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BUL

parmi les lunaria quelques plantes qu’on nommoit anciennement Alvsson.

BULGAR, ou BOLGAR. Royaume de la Tartarie Moscovite. Bulgaria. Il est le long du bord oriental du Volga, ayant au nord le Royaume de Cazan, au sud celui d’Astraca, au levant le Pascatir, & les Tartares Kalmouck. Maty. On croit que les Tartares de Bulgar sont les restes des Orgases, peuples de la Scythie, qui se jeterent avec les Alains sur les terres de l’Empire. Les Tartares de Bulgar sont soumis aux Moscovites, depuis le Czar Jean Vasile qui les assujettit. Ils logent sous des tentes de peaux, dont ils forment des hordes, ou villages qu’ils transportent d’un lieu en un autre selon le besoin. Voyez Audiffret, Davity, Corneille, Maty, Baudrand.

BULGARE. s. m. & f. Bulgarus, a. Nom d’un peuple d’Europe qui habitoit dans la Mœsie inférieure, sur le bord du Danube ; mais bien des gens prétendent qu’ils étoient venus de plus loin, qu’ils étoient originairement Scythes ; que leur nom, ainsi que Volaterran l’a cru, vient de celui du Volga, des rives duquel ces peuples partirent l’an 499, & vinrent s’établir dans l’ancienne Mœsie, qu’ils enleverent aux Empereurs Romains, & à laquelle ils donnerent le nom de Bulgarie, qu’elle a toujours gardé depuis. D’autres disent que c’étoit une branche des Gétes & des Gépides. Il est néanmoins plus probable que les Bulgares sont Scythes ; qu’eux & les Turcs ont tiré leur origine du Royaume de Bulgar, ou Bolgal, dont nous avons palré ; & la preuve est, outre la ressemblance parfaite du nom ; qu’ils ont la même langue, les mêmes mœurs, & la même manière de combattre. Cela confirme l’étymologie de Volaterran. Quoi qu’il en soit, l’an 500 ils étoient établis dans la Mœsie, & ils firent cette année-là un traité de paix avec l’Empereur Anastase. Quoique Telerich leur Roi eut embrassé la foi dès 779 & Boger en 845 les Bulgares ne se firent Chrétiens qu’en 970.

Les Bulgares donnerent dans la suite dans les erreurs monstrueuses, & dans toutes les abominations des Manichéens, qu’ils répandirent même dans bien des endroits de l’Europe & jusqu’en France, où on les appela communément Albigeois, ainsi que nous l’avons dit sur ce mot. De-là vient que dans bien des Auteurs depuis le XIIe siécle. Bulgare, ou Bugare, est un nom de secte, qui signifie la même chose que Manichée, ; & que la manichéisme s’appelle l’hérésie des Bulgares. On voit en effet dans Matthieu Paris à l’an 1223 que les Bulgares avoient un Pontife qui demeuroit en Bulgarie, aux environs de la Croatie & de la Dalamatie, proche de Hongrie, & que les Algigeois vrais manichéens alloient le consulter, & recevoir ses décisions. Ce fut au IXe siécle, vers l’an 871, que les Manichéens ou Pauliciens d’Arménie envoyerent de Tibrique ou Téfrique leur capitale, des prédicateurs en Bulgarie, pour séduire ces peuples nouvellement convertis. Ils y réussirent, l’hérésie des Manichéens s’insinua & s’établit en Bulgarie, y jeta de profondes racines, & de-là s’étendit dans le reste de l’Europe.

Leurs crimes détestables firent encore que leur nom devint un nom odieux, un nom de débauche, de sorte que Bulgare, ou, comme on trouve dans quelques Auteurs, Bugare signifie un Sodomite, un Crenobatre, & un usurier, parce qu’ils se livroient à tous ces vices. Malgré tout cela les Protestans reconnoissent les Bulgares pour leurs peres, & n’ont point de honte de prouver par eux la succession prétendue de leur église. Quelques relations disent Bulgariens, mais mal ; l’usage est pour Bulgare.

BULGARIE. Pays qu’ont occupé les Bulgares, & auquel ils ont donné leur nom. Bulgaria. Ce pays étoit une partie de la Mœsie inférieure, comme nous avons dit. Aujourd’hui la Bulgarie, est une province de Turquie en Europe, qui a pour bornes au nord la Valaquie, à l’occident la Servie, au midi la Macédoine, & la Thrace en partie ; & à l’orient le Pont-EUxin & la même Thrace. Sophie est la capitale de la Bulgarie. La Bulgarie a eu ses Rois, & titre de Royaume, qui fut subjugué par les Rois de Hongrie, auxquels les Turcs l’ont enlevé.

☞ BULGOLDA, pierre qu’on trouve dans la tête d’un animal de même nom, à laquelle les Indiens attribuent les mêmes propriétés qu’au Bezoar. On la dit fort rare. Ferdin. Lopez. Hist. des Indes.

☞ BULIMIE. Voyez Boulimie.

BULITHE. s. m. Pierre que l’on trouve non-seulement dans la vésicule du fiel, mais encore dans les reins & dans la vessie du bœuf. Aristote paroît donc s’être trompé, lorsqu’il a avancé, Sect. 10 Prov. 42, que l’homme est le seul animal sujet à la pierre. Βούλιθος, de βοῦς, bœuf, & λίθος pierre. Dict. de James.

BULLAIRE, s. m. est un recueil de plusieurs bulles des Papes, ramassées d’abord en trois volumes par Cherubin : il compose aujourd’hui dix volumes.

☞ BULLE. s. f. Bulla. C’étoit autrefois un ornement des habits que l’on donnoit aux enfans de qualité. Tarquin l’ancien, suivant Pline, fut le premier qui donna une bulle d’Or à son fils, qui n’ayant encore que 14 ans, tua un ennemi dans un combat contre les Sabins. Il remarque pourtant que quelques-uns prétendent qu’avant ce tems-là Romulus en avoit donné au fils d’Hostus, le premier né des filles Sabines, après leur elevement, qui fut depuis appelé Tullus Hostilius. Cet ornement étoit ou rond, ou en forme de cœur, & on le portoit sur la poitrine. Il avoit été en usage chez les Egyptiens, & il n’y avoit chez les Romains que les fils des Magistrats Curules qui le portassent. Ils le prenoient à 14 ans, & le quittoient à 15. Quoiqu’il n’y eut que les enfans des Magistrats Curules qui eussent droit de porter la bulle d’Or, ceux qui recevoient les honneurs du triomphe prenoient aussi cet ornement. Bulla gestamen erat triumphantium, quam in triumpho præ se gerebant, dit Macrobe. Mais cette bulle étoit plus grande que celle des enfans. La grande vestale en portoit par distinction, & les Dames Romaines comme parure.

☞ On étendoit ce nom de bulle à plusieurs autres ornemens de la même figure, que l’on mettoit, ou sur les habits, ou sur les armes, ou sur les portiques : on le donnoit encore aux tables exposées en public, sur lesquelles on marquoit les jours de fête.

☞ Dans les siècles suivans on a donné le nom de bulles aux actes des Princes, qui étoient scellés d’un sceau d’or, d’argent, ou de plomb, soit à cause que ce sceau étoit semblable aux bulles anciennes que portoient les enfans, soit par allusion à ces tables exposées en public, dont nous venons de parler. Il convenoit particulièrement aux ordonnances des Princes qui concernoient le bien public, parce qu’elles étoient patentes & seulement scellées, au-lieu que les lettres qui regardoient les particuliers étoient fermées & signées.

☞ Ce nom de bulle a été long-temps propre aux édits des Princes, & a depuis passé aux concordats faits entre les Souverains, autorisés par leur sceau. C’est ainsi qu’on appelle encore l’édit donné par l’Empereur Charles IV, pour régler les droits de l’Empire, la bulle d’Or : mais dans les derniers temps ce nom est devenu particulier aux décrets solennels des Papes, que l’on nomme communément bulles, parce qu’elles ont un sceau de plomb (il étoit quelquefois anciennement d’or.)

Bulle. Expédition de lettres en Chancellerie Romaine, scellée en plomb, qui répondent aux édits, lettres-patentes, & provisions des Princes séculiers. Pontificiæ Litteræ, Pontificium Diploma, vulgò Bulla. Si les bulles sont lettres gracieuses, le plomb est pendant en lacs de soie ; & si ce sont lettres de justice, & exécutoires, le plomb est pendant à une cordelle de chanvre. Les Jubilés s’octroient par bulles. On ne sacre point les Evêques qu’ils n’aient leurs bulles. En Espagne on expédie des bulles pour toutes