Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
372
CER

ces Cercles n’ait jamais été bien réglé, le voici tel qu’il est dans la Matricule Impériale : Le Cercle d’Autriche, celui de Bourgogne, du Bas-Rhin, de Bavière, de la Haute-Saxe, de Franconie, de Suabe, du Haut-Rhin, de Westphalie, & de la basse-Saxe. Heiss. Plathner a donné une description des Cercles de l’Empire, qui comprend plusieurs tables. Sciagraphia decem Circulorum sacri Imperii Romano-Germanici, &c.

CERCLER. v. a. Vieux mot. Environner, entourer. Circumdare.

Cercler un tonneau ou une cuve. Terme de Tonnelier. C’est y mettre des cerceaux, ou des cercles.

Cerclé. adj. Terme de Blason, qui se dit des tonneaux liés avec des cercles ou cerceaux. Ligatus, constrictus circulis.

CERCLIER. s. m. Ouvrier qui travaille à faire des cercles ou cerceaux dans les forêts. Circulorum opifex. L’Ordonnance veut que les Cercliers, Tourneurs, Sabotiers, &c. ne puissent tenir ateliers qu’à demi-lieue des forêts.

CERCOPES. Peuples qui habitoient une Île voisine de la Sicile nommée Pithécuse. On dit que Jupiter les changea en singes, pour les punir de leurs débauches. Cercopes est le nom que les Grecs donnent aux singes.

CERCOPITHEQUE. s. m. Terme de Mythologie. Espèce de singe, auquel les Egyptiens rendoient les honneurs divins. On le représentoit avec un croissant sur la tête, & un gobelet à sa main.

☞ C’est aussi un nom générique par lequel on désigne les Singes à longue queue.

CERCOSIS. s. f. Terme de Médecine. C’est une excroissance de chair, qui sort de l’orifice de la matrice, le remplit & le bouche. Cercosis. On emporte cette excrescence par extirpation.

Ce mot vient du grec κέρκος, queue, parce que cette excrescence est quelquefois aussi longue que la queue d’un renard, on lui a donné le nom de κέρκωσις. M. Dionis le dérive de κέρκειν, qu’il explique par tromper ; il dit que cette excrescence s’appelle cercosis, parce qu’elle ressemble quelquefois par sa longueur à la queue d’un renard, qui lui sert à tromper les autres animaux.

CERCUEIL. s. m. ☞ Dans l’usage ordinaire ce mot est synonyme de bière. Quelquefois on entend par ce mot un vaisseau de plomb propre pour transporter & enterrer les morts. Feretrum. Quand il est de bois, on l’appelle bière. Ménage dérive ce mot de sarcolium, qui a été fait du grec σάρξ, & prétend qu’on disoit autrefois sarcueil. Saumaise le dérive de sacrophaculus disant que sacrophage étoit une pierre dont on faisoit anciennement les tombeaux, & qu’on a étendu ce mot aux tombeaux faits de toute autre matière.

Les cercueils de la Chine, dit le P. Fontanaye, sont grands & d’un bois épais de trois ou quarre pouces, vernissés & dorés par dehors, mais fermés avec un soin extraordinaire, pour empêcher l’air d’y pénéttrer. Essais, I. Hiéroglyp. p. 507.

☞ On dit figurément, en parlant de quelqu’un a qui un accident a causé la mort, que c’est ce qui l’a mis au cercueil.

CERDAGNE. Petite Province d’Espagne, qui a titre de Comté. Cerretania. La Cerdagne est dans les Pyrénées, entre le Comté de Foix, le Roussillon & la Catalogne. Sa capitale est Puicerda. La partie qui touche au territoire de Conflant & aux sources de la Sègre, jusqu’à Livia exclusivement, est à la France depuis la paix des Pyrénées.

CERDEAU. voyez Serdeau.

☞ CERDEMPORUS, terme de Mythologie, surnom de Mercure, Dieu des Commerçans, Ἔμπορος, Commerçant.

CERDONIENS. Nom d’anciens Hérétiques, qui ont été dans la plûpart des erreurs de Simon le Magicien, de Saturnin & des autres Gnostiques. Cerdon, qui a été leur Chef, vint de Syrie à Rome sous le Pape Hygin. Il y abjura ses erreurs, mais en apparence seulement ; ensorte qu’ayant été convaincu qu’il y persistoit, & que même il dogmatisoit en cachette, il fut chassé de la communion des fidèles. Il reconnoissoit deux principes, l’un bon, & l’autre mauvais. Ce dernier étoit, selon lui, le Créateur du monde, & le Dieu qui avoit apparu dans l’ancienne loi. Le premier, qu’il appeloit inconnu, étoit le pere de J. C. qui n’étoit venu au monde que selon la seule apparence de la chair, & qui par conséquent n’étoit point né d’une Vierge, & n’avoit point souffert véritablement, mais avoit seulement semble souffrir. Il nioit la résurrection des corps ; il rejetoit toutes les écritures de l’ancien Testament, comme ne venant point du bon principe. Marcion, qui fut son Disciple à Rome, fut le successeur de ses impiétés. Saint Irénée, Tertullien & saint Epiphane ont parlé au long de l’hérésie des Cerdoniens.

CÉRÉALES. adj. f. pl. pris substantivement. Terme de Mythologie. Cerealia. Fêtes de Cérès, en l’honneur de Cérès. Elles furent instituées par Triptolème d’Eleusis dans l’Attique, & fils de Celéus, Roi d’Eleusis & de Mehaline, en reconnoissance de ce que Cérès, qui passa pour avoir été sa nourrice, lui avoit appris l’art de cultiver le blé, & d’en faire du pain. Ainsi ces fêtes prirent naissance dans la Grèce. Il y en avoit deux à Athènes ; les unes se nommoient Eleusinies, & les autres Thesmophories. voyez à ces mots ce qu’il y a de particulier à chacune. Ce qui convenoit à toutes les deux, & en général aux céréales, c’est qu’on les célébroit avec beaucoup de religion & de pureté, jusques-là qu’on s’abstenoit de vin & de tout commerce avec les femmes pendant ce temps-là. On y honoroit non-seulement Cérès, mais encore Iacchus & Liber, c’est-à-dire, Bacchus : les victimes qu’on immoloit étoient des porcs, à cause du dégât qu’ils font aux biens de la terre ; & enfin il n’y paroissoit point de vin. Plaute, du moins, semble le dite, Aulul. Act. II. Scen. 7. & Macrobe, Saturn. L. III, ch. 11, dit expressément qu’il étoit défendu d’offrir du vin à Cérès en quelque sacrifice que ce fût. Cependant Caton dans les derniers mots du c. 134, De re rustica, dit le contraire, & Macrobe, à l’endroit que j’ai cité, excuse Virgile d’avoir fait offrir du vin à Cérès. Lambin dit qu’il ne faut entendre Plaute que des Céréales des Grecs, & non pas des Romains. Un Auteur récent, réfute Lambin, en disant que Plante étoit Grec ; & il ne fait pas attention que Plaute ne parle pas de son chef, qu’il fait parler un de ses personnages, & que sa Comédie est Grecque, ou que la scene étoit en Grèce, comme il paroît par les seuls noms des personnages qui sont tous Grecs. Pour Macrobe, il dit qu’à la vérité on ne lui offroit point de vin, vinum ; mais du vin doux, mulsum ; & que le sacrifice que l’on faisoit à cette Déesse & à Hercule le vingt-unième de Décembre étoit d’une truie pleine de pains, & de vin doux, & c’est ce que Virgile entend par miti Baccho. Voyez Saumaise sur Solin, p. 750, & les Auteurs cités ci-dessus.

Les Céréales passèrent des Grecs aux Romains qui les célébroient pendant huit jours, depuis le douzième d’Avril jusqu’au dix-neuvième inclusivement. C’étoient les Dames seules qui les célébroient en habit blanc ; les hommes vêtus aussi de blanc n’en étoient que les spectateurs ; ils s’abstenoient aussi de vin & de tout commerce avec les femmes. Les Romains crurent devoir honorer par-là une Divinité qui s’étoit distinguée par sa chasteté. On ne mangeoit que le soir après le soleil couché, parce que Cérès, malgré la fatigue du voyage, n’avoir pris de nourriture que le soir, lorsqu’elle cherchoit sa fille. Il y avoit aussi durant le jour des combats à cheval, qui furent changés dans la suite en combats de Gladiateurs ; ce qui fut regardé comme une chose de mauvaise augure pour la République ; le peuple avoit part à la fête par les largesses qu’on lui faisoit de pois, de noix, & d’autres choses sem-