans vers le mois d’Avril. Il a le pied fourchu, le cou long, de petites oreilles, & la queue courte. Il est de la taille d’un bidet ; de poil brun, fauve ou rougeâtre. Il aime le francolin, & hait l’aigle, le vautour, le bélier, les chiens & les tigres. La femelle du cerf s’appelle biche. Cerva. Le petit cerf s’appelle faon. Hinnulus. Jean-André de Grabe, Médecin d’Erford, a fait un Traité de la description du cerf, tant physiquement que médicalement, qu’il appelle Elaphographie.

☞ Le petit du cerf ne s’appelle faon que jusqu’à six mois. Alors les bosses commentent à paroître, & il prend le nom de hère. A la seconde année, quand ses dagues sont alongées en dagues, il prend le nom de Daguet. Cervus bimulus. En la troisième, quatrième & cinquième année, c’est un cerf à sa première, seconde ou troisième tête. Cornua præfert senis & octonis palmitibus bracchiata. La sixième année, on l’appelle cerf de dix cors jeunement. Sexennis cervus decem palmitibus bracchiata præfert cornua recentia. La septième, cerf de dix cors. Septennis decem ramoriun cornua exhibet. La huitième, on l’appelle grand cerf ; & la neuvième, grand vieux cerf ; après lequel temps sa tête n’augmente plus. On connoît leur âge à la grosseur du merrain, à la profondeur des raies qu’il a aux meules, aux andouillers qui en sont le plus près, à la quantité des chevilles, surtout au haut de leurs têtes, qui sont, les unes couronnées, les autres à ramures. On dit qu’un cerf n’a point de refus, quand il est chassable, & en saison.

Ce mot vient du latin cervus, qui vient du grec κεραός, de κέρας, cornu, corne. Corne. Cervus, un cerf, prend son origine du celtique caru, & caro. Pezron.

Un bois de cerf est le terme dont les Chasseurs appellent ce que les Tablettiers appellent les cornes. Cervi cornua. Et l’on appelle Raclure de corne de cerf, ce qui en sort quand on râpe ce bois. On appelle aussi une tête de cerf, le bois d’un cerf : & on dit qu’un cerf pose son bois ou sa tête, ou met bas, quand ce bois lui tombe ; & on dit alors qu’il fraie & décroûte sa tête. Cadentis cervini cornu tempestas. On appelle une tête bien née, bien semée, quand elle est également marquée en ses deux perches. La perte du bois des cerfs vient de ce que tous les cerfs ont des vers qui s’engendrent sous la langue auprès de la nuque du cou, gros comme ceux des chairs corrompues. Il y en a environ une vingtaine qui se tiennent l’un à l’autre tout en un tas. Ils rongent la racine du merrain. Lorsque ce bois est tombé, de ces mêmes vers s’engendre une grosse masse de chair, qu’on nomme le revenu, reditus ; puis peu-à-peu la tête s’alonge, les meules se forment, & la tête se couvre d’une peau qu’il frotte contre les arbres. Cela s’appelle frayer, affricare & l’on connoît la hauteur d’un cerf à celle des lieux où il a frayé. Quand toute cette peau est tombée, il brunit son bois dans les charbonnières, dans les terres noires ou roussâtres. Grabe, dans son Ἐλαφογραφια, rapporte la cause de la chûte, & le renouvellement du bois des cerfs, à un suc plein de sel dont cet animal abonde, ainsi qu’il paroît par la quantité de sel volatil qu’on tire de ses cornes, de son sang & de son urine, lequel cessant de fournir chaque année en certain temps l’aliment nécessaire aux cornes, les détache de leur lieu, les pousse ensuite dehors, & en fait naître de nouvelles à leur place ; de même à-peu-près que les sucs qui montent au printemps dans les arbres, produisent de nouvelles feuilles, & de nouveaux fruits à la place de ceux qui sont tombés. Les cerfs choisissent les lieux les plus bas & les plus ombrageux, afin d’éviter les mouches, & ils ne vont que de nuit aux viandes, comme n’osant se montrer jusqu’à ce qu’ils aient recouvré leurs cornes.

On appelle la meule du cerf, la bosse qui est sur sa tête, d’où sort le merrain, la perche, ou le fruit de son bois qui produit la ramure. Matrix cervini cornu, imus torus & summa radix cervini cornu. Antouillers ou andouillers, sont les premières bran-