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CAP

Vitellius, & Vespasien le fit rebâtir dans le temps de la destruction du Temple de Jérusalem. Le feu du Ciel l’ayant encore brûlé sous l’Empire de Tite, Domitien le fit rebâtir avec plus de pompe, & ordonna des jeux que l’on célébroit tous les cinq ans. Les Chrétiens ont bâti dans le même endroit une Eglise appelée Ara Cæli en l’honneur de la sainte Vierge. Vigenere traite du Capitole dans ses Annot. sur Tite-Live, T.I.p. 674 & suiv.

On appelle de même Capitoles, les principaux temples des Colonies des Romains. Il y en avoit à Constantinople, à Jérusalem, à Carthage, à Ravenne, à Milan, à Capoue, à Vérone, à Cologne, à Treves, à Narbonne, à Autun, à Pamiers, à Nîmes, à Besançon, à Saintes, à Clermont, à Reims, à Rhodès & à Toulouse, où on le voit encore, & dont Grégoire de Tours a parlé, Hist. Franc. L. I C. 28 & De Glor. Mart. L. I. c. 48.

☞ C’est du Capitole qui étoit à Toulouse que les Echevins de cette Ville ont pris le nom de Capitouls.

On a aussi donné ce nom à des forteresses, à des lieux où l’on rendoit la Justice, & à quelques Chapitres de Religieux.

CAPITOLIN. adj. Qui n’est en usage qu’au masculin, en latin Capitolinus, d’où le mot de Capitolin a été formé. Il signifie, qui a rapport au Capitole, qui appartient au Capitole ; c’est une épithète & un surnom qui a été donné à direrses choses.

Le Mont Capitolin, Mons Capitolinus, étoit une des sept montagnes de Rome, à laquelle on donna ce nom, parce qu’en y fouillant pour fêter les fondemens d’un temple de Jupiter, on y trouva un crâne, ou une tête d’homme, caput, d’où se fit Capitolinus ; ou, selon d’autres, à Capite Toli, de la tête de Tolus, qui y fut trouvée. Cette montagne avoit été nommée jusques-là montagne de Saturne, Mons Saturnius, parce que c’étoit le lieu du Latium où Saturne avoit demeuré. Elle porta aussi le nom de montagne de Tarpeïa, parce que Tarpeïa Vestale y fut assommée sous les boucliers des Sabins, auxquels elle avoit livré la citadelle de Rome, & à qui elle demandoit pour récompense les bracelets d’or ornés de pierreries qu’ils portoient au bras gauche. Il y avoit jusqu’à trente temples sur le mont Capitolin. Le plus magnifique & le plus célèbre étoit celui de Jupiter. Voyez Rofin, Antiq. L.I. c. 5. & Dempsterus dans ses Antiq. Rom.

Jupiter Capitolin, surnom qui fut donné à Jupiter, à cause du temple qu’il avoit sur le mont Capitolin. Tarquin, fils de Démaratus, & surnommé le Vieux, fit vœu de bâtir ce temple, & le commença ; Tarquin le Superbe le bâtit, & Horatius Pulvillus le dédia. Ce temple fut brûlé dans la guerre civile de Marius & de Sylla, & réparé ensuite par Q. Catulus, & dédié une seconde fois. Pline, L. III, c. 5, L. VII, c. 28, L. X, c. 22, L. XXXIII, c. 1, 3 & 12, L. XXXIV, c. 7. Suétone, in Jul. Cæs. c. 1 5. Il fut encore brûlé sous Vitellius, & réparé sous Vespasien. Dion. L. LXV. Suet. in Vesp. ch. 8. C’étoit dans ce temple de Jupiter Capitolin qu’on prêtoit le serment de fidélité aux Empereurs. Pline, L. II. c. 7, & qu’on faisoit les vœux publics. C’étoit là que ceux à qui l’honneur du triomphe étoit décerné, étoient portés dans un char, & avec tout l’appareil du triomphe & de leurs victoires ; après quoi ils faisoient un festin dans le temple de Jupiter Capitolin, ou, selon d’autres, sous les portiques du Capitole.

Les Jeux Capitolins étoient des combats institués par Camille à l’honneur de Jupiter Capitolin, en mémoire de ce que le Capitole n’avoit point été pris par les Gaulois, Tite-Live, L. V, c. 30. Plutarque, dans ses Questions Romaines, quest. 53, dit qu’une partie de la cérémonie étoit que le Crieur public mît les Sardois, c’est-à-dire, les Etruriens à l’enchère. On prenoit aussi un vieillard, à qui l’on pendoit au cou une bulle, telle qu’en portoient les enfans, & on l’exposoit à la risée publique. Festus dit qu’on l’habilloit d’une robe prétexte, & qu’on lui pendoit au cou une bulle d’or, non pas comme à un enfant, mais parce que c’étoit l’ornement des Rois d’Etrurie.

L’Empereur Domitien institua aussi des Jeux Capitolins qui se célébroient à Rome, non pas tous les ans comme ceux de Camille, mais tous les cinq ans, dans lesquels on distribuoit aux Poëtes des prix & des couronnes que l’Empereur lui-même leur mettoit sur la tête. Ces jeux Capitolins de Domitien furent si célèbres, que l’on changea dans l’Empire la coutume de compter par lustres ; & l’on compta par les jeux Capitolins, comme en Grèce par les Olympiades. Cet usage duroit encore au temps qu’écrivoit Censorinus, c’est-à-dire, vers 230, sous Gordien. La fête n’étoit pas pour les seuls Poëtes ; il y avoit aussi des combats, & des récompenses pour les Orateurs, les Comédiens, les Histrions, & les Joueurs de toutes sortes d’instrumens. On peut voir sur ces jeux & les précédens, Rosinus, Antiq. Rom. L. V. c. 18, & Godwin, Antholog. Rom. L. II. sect. 3. c. 7.

Capitolin. s. m. est aussi un surnom d’homme. Capitolinus. M. Manlius fut surnommé Capitolin, parce que pour avoir voulu se rendre maître de Rome, il fut précipité du haut du Capitole. Julius Capitolin ou Capitolinus, est un Historien qui vivoit sous Dioclétion, & qui a écrit les vies d’Antonin Pie, de Luce Vere, d’Albin, de Macrin, des deux Maximins, des trois Gordiens, de Maxime & de Balbin.

CAPITON. s. m. Ce qui reste quand on a dévidé toute la soie de la coque d’un ver, ce qu’on en peut encore tirer avec le peigne pour le filer. Bombycinum insectum, vellus bombycinum tortilis fusi expers. C’est la bourre, la partie la plus grossièère, qu’on sépare avec des cardaffes. On s’en sert à faire des lacis, les étoiles les plus comunes & de bas prix.

CAPITOUL. s. m. est le nom des premiers Magistrats de Police de Toulouse, qui ont la même fonction qu’ailleurs les Consuls ou Echevins. Consul. On dit à Toulouse.

Cil de noblesse à grand titoul,
Qui de Toulouse est Capitoul.

Ce nom a été donné à ces Officiers à cause du lieu où ils s’assembloient, qui s’appeloit le Capitole, & qui avoit le même nom & le même usage que celui de Rome.

Autrefois les Capitouls étoient pris en nombre égal du Bourg & de la Cité de Toulouse, six de l’un & six de l’autre. En 1336, la ville se trouvant plus peuplée que le Bourg, des douze Capitouls on en choisit huit de la ville, & quatre seulement du Bourg. En 1389 ou 1390, Charles VI les réduisit à quatre. En 1392, il augmenta le nombre de deux, & ils furent six ; & la même année il les augmenta encore de deux, de sorte qu’ils étoient huit. En 1400 ou 1401, il ordonna qu’ils seroient douze. Enfin en 1438, (la Faille dit en 1401) ils furent réduits à huit, comme ils sont encore à présent. Cette Charge ne dure qu’un an, & elle anoblit ; & dans plusieurs anciens Actes ils sont appelés Capitulum Nobilium Tolosæ. Ceux qui l’ont été, se qualifient aussi de Bourgeois, sont appelés à tous les conseils généraux, & ont droit d’image, c’est-à-dire, que l’année de leur administration étant faite, ils sont peints dans la Maison de Ville ; coutume qu’ils ont retenue des anciens Romains, comme on le peut voir dans Sigonius, de Antiquo Jure Civium Romanorum, L. II.

Les Capitouls sont si jaloux de ce nom, que les Consuls de Muret l’ayant pris, ils leur firent faire défense de le porter, par Sentence du Sénéchal de Toulouse, du 15e Juin 1518. Ils sont appelés dans les anciens Actes Consules Capitularii, ou Capito-lini, & leur compagnie Capitulum. C’est de-là que vient le nom de Capitularii, & de Capitoul. Celui de Capitolini vient de ce qu’ils ont la garde de la Maison de Ville, qui s’appelle Capitole, Capitolium. Voyez Catel dans son IIe L. de l’Hist. de Languedoc, & la Faille dans ses Annales de la ville de Toulouse