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CAP

de jour & de nuit les uns que les autres. Pendant le temps que chaque Caporal est en faction, on le nomme Caporal de pose. Celui de consigne a droit de choisir, & prend ordinairement la première pose. Quoiqu’il en soit, celui qui en sera chargé, doit prendre la consigne de celui qui aura fait la dernière pose. Bombelles. Le Caporal de consigne doit avoir soin d’envoyer chercher le bois, ou la tourbe, la chandelle & les autres choses que l’on donne pour le Corps-de-garde. Idem. chaque Caporal de consigne des Postes en dedans du corps de la Place, doit aller à l’ordre au grand cercle avec le Sergent du plus ancien Régiment de son poste. Le Caporal de pose ne sauroit être trop attentif à écouter les appels des sentinelles, pour y répondre. Id. Caporal d’ordonnance. Voy. Sergent d’ordonnance.

Ce mot vient de l’italien Caporale, qui signifie la même chose. Caporal vient de caput, tête, chef. Le Caporal est le chef, celui qui est à la tête d’une bande, qui est le premier. On dit aussi en italien caporale. On trouve Caporalis dans la basse latinité, pour un berger. Opilio, Acta SS. Mati, T. VII. p. 375. A.

CAPORIONS. s. m. pl. Mot corrompu qui se dit pour quatorze Rions, c’est-à-dire, quatorze quartiers de la ville de Rome. Car Rione en italien se dit pour Regio. Quatuordecim urbis regiones. Le Prieur des Caporions, ou pour mieux dire, Chef ou Colonel des quatorze rions ou quartiers de la ville de Rome, charge considérable qui est exercée bien souvent par la principale noblesse de Rome, qui tire tous les ans de la Chambre Apostolique cinq cens-cinquante écus pour les appointemens ordinaires, & qui tient le quatrième lieu d’honneur dans les cérémonies principales. Celui qui l’exerce, marche immédiatement après le Sénateur, les Conservateurs & le Gonfalonnier ou Enseigne du Peuple Romain, comme il est expressement remarqué dans l’état qui fut imprimé à Rome l’an 1604, de la recette & dépense que fait annuellement le Peuple Romain. Mascur, p. 134, 135.

CAPOSER. Terme de Marine, peu usité, qui signifie, mettre le navire à la cape ; c’est-à-dire, amarrer le gouvernail bien ferme pour suivre l’abandon du vent. Gubernaculum fune nautico alligare.

☞ CAPOSWAR. Voyez Kaposwar.

CAPOT. s. m. Habillement que mettent les Chevaliers, lorsqu’ils sont reçus dans l’Ordre du Saint-Esprit. C’est une espèce de cape ancienne, & qui aboutit par-devant en forme d’un scapulaire arrondi. Chlamys brevior cucullata. On l’appelle communément Capote.

Capot est aussi une espèce de capuchon que les gens de mer mettent par-dessus leur habit ordinaire. Brevior cucullus. Quand les soldats sont en sentinelle ils ont ordinairement des Capots pour se garantir du froid.

Capot. Selon Du Chesne, dans ses Antiq. & Recherches des villes de France, L. II. c. 24. Les Capots ou Gahets, sont en Bigorre, en Béarn, & en plusieurs endroits de Gascogne, une sorte d’hommes que chacun fuit & déteste comme ladres, qui ont l’haleine fort puante, que quelques-uns tiennent être une race des Hérétiques Albigeois, tous Charpentiers ou Tonneliers, séparés du commun & de domicile pendant leur vie, & de cimetière après leur mort. M. de Marca en traite fort exactement dans son Histoire de Béarn, Liv. I. c. 16. Il dit qu’on les appelle Capots ou Cagots ; que l’opinion vulgaire, qui a prévalu dans les esprits de plusieurs & qui même a été publiée par Belleforest, est qu’ils sont descendus des Visigoths ; qu’ils sont censés persones ladres & infectées, auxquelles, par articles exprès de la Coutume de Béarn, & par l’usage des Provinces voisines, la conversation familière avec le reste du peuple est sévèrement interdite, de manière que dans les Eglises ils ont une porte réparée pour y entrer, & leur siége pour toute la famille ; qu’ils sont logés à l’écart des villes & villages ; qu’ils font d’ordinaire le métier de Charpentiers, & ne peuvent porter d’autres armes, ni ferremens que ceux qui sont propres à leur travail. Aujourd’hui ils sont ouis en témoignage ; mais suivant le For ancien de Béarn le nombre de sept Capots étoit nécessaire pour valoir la déposition d’un autre homme ordinaire.

On croit que le nom de Cagots leur a été donné de caas Goths ; c’est-à-dire, Chiens Goths en haine de l’Arianisme, & des cruautés qu’ils avoient exercées dans le Pays, où l’on se persuade qu’ensuite, pour une peine de leur servitude, on leur imposa la nécessité de couper les bois, comme l’on fit aux Gabaonites. M. de Marca ne sauroit goûter cette pensée, qu’il ne croit fondée que sur la ressemblance du nom Cagot avec l’origine qu’on lui donne, & parce que ce nom n’est pas si propre à ces pauvres gens que quelques autres qu’on leur donne, & ne se trouve écrit que dans la nouvelle Coutume de Béarn, réformée l’an 1551. Au lieu que les anciens Fors écrits à la main, d’où cet article a été transcrit, portent formellement le nom Chrestiaas, ou de Chrétiens ; & le quartier des Paroisses où ils habitent se nomme par le vulgaire le quartier des Chrétiens. On leur donne plus ordinairement dans le discours familier le nom de Chrétiens, que celui de Cagots. Dans le Cahier des Etats tenus à Pau l’an 1560, ils sont nommés Chrétiens & Gezitains. En Basse-Navarre, Bigorre, Armagnac, Marsan & Chalosse, ils sont appelés Capots, Gahets, Gézitains & Chrétiens. Ces Etats entr’autres choses demandèrent à Gaston de Béarn, Prince de Navarre, que ces Capots portassent sur leurs habits l’ancienne marque de pied d’oie, ou de canard, qu’ils avoient quittée depuis quelque temps.

Tout cela ne pouvant s’accorder à l’origine des Goths, qui étoient ilustres d’extraction, éloignés d’infection, & Chrètiens, quoiqu’Ariens. M. de Marca croit que les Capots sont descendus des Sarrazins qui restèrent en Gascogne après que Charles Martel eut défait Abdirama. On leur donna la vie en considération de leur conversion à la Religion Chrétienne, d’où ils tirèrent le nom de Chrétiens ; mais on conserva pour eux toute la haine de la nation Sarrasine, d’où vient, si l’on en croit cet Auteur, le nom de Gezitains, la persuasion qu’ils sont ladres, & la marque du pied d’oie. Voyez Gezitain. Quant au mot de Capot, M. de Marca conjecture qu’il s’est dit pour Cagot, & que Cagot vient à la vérité de Caas goth, comme on a dit ci-dessus ; qu’il leur fut donné parce qu’ils se vantoient d’avoir chassé les Goths, que Cagots signifie chiens de Goths, c’est-à-dire, Chasseurs Goths ; ou bien que ce nom vient de Coucagatus, terme de mépris & d’injure, dont il est fait mention dans la Loi Salique. En la haute Navarre au lieu de Capots ou Cagots, on dit Agotes ou Cagotes.

De Bosquet dans ses Notes sur les Epîtres d’Innocent III soupçonne que ces Capots sont de race Juive, & qu’ils ont pris leur nom du mot Latin Capus, qui signifie dans les Auteurs du moyen âge, comme dans Théodulphe d’Orléans, un épervier, à capiendo ; d’où il estime que les Capitulaires de Charles le Chauve ont donné le nom de Capi aux Juifs, à cause de leurs usures & rapines ; que le nom de Gahets que l’on donne en Gascogne aux Capots, se rapporte à cette signification. Cette pensée est ingénieuse ; mais M. Marca dit que bien loin que les Capi puissent être pris dans les Capitulaires pour les Juifs, il croit au contraire que toutes les paroles du texte montrent que c’étoit, non pas des personnes d’une secte particulière, mais plutôt un espèce de Marchands de certaines denrées, quels qu’ils fussent, Chrétiens ou Juifs. Il y a une sorte de gens en Bretagne tous semblables

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