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CAP

premier : de même qu’il arrive aux chèvres qui bondissent & semblent faire un double mouvement en marchant. Il n’y a point d’état plus terrible que lorsque le pouls est formicant ou caprisant. M. Le Brethon. Thomas Diafoirus trouve le pouls du malade imaginaire, duriuscule, pour ne pas dire dur, repoussant & même un peu caprisant. Mol.

CAPRON. s. m. Les Jardiniers appellent les grosses fraises, des caprons. Fraga crassiora. Si elles sont plus belles que les autres, elles sont inférieures en bonté.

Capron, est aussi un terme de Capucin, qui signifie un morceau de drap fait en ovale que les Novices Capucins portent, & qui pend par derrière leur dos, & par devant leur estomac, environ un pied de long. Pannus antè retroque vesti adjectus.

CAPROTINE. adj. f. & épithète que les anciens Romains donnoient à Junon & aux Nones du mois de Juillet. Caprotina. Après l’invaison des Gaulois, les peuples voisins de Rome croyant que la République étant épuisée, ils pourroient aisément se rendre maîtres de la ville, vinrent l’attaquer sous la conduite de Lucius Dictateur des Fidénates. Il fit demander aux Romains leurs femmes & leurs filles. Les esclaves par le conseil d’une d’entrelles, nommée Philotis, prirent les habits & les ornemens de leurs maîtresses, & allèrent se présenter à l’ennemi, le Général les prenant pour les Romaines qu’il avoir demandées, les distribua aux Capitaines & aux Soldats. Elles feignirent de célébrer ce jour-là une fête, & les excitèrent à y prendre part, à se réjouir & à bien boire. Puis quand ils furent ensevelis dans le sommeil, elles donnèrent le signal à la ville de dessus un figuier sauvage, nommé en latin caprificus. Les Romains aussi-tôt fondirent sur leurs ennemis, remplirent le camp de carnage, récompensèrent le service de leurs esclaves en leur accordant la liberté, & une somme d’argent pour se marier, instituèrent une fête à Junon, qui, en mémoire du figuier sauvage du haut duquel le signal avoit été donné, fut surnommée Caprotine, & le jour que Rome fut ainsi délivrée, qui étoit les Nones de Juillet, fut appelé Nones caprotines, ou du figuier.

☞ CAPSCHAC. Pays de la Tartarie. Voyez Kapschac.

CAPSAIRE. s. m. Capsarius. On appeloit ainsi chez les Romains & chez les Grecs ceux qui gardoient dans les bains publics les habits de ceux qui prenoient le bain. On appeloit aussi capsaires certains domestiques qui accompagnoient les enfans lorsqu’ils alloient aux écoles publiques, & qui portoient leurs livres dans une boîte appelée capsa. Rémi, Evêque d’Auxerre, appelle les Juifs les capsaires des Chrétiens, parce qu’ils nous ont conservé les Livres Saints.

CAPSE. s. f. Terme usité en Sorbone. C’est une petite boîte de cuivre ou de fer blanc, où les Docteurs mettent leurs suffrages, afin de recevoir ou de refuser celui qui est examiné pour l’acte de tentative, ou pour la licence. Capsa, capsula. On se sert aussi de cette boîte dans la Faculté de Droit.

☞ On donne aussi le nom de capse à une espèce de chausse de velours dans laquelle on met les billets le jour de l’élection des Prévôt des Marchands & Echevins.

CAPSULAIRE. adj. Terme d’Anatomie, qu’on donne à l’artère qui porte la sang aux capsules atrabilaires. Capsarius. On le donne aussi à la veine qui rapporte le sang des mêmes capsules. ☞ C’est en général l’épithète des ligamens & des membranes qui forment avec les os auxquelles elles sont attachées, des espèces de capsules.

CAPSULE. s. f. Etui, fourreau, petite caisse. Capsula.

Capsule atrabilaire. s. f. Terme d’Anatomie, qui se dit de deux glandes qui sont situées proche les reins, ainsi appelées, parce que l’on trouve dans leur cavité une liqueur noire. On les appelle aussi reins succentoriaux, ou glandes rénales : elles sont de la grosseur d’une noix aplatie, ayant une cavité assez ample pour leur grosseur. On ne sait pas bien quel est leur usage. Il y a apparence qu’elles servent à séparer cette humeur noire qu’on trouve dans leur cavité, & qui est ensuite versée par leur veine dans l’émulgente, où elle est mêlée avec le sang, à qui elle sert de ferment.

La capsule de la veine-porte, est une membrane qui enveloppe le tronc de la veine-porte, lorsqu’elle entre dans le foie, & qui lui sert de gaine, se divisant en autant de ramaux qu’elle, & l’accompagnant jusque dans ses moindres ramifications. Cette capsule enferme aussi le conduit biliaire d’où vient qu’on l’appelle la capsule commune.

Capsule, se dit aussi chez les Botanistes, du lieu où la graine est enfermée, comme on voit dans les poires & les pommes, qui ont une petite enveloppe qui ressemble à une petite bourse où sont enfermés les pépins. On le dit aussi de l’enveloppe de certains fruits. Voyez Fruit.

Capsule. Terme de Chimie. C’est un vaisseau de terre fait en forme de terrine échancrée, où l’on met des matières sur lesquelles on fait des opérations violentes par le feu,

CAPTAL. s. m. Mot gascon qui signifie Chef & Seigneur, qui n’est en usage qu’en cette phrase, Captal de Buch, qui est un titre de M. le Duc d’Epernon, qui possédoit cette Seigneurie. Caput. Borel dit que Captal de Buch, ou de Buts, s’est dit pour caput bugii ; c’est à-dire, Chef des habitans. On trouve quelquefois captau dans le sens de captal. Captau de Buch. Voyez Alain Chartier, Chronique de Charles VII.

CAPTATEUR. s. m. Terme de Jurisprudence Romaine, se dit de celui qui par flaterie, & par artifice, cherche à surprendre des testamens, des donations. Captator. Il n’est en usage qu’au Palais.

CAPTATION. s. f. Il se dit au Palais des ruses & des artifices dont quelqu’un s’est servi pour se faire mettre dans un Testament. Captatio Testamenti.

☞ CAPTATOIRE. Terme de Jurisprudence qui s’applique à toutes sortes de dispositions de dernière volonté provoquées, soit institution d’héritiers, soit legs.

☞ Ces sortes de dispositions sont réprouvées, parce qu’elles ne se font pas, tant pour exercer la libéralité envers celui que l’on institue son héritier, ou à qui on laisse quelque chose à titre de legs, que pour captiver & gagner ses bonnes grâces, à l’effet de l’exciter & le provoquer à faire en notre faveur, ou en faveur de quelqu’autre personne, les mêmes dispositions que nous déclarons avoir été faites par nous en sa faveur.

CAPTEIN. s. m. Terme de Coutumes. Capteinium ; captennium. C’est la protection, la défense que le Seigneur accorde à ses vassaux. Captein est aussi le droit que les vassaux payent au Seigneur pour la protection qu’ils en reçoivent.

☞ CAPTER. v. a. C’est, en général, employer adroitement tous les moyens de parvenir à quelque chose ; chercher à obtenir, par voie d’insinuation. Captare. Capter les suffrages, la bienveillance de quelqu’un. Ce mot qui est tout latin, n’est que du discours familier. Les Vocabulistes l’ont pourtant pris sous leur protection : « la vérité est, disent-ils, que ce verbe est un mot aussi françois que tout autre. » Je désire fort qu’il fasse fortune avec de tels protecteurs.

CAPTIEUSEMENT. adv. D’une manière captieuse. Captiosè. Cet argument conclut captieusement. Cet homme agit toujours captieusement.

CAPTIEUX, EUSE. adj. Qui tend à induire en erreur, & à surprendre par une belle apparence. Captiosus, fallax, Il se dit particulièrement des raisonnemens, qui en apparence sont véritables, & qui se trouvent faux, étant bien examinés. Les Hérétiques se servent de raisonnemens