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jours de la semaine. Les habitans du bourg sont en partie laboureurs, artisans ou marchands en détail. Quelques bourgs sont accompagnés d’un château où demeure le Seigneur. Quelques bourgs ont été fortifiés, soit durant les guerres civiles, soit à cause du voisinage de la frontière ; mais conne en les fortifiant, on n’a rien changé à l’état des habitans, ils ont conservé le nom de bourg, au lieu que les villes dementelées sont demeurées villes, parce que les habitans ont été maintenus dans leurs droits.

La ville est un gros bourg, qui, outre la paroisse, une ou plusieurs foires annuelles, un marché toutes les semaines, a un Magistrat nommé le corps de ville, qui administre la justice de la ville, & a son ressort. Les habitans de la ville sont bourgeois, & jouissent, en vertu de leur naissance, des franchises & priviléges accordés par l’usage ou par la concession du Souverain à la ville dont ils sont bourgeois.

Le mot de Bourgade est moins distinct dans la signification, & on donne ce nom aux lieux dont on ne sçauroit dire s’ils sont villages ou bourgs, & qui sont dans un état douteux entre ces deux qualifications. Il y a peu de fiefs considérables où les Moines n’aient bâti de nouveaux bourgs, du consentement des Seigneurs ; & la fondation des Prieurés a produit cet avantage d’augmenter le nombre des habitans, & de mettre à profit beaucoup de terres incultes ; parce que ces nouveaux bourgs étoient peuplés de nouveaux habitans, & c’étoit une des premières conditions du traité que les Moines faisoient avec les Seigneur. Du reste, les Seigneurs leurs laissoient tout l’exercice de la Justice sur ces étrangers, & n’en exigeoient aucun service, ni aucune corvée, si ce n’étoit celle de travailler à la réparation des ouvrages publics, dont ils avoient l’usage, aussi-bien que les anciens habitans, comme les ponts & les chaussées. Lobineau.

Nicot & Cujas dérivent ce mot du latin pyrgus, venu du grec πύργος, ou du latin burgus. Cambden est à-peu-près de même opinion, Britan. p. 625 & 852. car il prétend que ce nom ne s’est formé que sous les derniers Empereurs, après la translation de l’Empire à Constantinople, du nom πύργος, qui signifie un petit château, un fort ; & que c’est de-là que vient le nom des Bourguignons, parce qu’ils habitoient dans ces sortes de châteaux. Mais ce mot vient de l’Allemand burg, qui est très-ancien dans cette langue, comme on voit par la terminaison de la plûpart de leurs villes. Luitprand, Liv. III. chap. 12. en parlant des Bourguignons, dit, que dans leur langue burgum signifie un amas, ou assemblage de maisons, qui n’est point renfermé de murailles. Les Allemans appeloient burger, ou Burgar, les habitans de ces sortes de lieux. Isidore, Liv. IX. ch. 4. dit Burgarii à burgis dicti. Dans Végéce le mot de burgus signifie seulement tour, ou petit château. Le sentiment le plus vraisemblable, c’est que burgus vient du mot pyrgus, πύργος ; le π se change aisément en b, & l’υ grec se change en u dans plusieurs morts qui ont passé de la langue grecque dans la latine, &c. Ou plutôt πύργος, & burg, sont le même nom. Voyez Cluvier, Germ. Ant. Liv. I. p. 110.

BOURG. Ville de France, capitale de la Bresse. On dit souvent Bourg-en-Bresse. Forum Segusianum. Tanum, Burgus. Messieurs de Mèzirias & Vaugelas, souvent cités dans ce Dictionnaire, étoient de Bourg-en-Bresse.

Bourg-sur-mer, est une autre ville de France en Guyenne, à l’embouchure de la Dordogne dans la Garonne.

Faux-bourg. Assemblage considérable de maisons attenant les portes d’une ville. Suburbium. Les villes de guerre ne doivent point avoir de faux-bourgs ; car ils favorisent les approches des ennemis.

Ce mot vient de fors & bourg, comme qui diroit hors le bourg.

On dit figurément de ceux qui approchent de quelque chose, mais qui ne sont pas dedans, qu’ils sont dans les faux-bourgs.

BOURGACHARD. Bourg de Normandie, province de France : il est dans le Roumois, pays du Diocèse de Rouen. Ce bourg a donné son nom à une réforme de Chanoines Réguliers qui a été établie en 1685, & qu’on appelle les Chanoines Réguliers de la réforme de Bourgachard. L’Auteur de cette réforme est le P. Moulin. L’origine & l’histoire de cette réforme sont fort obscures, parce que ces Chanoines gardent sur cela & sur tout ce qui les concerne un très-grand silence. On sçait seulement qu’elle a commencé au Prieuré de S. Cyr de Friardel, Doicèse de Lisieux, fondé vers l’an 1142, que quelques temps après elle passa dans l’Abbaye d’Yvernaux, proche de Brie-Comte-Robert, Diocèse de Paris. Ensuite elle passa au Prieuré de S. Lo de Bourgachard qui leur fut donné. Elle s’est fort étendue en Normandie, & a passé en quelques autres provinces. Leur habillement consiste en une soutaine noire avec une grand collet, comme celui des Chanoines Réguliers de la Congrégation de France ; sur la soutane ils ont un rochet, & lorsqu’ils sortent un manteau noir. Il vont au chœur l’été avec le même rochet sans surplus, ayant sur le bras une aumusse grise. L’hiver ils ont la chape noire avec le grand camail, comme la plupart des autres Chanoines Réguliers, avec cette différence que sous le camail d’étoffe ils ont une capuce de peau, comme leur aumusse, & que le capuchon du camail est toujours abaissé. Ils font deux ans de noviciat : la première année s’appelle l’année de postulance, pendant laquelle les postulans sont vêtus de noir, comme les Ecclésiastiques ; la seconde est véritablement celle du Noviciat ; les Novices ont une soutane blanche à boutons noir & le rochet. Dans quelques Abbayes où ils ont succédé à des Chanoines Réguliers non réformés, ils ont pris la soutane blanche, comme leurs Prédécesseurs la portoient. Ils ne sont guère établis qu’à la campagne.

Le nom de Bourgachard est devenu le leur, & dans le discours ordinaire on dit un Bourgachard, les Bourgachards, & plus ordinairement on adoucit ce mot, & l’on dit un Boucachard, les Boucachards.

BOURGANEUF. Ville de France dans la Marche, sur la rivière de Taurion, à six lieues de Limoges. Burgus novus.

☞ BOURG-ARGENTAL. (le) Petite ville de France en Forez, aux confins du haut Vivarais.

☞ BOURG-D’AULT, ou d’eau, gros bourg de France, en Picardie, Diocès d’Amiens.

☞ BOURG-D’OYSANS. Petite ville de France dans le Dauphiné, sur la Romance, capitale de la vallée d’Oysans.

☞ BOURG-LA-REINE, à deux lieues de Paris, sur le chemin d’Orléans.

☞ BOURG-LE-ROI. Ville dans le Maine, Diocèse & Election du Mans.

☞ BOURG-SUR-MER. Ville de France, en Guyenne, dans le Bourdelois, sur la Dordogne, près du bec d’Ambez.

☞ BOURG DE THYSI, ou BOURG-LE-COMTE. Petite ville de France, en Beaujolais, sur la Loire, six lieues au dessus de Roanne.

BOURG-THEROUDE, (on prononce assez communément Bou-Troude) Bourg ou village, chef-lieu d’un Doyenné rural du diocèse de Rouen, & Collégiale fondée ou rétablie en 1693. Descrip. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. II. p. 342.

BOURGADE. s. f. Diminutif de Bourg. Pagnus. Cette Comté a dix ville, trente bourgades, & quatre à cinq cens villages. Patru. Voyez Bourg.

BOURGAGE. s. m. Terme de Coutume. Ce qui est situé dans l’étendue des villes, & de la banlieue. Ce sont proprement les masures, manoirs & héritages qui sont ès bourgs, & qui sont tenus sans fief du Roi, ou d’autres Seigneurs du bourg, & qui gardent les coutumes des bourgs, & payent les rentes aux ter-