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BUL

rieuses sur les Bulles des Papes dans leur Propilæum du mois de Mai, & dans des Paralipomena, ou additions qui se trouvent communément à la fin du VIIe Tome des Acta SS. du même mois. 1o . Innocent V, dans une Bulle, qu’il donna aussi-tôt qu’il fut élu, & avant sa consécration, ne met point son nom, mais seulement Electus, Episcopus, servus servorum Dei, & il dit que c’est la coutume, & que tous ses prédécesseurs en ont ainsi usé. 2o . Dans une Bulle que Martin Ve donna le jour même de son élection, quoiqu’il ne fût encore ni Evêque, ni même Prêtre, il prend le titre d’Evêque, mais sel, & sans mettre electus, comme Innocent V, & il met son nom. Martinus Episcopus, servus servorum Dei. 3o . Depuis 800 ans le sceau des Bulles est de plomb, & représente S. Pierre & S. Paul, & ils montrent qu’on n’en peut tirer aucun avantage pour l’opinion des deux chefs ex æquo. Ce n’est point Adrien IV, qui en 1553 a commencé d’y mettre les images de ces deux Apôtres. Victorellus a cru que Jean premier étoit celui qui avoit commencé à apposer aux Bulles un sceau de plomb, sur lequel fut son nom. Le P. Mabillon n’a osé remonter plus haut que Jean IV. Les Bollandistes soutiennent que si on compare les deux sceaux, sur lesquels Victorellus se fonde avec les Bulles indubitables d’Adrien I, de Paschal I, de Nicolas I, on trouvera que ces sceaux sont du même siècle, c’est-à-dire, du IXe, & par conséquent de Jean VIIIe. 4o . Au VIIIe siècle le sceau fut carré, & con caractère barbare. 5o . Le P. Mabillon, De Re diplom. L, II, C, 14, dit qu’il a vu des privilèges de Jean IV, & de Segius I, avec chacun une Bulle, ou sceau de plomb, ce qui montre, selon lui, que Polydore Virgile s’est trompé, de rapporter le commencement de cet usage à Etienne IIIe & Adrien Ie. Domitius Raynaldus prétend qu’il est bien plus ancien, & cite une Bulle de plomb de S. Silvestre, & d’autres de Léon I, & de S. Grégoire le Grand ; mais quand cela seroit vrai de S. Grégoire, il ne peut l’être de S. Silvestre, ni même de S. Léon. 6o . Jusqu’à Jean XIIIe, il n’y a sur la Bulle, ou sur le sceau, que le nom du Pape. 7o . Dans le XIe siècle on y innova bien des choses. On commença à y marquer l’année de l’Incarnation ; & selon le P. Mabillon, ce fut Léon IXe qui introduisit cet usage, parce qu’il étoit de la famille de Empereurs de Germanie qui l’observoient ; qu’il avoit été Evêque de Toulon où cet usage se gardoit, & qu’il avoit pour Secrétaire le Doyen de Toul qui y étoit accoutumé ; Ciaconius a cru qu’on n’avoit commencé que sous Eugène IV. Au reste, par année de l’Incarnation, il faut entendre de la Nativité de Jésus-Christ. On changea aussi le commencement de l’indiction & du mois de septembre, on le recula jusqu’à Noël. 8o . Au même siècle, ou sous le même Léon IXe, commença l’usage de faire souscrire des témoins aux Bulles des Papes ; ce qui ne se faisoit auparavant que lorsque ces sortes de lettres se signoient dans un Concile, & qui commença alors à l’occasion d’un Concile tenu à Metz, où quelques Evêques du Concile étoient encore, quand Léon donna le privilège où cela s’est fait la première fois. 9o . Le même Pape est celui qui exprima le premier par un monogramme la formule Bene valete, par laquelle on finissoit les Bulles, au moins depuis Charlemagne. 10o . Enfin, ce fut au même temps que les Papes commencerent à prendre des sentences, à les mettre sur leur sceau, à y graver des croix, & plusieurs autres choses emblématiques. Voyez Ciaconius, le P. Mabillon aux endroit cités, & les Acta Sanctor. Propylæum Maii, p. 99 & 190 & Parapolim. pag. 33, 48, 59, 87, 105, 112. De Hauteserre, De Duc. & Comit. Prov. L, III, c. 4, dit que les Papes se servent d’une Bulle ou sceau de plomb pour marquer leur mépris pour l’or & l’argent.

Bulle d’or, est une ordonnance ou réglement fait par Charles IV, Empereur en l’an 1356. On dit que ce fut le célèbre Jurisconsulte Bartole qui la dressa. C’est une loi fondamentale dans l’Empire. Avant ce temps-là les cérémonies, & la forme de l’élection des Empereurs étoient douteuses & incertaines ; & le nombre des Electeurs n’étoit point fixé. Cet Edit solennel règle les fonctions, les droits, les privilèges & les prééminences des Electeurs. L’original, qui est latin, & écrit sur du vélin, est gardé à Francfort, relié in-4o . en parchemin rouge. Au dos du livre sont passés plusieurs lacs de soie noire & jaune, au bout desquels pend un sceau d’or. On l’appelle par excellence Bulle d’or, parce que les Empereurs d’Orient faisoient autrefois sceller leurs Edits d’un sceau d’or, qu’on appeloit bulle. Cette ordonnance, qui contient 30 articles, fut approuvée par tous les Princes de l’Empire, & s’observe encore aujourd’hui. L’élection se faisoit par sept Electeurs ; trois Ecclésiastiques, les Archevêques de Maience, Trèves & Cologne ; & quatre Séculiers, le Roi de Bohème, le Comte Palatin, le Duc de Saxe, le Marquis de Brandebourg ; & par la Bulle d’or, le Comte Palatin marchoit après le Roi de Bohème ; mais il fut dépouillé de son Electorat en 1623. Le Duc de Bavière fut mis en sa place. Le Comte Palatin a été rétabli en 1648, par la paix de Munster : ainsi il est le huitième Electeur ; & en 1692, l’on a érigé un neuvième Electorat en faveur de la Maison de Lunebourg. Henri Gunther Thulemarius a fait des traités, De Bullis ; De Bulla Aurea Caroli V, Bulla Andronici Imper. &c. C’est un in-fol. imprimé à Francfort en 1697.

Les Bulles d’or ont été en usage chez les Empereurs d’Orient dès le temps de Louis le Débonnaire : on s’en servoit dans les actes de grande conséquence, comme en la concession des privilèges des Eglises. Aux autres occasions ils se servoient de plomb, ou de cire. Voyez sur les Bulles d’or des Empereurs, Zonatas in Theophilo, Cedrénus in Constantino Monomach. Nicetas in Mannel, Comn. L, I, Phrances, L, III, C, Leo Ostiensis Chron. Caff. C. 22 & C. 67. Curopalates de Offic. magni Logoth. & de Hauteserre, Duc. & Com. Prov. L. 3, C, 4 & dans ses notes sur Anastase, p. 160, Spelmanus fait mention d’une Bulle d’or dans un traité d’alliance fait entre le Roi François I, & Henri VIII, Roi d’Angleterre. Il y en a plusieurs autres exemples dans Du Cange & dans de Hauteserre, De Duc. & Comt. Prov. L. III, C 4, où il montre que les Rois se donnerent aussi ce droit.

Bulle. Terme de physique. Les Physiciens se servent de ce nom pour exprimer ces petits globules, ces petites bouteilles pleines d’air qui se forment sur l’eau. Bulla. Voyez au mot Bouteilles d’eau la formation de ces Bulles. On attribue la conformation de la pierre ponce spumeuse, qui paroît composée de brins de verre qui la rend transparente & friable, aux bulles de l’écume de la mer, dont la superficie composée de particules salines se coagule, se cristallise dans les cavernes où ces bulles sont poussées par les vents. Dans le niveau d’air il y a une bulle qui détermine le niveau. Ce niveau est un tube de verre rempli d’eau, à la réserve d’une petite portion qui produit la bulle. Cette bulle est extraordinairement mobile : & lorsque le niveau est couché horizontalement, & qu’elle s’arrête justement au milieu, on peut dire que cet instrument donne un niveau dans sa juste précision. Les enfans s’amusent à faire des bulles de savon.

Bulle, a aussi signifié des cloux à tête dorée, & des bossettes qu’on mettoit aux brides & harnois des chevaux ; mais sur-tout il signifioit les sceaux attachés aux patentes & lettres des Princes, & les matrices dont on se servoit pour les former, à cause qu’ils ressembloient en quelque façon à ces bouteilles, ou à ces têtes de cloux.

Bulle, Vieux mot. Arbre naissant dans des lieux humides. Arbor palustris, in locis palustribus succrescens. Des bulles, qui sont des arbres naissans dans des lieux humides, s’est fait le nom de lieu Bully. Huet. Antiq. de Caën.