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pierre ou de plâtre traîné au calibre, laquelle dans les compartimens des murs de face, & les plafonds renferme des ornemens de sculpture.

☞ En marine, c’est un chassis formé par quatre pièces de bois mises en carré & des cordes entrelacées, sur lequel on met un matelas pour se coucher.

Cadres, terme de manufacture de papier, sont des chassis composés de quatre tringles de bois jointes par les extrémités à angles droits, & ayant un drageoir, comme les cadres des miroirs & tableaux. L’ouvrier fabricant les applique sur la forme pour lui servir de rebord & empêcher que la pâte ne tombe, quand il égoute la forme. Encyc.

CADRER. v. a. Faire un carré qui contienne précisément autant d’espace qu’un cercle, un triangle, ou autre figure. Quadrare. On n’a sû encore trouver le moyen de cadrer un cercle, une parabole, une ellipse, ou autre figure curviligne. Dans ce sens, il faut dire carrer.

Cadrer, v. n. signifie convenir, se rapporter justement à quelque chose. L’Acad. écrit quadrer. Ad, vel in aliquid quadrare, vel convenire ad. Il faut que nos actions cadrent avec nos paroles. Ces deux passages se contrarient, ils ne cadrent pas ensemble. Cette garniture ne cadre pas bien avec cet habit, n’est pas bien assortie. Sa vie ne cadre pas avec sa doctrine. Les livres ne cadrent pas bien avec le mariage. Mol. Ne cadrer ni avec Dieu, ni avec le monde. Lombert

CADRILLE. Voyez Quadrille.

CADRITES. s. m. Sorre de Religieux Mahométans. Les Cadrites ont eu pour Fondateurs un habile Philosophe & Jurisconsulte, nommé Abdul Cadri, de qui ils ont pris le nom de Cadrites. Les Cadrites vivent en Communauté, & dans des espèces de monastères, qu’on leur permet néanmoins de quitter s’ils veulent, pour se marier, à condition de porter des boutons noirs à leur veste pour se distinguer du peuple. Dans leurs monastères ils passent tous les Vendredis une bonne partie de la nuit à tourner, en se tenant tous par la main, & répétant sans cesse Hhai, c’est-à-dire, Vivant, qui est un des noms de Dieu. Pendant ce temps-là un d’eux joue de la flûte, pour les animer à cette danse extravagante. Rigaud parle des Cadrites dans son Empire Ottoman.

☞ CADROUSE ou CADOROUSSE, Voyez Cadorousse.

CADRUPLE. Voyez Quadruple.

CADUC, UQUE. adj. Il y en a qui écrivent caduque, aussi-bien pour le masculin, que pour le feminin : ce qui est mal. Qui a perdu ses forces, soit par l’âge, soit par les maladies, & qui en perd tous les jours davantage. Age caduc. Santé caduque. Quand on a passe 60 ans, on est dans un âge caduc.

Ce mot vient du Latin caducus, sujet à cheoir, de cadere.

Caduc, se dit par extension, des bâtimens qui menacent ruine. Il faut étayer une maison caduque, de peur qu’elle ne tombe.

Caduc se dit figurément. La faveur de ce Courtisan est bien diminuée ; sa fortune est fort caduque. On appelle biens caduques les biens de la terre, les biens de ce monde, par opposition aux biens du Ciel, qui durent toujours : caduc en ce sens veut dire une chose qui se détruit, qui passe, qui n’est pas de longue durée.

Caduc, en termes de Jurisprudence, se dit d’un legs, d’une institution d’héritier qui n’ont point d’effet. Ce legs est devenu caduc par la mort du légataire avant le testateur. Cette succession est devenue caduque, parce que personne ne s’est porté héritier. Il y a un titre dans le Droit, de caducis tollendis.

☞ On appelle voix caduque, celle qui par quelque raison particulière n’est point comptée dans un suffrage.

En termes de Médecine, on appelle le mal caduc, le haut mal, le mal de Saint Jean, ou l’épilepsie, morbus comitialis, sacer, major, sonticus. Voyez Épilepsie. Alexandre II. dans sa XXXVIe Epître, décide qu’un Prêtre attaqué de mal caduc ne doit point dire la Messe, jusqu’à ce qu’il soit guéri, à moins que les accès ne soient pas fréquens.

CADUAD. Voyez Cazou.

CADUCEATEUR. s. m. Caduceator. Ancien Officier de la République Romaine. Servius dit que c’étoient les Caduceateurs qui traitoient de la paix, & les Fécialiens qui dénonçoient la guerre. Vigenere sur Tile Liv. t. 1, p. 1335. On les appeloit ainsi, parce qu’ils portoient en main un caducée. Nous les nommons Hérauts : mais parce que ce nom est générique, & qu’il est quelquefois besoin de distinguer les espèces, le Caducéateur, & le Fécial ou Fécialien ; on ne doit point faire difficulté de se servir de ces mots, sur-tout dans des ouvrages d’érudition.

CADUCÉE. s. m. Verge de Mercure : c’est un bâton entortillé de deux serpens. Caduceus. Les Poëtes attribuent plusieurs vertus au Caducée de Mercure, d’endormir les hommes, de ressusciter les morts, &c. C’étoit aussi le symbole de la paix, & de la concorde. Les Romains envoyèrent aux Carthaginois une javeline & un caducée, pour choisir lequel des deux ils voudroient, ou la guerre, ou la paix. Vigenere. Apollon le donna à Mercure, qui lui avoir fait présent de la lyre.

Ce mot vient du Latin caduceum, ainsi appelé à cadendo, quia contentiones, & bella cadere facietat. Chez les Romains ceux qui dénonçoient la guerre s’appeloient Feciales ; & ceux qui alloient demander la paix s’appeloient Caduceatores. Il seroit plus à propos de faire venir ce mot du Grec κηρύκειον, qui signifie la même chose, & qui vient de κῆρυξ, un Heraut. Le caducée qui se marque sur diverses médailles, est un symbole commun : il signifie la bonne conduite, la paix & la félicité. Le bâton, marque le pouvoir ; les deux serpens, la prudence ; & les deux aîles, la diligence ; toutes qualités nécessaires pour être heureux dans les entrepris où l’on s’engage.

Caducée, se dit aussi d’un bâton couvert de velours fleurdelisé, que portent les Hérauts d’armes dans les cérémonies. Celui du Roi d’armes a une fleur de lis d’or au bout, que quelques-uns nomment sceptre.

Caducée. En Physique. Voyez Baguette divinatoire.

CADUCITÉ. s. f. État de ce qui menace ruine. Il se dit tant des hommes que des bâtimens. Res caduca, Ætas caduca, viribus defecta, infirmitas. La mort qui prévient la caducité arrive plus à propos, que celle qui la termine. La Bruy.

☞ Les Encyclopédistes font une observation sur le mot caducité que je crois fausse. Caducité, disent-ils, état d’une personne caduque. On dit cette personnes approche de la caducité ; d’où l’on voit que la caducité se prend pour l’extrême vieillesse ; mais il n’en est pas de même de caduc : on dit d’un jeune homme qu’il est caduc, & d’un vieillard qu’il ne l’est pas.

☞ Il n’est pas vrai que le mot de caducité, même dans l’exemple cité, signifie extrême vieillesse. Là, comme ailleurs, il désigne l’état d’un homme caduc, qui menace ruine, qui a perdu de ses forces, & qui en perd tous les jours davantage. Or on est caduc à tout âge. On dit d’un jeune homme qu’il est caduc ; & l’on dit d’un vieillard qu’il ne lest pas. Ainsi le mot de caducité ne signifie jamais essentiellement une extrême vieillesse. Si le mot de caducité convient ordinairement à l’extrême vieillesse, qu’il ne renferme pourtant pas dans son idée, c’est qu’en général, c’est le temps où l’on est

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