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CAR

nœuvre passée dans une poulie au haut des mâts, pour hisser les autres manœuvres, ou autre chose.

☞ CARTAMA. Ville d’Espagne, au Royaume de Grenade, environ à trois lieues de Malaga, sur la rivière de Guadaljose.

CARTAME ou CARTHAME. s. m. Carthamum officinarum, sive tenicus sativus. Plante annuelle à fleurons ; ainsi nommée à cause de sa qualité purgative. Sa racine est menue, & quelquefois se divise en plusieurs menus bras. Elle ne pousse qu’une seule tige, haute de deux pieds environ, arrondie, branchue à son extrémité, & chargée de feuilles alternes, lisses, nerveuses, longues de deux pouces sur demi pouce de largeur, pointue à leur extrémité, plus larges à leur base, & un peu épineuses sur leurs bords. Ses branches sont terminées par des têtes grosses comme des noix, composées de plusieurs écailles assez larges, pointues, & de couleur pareille à celle des feuilles. Les fleurons qu’enferment ces têtes sont d’un beau jaune qui rougit en se desséchant. Chaque fleuron est porté par un embryon qui devient une semence blanche, faite en forme de coin, plus grosse qu’un grain d’orge, & qui n’est point chargée d’aigrettes. Cette semence dépouillée de sa peau extérieure est purgative, & sert de base aux tablettes diacarthami. Cette même semence se donne aux perroquets ; d’où lui vient le nom de semence de perroquet. Sa fleur est employée comme le vrai saffran, d’où vient le titre de saffranum ou saffran bâtard. On l’emploie dans les teintures de laine & de soie. Voyez Saffran bâtard.

Ce mot vient de caten, qui, chez les Mores, signifie la même plante, ou du grec καθαίρειν, purger ; car cette plante est purgative,

CARTAMY. s. m. Drogue ou semence employée dans les tarifs.

CARTAUT. Voyez Quartaut.

CARTAUX. s. m. pl. Sur mer on appelle cartaux les cartes marines. Tabulæ nauticæ, ou maritimæ.

CARTAYER. v. n. Terme de Cocher & de Charretier. Conduire une voiture de manière que les roues soient entre les ornières & les ruisseaux, & non dedans, ce qui soulage les chevaux. Il y a de l’adresse & quelquefois du danger à cartayer. On prononce carteyer. On dit aussi quarter & quartoyer.

CARTE. s. f. Papier. Charta. Il n’est plus en usage que dans cette phrase, donner la carte blanche à quelqu’un, ou donner carte blanche ; pour dire, lui donner un papier blanc ligné pour le remplir de ce qu’il lui plaira.

On le dit aussi au figuré, pour dire ; se soumettre à toutes les conditions qu’un autre nous voudra imposer ; lui laisser la liberté entière de faire ce qu’il lui plaira, dans une affaire qu’on lui propose, ou dont on le charge. On dit, avoir carte blanche, de celui à qui on la donne. ☞ Dans l’art militaire, dire qu’un Général a carte blanche, c’est dire qu’il peut attaquer l’ennemi sans avoir besoin d’ordres particuliers, sans en avertir la Cour auparavant.

Carte, se dit aussi du mémoire de la dépense d’un repas, chez un Traiteur. Apportez la carte.

Carte, signifie en général le carton dont se servent les Artificiers. Ils en désignent l’épaisseur par le nombre des feuilles de gros papier gris dont il est composé : ainsi l’on dit de la carte en deux, trois, quatre ou cinq, sans y ajouter le mot de feuilles, qui est sous-entendu chez eux & chez les Marchands qui les vendent. On désigne les petites cartes, en les appelant cartes à jouer, & le gros carton plus roide & moins propre au moulage, qui doit être flexible, s’appelle carte-lisse.

Carte, est aussi une grande feuille de papier ou plusieurs feuilles collées ensemble, sur lesquelles on a tracé, dépeint ou gravé la représentation du monde, ou de ses parties. Tabula. Les cartes géographiques contiennent la description des terres, les hydrographiques, celle de la mer ; les chorographiques, celle d’une région ; les topographiques, celle de quelques lieux particuliers.

Hévélius a fait le premier des cartes sélénographiques, qui contiennent la description des figures qui apparoissent dans la lune. La carte universelle, qui représente toute la surface de la terre ou les deux hémisphères, s’appelle mappemonde. Totius orbis in tabula descriptio. On dit aussi des cartes cosmographiques ; pour dire, la description du monde. La carte particulière est celle qui représente quelques pays particuliers, ou quelques portions de pays. On a trouvé l’invention de faire des cartes topographiques fort exactes, en faisant des observations avec des instrumens garnis d’alhidades en deux stations. Le premier qui en a écrit, a été Philippe d’Amfrie, Tailleur général des monnoies de France en 1597 & les PP. Jean-François Schot & Pardies, Jésuites, comme a rapporté le sieur Comiers en son Traité des Lunettes. On prétend que Sesostris, premier Roi d’Egypte, qui se rendit redoutable par les armes, fut aussi le premier des hommes qui inventa les cartes géographiques, pour faire connoître l’étendue de ses conquêtes.

Carte Marine ou Hydrographique, est la projection de quelques parties de la mer sur un plan, pour l’usage des Navigateurs : c’est une carte où l’on prend peu de soin de marquer les villes qui sont en terre ferme ; mais on y décrit exactement la mer, les côtes, les ports, les rochers, les îles, les bancs de fable, les fèches & les golfes. Marina, nautica tabula. On y décrit aussi, outre les longitudes & latitudes, les lignes des rhumbs des vents. On y marque les méridiens en lignes parallèles ; ce qui est sujet à beaucoup d’erreurs. On se sert sur la méditerranée de cartes par routes & distances. Elles n’ont point d’autres lignes que celles des rhumbs des vents ; & une seule échelle, qui se mesure par milles. Les matelots ont des cartes au point plat, au point commun, qui sont les ordinaires ; d’autres au point réduit, quand les degrés de latitude, c’est-à-dire, les degrés qui courent nord & sud, sont tous inégaux entr’eux, plus petits auprès de l’équateur, & plus grands à mesure qu’ils s’approchent des pôles ; ce qui arrive, lorsque la projection de la carte est telle, que le pole y sert de centre, & que les rayons en marquent les méridiens.

Carte plate, est une carte qui représente une moyenne étendue, comme sont les côtes ; qui ont une échelle de lieues, & de plus les degrés de latitude marqués sur leurs côtés parallèles au méridien. Plus les cartes sont à grands points, c’est-à-dire, plus elles sont grandes à proportion du terrain qu’elles représentent, plus elles sont parfaites.

On appelle cartes réduites, celles où les degrés de latitude vont en augmentant de l’équateur vers les pôles, en raison des sécantes. Ainsi, prenant pour un degré de l’équateur, & pour le premier degré de latitude, ou le rayon entier, ou une partie aliquote quelconque de ce rayon, on prerd pour le second degré de latitude la sécante d’un degré, ou la partie aliquote semblable de cette sécante. Pour le 3e degré, on prend la sécante de deux degrés, ou la partie aliquote semblable, & ainsi de suite.

Lorsque l’on veut avoir une carte à plus grand point, on prend pour 30 minutes de latitude, ou pour 30 minutes de l’équateur, un rayon de cercle, ou une partie aliquote quelconque de ce rayon : pour un degré de latitude, on ajoute de suite la sécante de 30 minutes. Pour le second degré de latitude, on ajoute la sécante de 30′ ou les parties aliquotes semblables de ces sécantes, & ainsi de suite. C’est absolument la même construction pour les échelles de latitude. Dans les cartes au plus grand point, comme celles du Neptune François,

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